#9

Indian Fog

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18/06/08 à 02:25

Il faut que je vous raconte un truc les amis,
C'était un soir, dans ce vieux bar merdique sur la trente-septième.
Y'avait des pauvres gars partout, ivre morts.
J'imagine qu'il y avait assez de bouteilles au mètre carré pour en couvrir la lune,
Et assez de mégots au sol pour brûler à tout jamais nos âmes damnées.

Et pis y'avait ce vieux black, à la peau déchirée et aux accents pittoresques,
Et il nous parlait ! Il nous parlait !
Il avait tout vu, disait-il,
Il avait fait la guerre, il avait fait l'amour
Il avait même tué un homme, parce que c'était comme ça là-bas.
Les us et couumes changent avec les hommes,
changent avec les villes,
passent avec le temps,
Mais les images restent. Ouais, elles restent.

Il avait appris, disait-il, qu'ici rien n'est réel
Puisque tout n'est qu'un test.
Il est inscrit aux dernières lignes de nos gènes que nous sommes enfants du hasard,
Fils de personne, juste un grand foutoir.
Je n'osais croire ce mec qui avait tout vu, tout entendu
Mais il me semblait que oui, nous étions hasard et bazar.
Dehors, on nous mesure à nos performances,
Ici nous jugeons nos consciences,
Alors allons-y les gars, soûlons-nous encore.
soûlons-nous encore.

Et le grand black a continué,
Il disait qu'il faut penser pour exister
Et vivre pour voyager.
Moi je pense donc j'existe, ou plutôt je subsiste,
Mais qu'en est-il des autres qui en pensant faiblissent ?
Il y avait des vibrations black cette nuit-là, et un esprit fraternel
Pour nous rappeler que quoi qu'on fasse, qu'on tente,
Tout finira.

Puis le grand black a dit que dans l'inutilité il fallait profiter,
Jouir de nos cécités mentales et fuir la superficialité.
Trois heures durant, le black parla, psalmodia,
Trois heures durant le black profita.
Alors soûlons-nous encore, comme si c'était la dernière fois
Soûlons-nous encore.

Plus rien ne brûle ! Même l'enfer s'est arrêté
puisqu'il n'y a d'enfer que pour qui y croit.
Seules les images sont éternelles.
Seules les images sont éternelles.