[ Un texte sûrement très banal, mais qui raconte bien ce que j'ai ressenti . ]
Les douze coups du théâtre n’avaient pas retenti que nous étions déjà là. Prêts à tout, sans vraiment le savoir. Vibrant déjà de tous les rires, des quelques larmes, du stress. Toute cette exaltation en un an, toutes ces choses à se dire, à se chuchoter où à s’hurler au visage, et nous n’en savions rien.
Nous étions là, innocents et novices dans cet art sans nom dans lequel nous excellons maintenant.
Il y a eu tant de choses, plaisantes ou non, ces choses que chacun a connu, à sa façon, ces choses de la vie de tous les jours. Le réveil le matin, la bise devant le lycée, la cigarette qu’on termine et qu’on écrase sur les marches, la sonnerie qui sonne. On sera en retard. Mais un sourire, un « désolé » et on rentre en classe.
Et puis les cours, ennuyeux ou passionnants, drôles ou banals. Selon les jours, selon l’humeur.
Les amitiés qui se créent, les regards qui s’apprivoisent, les groupes qui se forment. C’est ça, une classe. Ça l’a toujours été.
Mais plus que tout cela, il y a ce qui nous est propre. Ce que seuls nous pouvons nommer ou désigner. Des contraintes communes, des horaires qu’on partage, des profs bien sûr. On s’échange un mot en cour, un trait d’humour, un rappel, peu importe. On se retourne vers le voisin de derrière, on lui demande une colle. Qu’il n’a pas. Lui non plus. Le premier rang est vide, le prof s’assoit sur ses tables. Le deuxième rang prend des notes. Le tout dernier bavarde, s’échange les dernières nouvelles, lit l’horoscope du jour. Quelqu’un dans la classe qui veut écouter, n’y arrive pas, s’écrit « CHUT ! », alors tout le monde se tait. Et pendant une seconde éternelle, se concentre et note.
Il y a des rendez-vous dont on se souvient, « 16 heures Pasteur », il y a des cafés dont on connaît chaque table, chaque chaise, les prix par cœur. Où on a passé les heures de trou, les heures de sèche, à rire pendant des heures, hystériques, à se faire réprimander. « Vous n’êtes pas tout seul. » Et pourtant, il semblerait que si, il semblerait qu’il n’y a plus que nous au monde.
Des couples se forment et se déforment, et les bouches commères se moquent, aux oreilles excitées.
Mais tout va bien. Les notes suivent ou ne suivent pas, on se soutient, on est là pour ça. On se prête les exercices, on râle parfois, que ce soit toujours les mêmes qui travaillent pour les autres. Mais au fond, c’est comme ça que ça marche. Alors on rit. Comme d’habitude. Parce qu’on ne fait que ça. Rire, rire et rire encore, pour rien, pour tout, pour des choses qui dans un autre contexte, avec d’autres personnes, nous auraient simplement fait lever un sourcil.
On se retrouve le samedi soir, dans ces soirées éparpillées, où chacun se découvre un peu différent. On danse, on apprivoise des chansons, qui seront nos chansons, toute l’année. On boit. Et on s’agace mutuellement, un peu. Mais ça crée des souvenirs, des commérages. Et le lendemain, on s’appelle, on critique, on juge. Et puis le lundi matin, on se retrouve, un peu changés, mais finalement bien plus soudés.
Et à la fin, il y a toutes ces chansons, toutes ces répliques, tous ces lieux, tous ces souvenirs qui ne sont qu’à nous, que d’autres saliront bien sûr, mais sans y rien comprendre.
La fin de l’année est si dure. On se rend compte de ce qu’on n’avait pas compris. Que quand même, « nous », c’était quelque chose, et quelque chose d’important. Alors on reconnaît les visages, on leur sourit, on s’excuse, sans se le dire. On regrette. Et puis, puisqu’il le faut, on vit. Un peu plus fort le dernier soir. On s’embrasse, on se serre, c’est dommage que ce soit fini.
Mais on se reverra bientôt. Lundi même. Salle 175, pour passer le bac.
A nous, à cette année. (texte) |
1/13 |
14/06/2008 à 13:45 |
Magnifique, j'adore. Moi qui suis très nostalgique, c'est super émouvant. L'année prochaine s'est lycée pour moi & sa rend la chose encore plus dure. Classe de cons, notre classe, ma classe. Nous, les 3ème5. Tous ces gens que je ne reverrais plus, ce collège aux murs tremblants. Putain, tous séparé, tous un pincement au cœur.
A nous, à cette année. (texte) |
2/13 |
14/06/2008 à 13:47 |
j'aime
trsè bien écrit
A nous, à cette année. (texte) |
3/13 |
14/06/2008 à 13:47 |
Ca me rappelle cette année, mon année de première.
Encore mieux que la seconde, une année magnifique !
Très joli texte .
A nous, à cette année. (texte) |
4/13 |
14/06/2008 à 13:48 |
C'est triste
A nous, à cette année. (texte) |
5/13 |
14/06/2008 à 14:54 |
J'adore, on se reconnait vraiment
A nous, à cette année. (texte) |
6/13 |
14/06/2008 à 15:25 |
Mouais, j'accroche pas.
Sinon, y'a un joli pléonasme au début du texte : «la sonnerie qui sonne». Ne ferais-tu mieux pas de dire «retentit» ?
A nous, à cette année. (texte) |
7/13 |
14/06/2008 à 16:24 |
Merci beaucoup tout le monde pour vos avis !
Et oui en effet Frosties, j'ai pas fait attention !
(je peux plus modifier ici mais j'ai pris note
)
A nous, à cette année. (texte) |
8/13 |
14/06/2008 à 17:30 |
On s'y reconnaît plus ou moins, et ça rappelle de bons moments
j'ai vraiment aimé ton texte .
A nous, à cette année. (texte) |
9/13 |
14/06/2008 à 18:46 |
Merci à toi
A nous, à cette année. (texte) |
10/13 |
14/06/2008 à 21:09 |
Une année joliment décrite, bravo.
A nous, à cette année. (texte) |
11/13 |
15/06/2008 à 11:55 |
Merci beaucoup Sixties !
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18/06/2008 à 20:02 |
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13/13 |
18/06/2008 à 20:20 |
j'étais nostalgique de mon collège, et je suis déjà nostalgique du lycée...
et puis la nostalgie de la fac me gagnera je l'espère!