La nouvelle tomba comme un couperet

Je m’efforçais de ne pas croiser son regard car il ne faisait que perturber le mien. Je restai donc là, la tête penchée, à fixer mes chaussures. J’étais triste, c’est le mot. Triste et surtout terriblement déçu, il m’avait déçu et c’est ça qui me rendait encore plus mal. Lui, l’homme que j’avais appris à connaître un petit peu plus, chaque jour et qui jusqu’alors avait toujours su répondre à mes attentes. A chaque fois que je le voyais, il n’osait jamais me contrarier sans pour autant me mentir. Il était toujours franc et c’est ça que j’aimais chez lui, il disait ce qu’il pensait et moi, je croyais ce qu’il disait. Cet homme était devenu au fil du temps, presque tout pour moi, je le voyais presque tous les jours et il essayait d’être de bonne humeur avec moi. C’était vraiment un type charmant, drôle et aimable. Jamais je n’aurais pensé qu’il allait pouvoir me trahir comme ce matin, un matin tout à fait banal qui plus est. Mais s’en était trop, et l’air qu’il prit comme si il ne comprenait pas ma réaction me déplaisait encore plus. Il faisait comme si il ne s’avait pas, mais IL savait. Souvent lorsque l’on rencontre des gens que l’on croit de confiance, lorsqu’on s’attache à eux et qu’on ne vit presque que par et pour eux, c’est ce moment là qu’ils choisissent pour vous planter un couteau dans le dos. Celui qu’il m’avait enfoncé me faisait mal, me provoquait une douleur que je n’avais jamais ressenti auparavant ; lui qui m’avait presque tout donné. J’avais été heureuse et comblée à ses côtés, j’étais à présent désemparée devant lui, sans pouvoir dire un mot. Il était devenu en quelque instant un bourreau que je n’aurais pu deviner, lui l’homme de tous mes plaisirs. Il venait de m’annoncer une chose que je n’osais admettre et qui me fit tressaillir, une chose qui m’était inconcevable. Ben, car c’est son petit nom, venait de m’annoncer qu’il n’y avait plus de jeans en taille 36 dans sa boutique, et ça, c’était horrible pour moi.

3 derniers commentaires sur le poème