"Casse toi de là salope [...]"

Cap de tout lire ? =p


- Casse toi de là salope, et fais moi d’l’air.
Pour la dixième fois de la journée, Katy venait de demander à Morgane si elles rentreraient ensemble le soir.

Cela faisait… Katy ne comptait même plus les jours. Ni les mois d’ailleurs. Un jour Morgane était devenue une autre fille, elle avait changé d’amies et passait le plus clair de son temps à se payer la tête de Katy qui, elle, espérait secrètement que tout s’arrangerait. Elle regardait son amie, plus avec dégoût qu’envie, se déhancher devant les garçons, se tartiner la figure avec le plus de maquillage possible, devenir insolente, se croire irrésistible et se permettre de l’insulter, comme s’il n’y avait rien eu pendant ces 7 dernières années qu’elles avaient partagées. Ses « copines » étaient pire qu’elle : elles crachaient, buvaient, fumaient, volaient, et tout le monde savaient ce qu’elles faisaient, lorsqu’elles emmenaient des garçons enthousiastes dans les toilettes du gymnase. Katy savait que sa douce meilleure amie allait bientôt faire la même chose.

Morgane avait toujours envié, Katy ne savait pour quelles raisons, ces harpies qui passaient leur temps à se pavaner et à critiquer le monde. Alors c’était tout à fait compréhensible que Morgane ait sauté sur l’occasion lorsque ces filles lui ont proposé de faire partie de leur groupe en rejetant, bien entendu, toute autre personne. Dont Katy. Ce qui n’avait pas gêné le moins du monde Morgane qui était parfaitement heureuse sans elle.
Et pourtant, pourtant…
Katy ne voulait pas que ça se termine comme ça.

Elle avait toujours été là pour son amie. Toujours. Dès qu’elle avait des ennuis, Katy était là pour elle. Katy se ridiculisait pour la faire rire, ou même juste sourire. Lorsqu’elles dormaient l’une chez l’autre, elle aimait resté éveillée la nuit pour l’écouter respirer paisiblement. Elles aimaient faire leurs devoirs, leurs exposés ensemble. Elles partageaient vraiment tout. Quand elles étaient petites, elles partageaient même leur amoureux.
Mais tout ça faisait dorénavant parti du passé.

Au lieu de faire de nouvelles connaissances, Katy restaient dans un coin à regarder sa plus chère amie rire avec d’autre, elle regardait sa chevelure blonde onduler selon ses pas, elle la regardait marcher avec ces ridicules talons aiguilles et elle la regardait draguer les garçons les plus idiots qu’il n’avait jamais existé sur Terre.

Katy avait perdu plus de 10 kilos et, à part sa famille, tout le monde s’en fichait, à commencer par Morgane. Avant, si elle avait perdu rien qu’un petit kilo, sa meilleure amie l’aurait remarqué tout de suite, lui aurait fait la morale et lui répétant sans cesse qu’elle était bien assez mince comme ça et que les gens devaient l’aimer comme elle, elle l’aimait.
A ces pensées, ses yeux se remplirent de larmes. Non, il ne fallait pas que cette magnifique histoire se termine comme ça.
Katy se refusait d’être heureuse sans son amie.

Mais ce fut ce soir-là que Morgane la frappa pour la première fois.
Dans une rue qu’elles prenaient habituellement pour rentrer ensemble, Morgane l’attendait. Morgane qui avait fait l’école buissonnière pour la énième fois. La joie de la voir enfin sans ces harpies ne fut que de courte durée. Morgane la plaqua contre un mur :
- T’arrête de me faire chier à longueur de journée ? T’es vraiment bouchée ma fille ! Tu veux que je te dise ? Rien à foutre que tu puisses souffrir. T’as qu’à te tuer si ça peut mettre fin à tes souffrances. J’en ai ras le cul de tes questions à la con ! Non j’voudrais jamais rentrer avec toi, ni manger avec toi, ni sortir avec toi le week-end, faut te faire une raison ma p’tite ! Alors maintenant t’arrête de me faire chier !

Et Morgane se mit à la frapper, lui donnant des coups de poings dans le ventre et sur le visage, et elle lui planta ses talons dans les pieds. Katy en sentit même ses os craquer.
Mais elle ne disait rien. Elle attendit sagement que ça passe, en essayant de cacher ses gémissements.

Lorsque son amie en eut assez, elle lui cracha dessus et partit, laissant Katy griffée, pleine de bleus et les pieds extrêmement douloureux. Le soir Katy annonça en riant à ses parents qu’elle était tombée par terre et qu’elle n’avait pas eu le temps de se retenir.

Mais le lendemain, en la voyant, les « copines » de Morgane éclatèrent de rire, en la bousculant. L’histoire fit le tour du bahut et tout le monde la regardait soit en riant, soit avec de la pitié plein les yeux. Katy était humiliée. Humiliée par sa meilleure amie.

Des choses de se genre se reproduisirent plusieurs fois depuis. Morgane allait même jusqu’à écraser ses clopes sur les bras de Katy, qui elle ne disait rien à personne et cachait ses cicatrices sous des pulls, même en pleine chaleur. Et puis elle priait… Elle priait tous les soirs le visage couvert de larmes. Et elle priait pour que sa prière soit réalisée.

Mais un beau jour, tout bascula.
Un soir en sortant de la danse, où elle s’exerçait depuis plus de 9 ans, Morgane avait essayait cette merveilleuse substance que Samantha lui avait donnée. Morgane riait pour rien et essayait de se concentrer pour savoir où elle habitait. Mais la route était plus proche que prévue, et la voiture allait plus vite que prévue aussi...

Le lendemain, Katy s’assit à un bureau. La place à côté d’elle était depuis longtemps vide et Katy ne s’y était toujours pas habituée. Elle sentit leur professeur de français gêné.
- Nous avons appris une terrible nouvelle ce matin… En tant que camarades, je crois que vous devriez le savoir. Morgane a eut un grave accident hier soir et…
Le professeur s’éclaircit la voix et Katy attendait la suite en retenant sa respiration, le cœur battant.
- Et… elle est à l’hôpital. Les médecins disent que son cas est assez critique. Je n’en sais pas plus malheureusement.
Il indiqua à quel hôpital elle était, pour que ceux qui veulent, puissent aller la voir. Puis il commença son cours malgré le chahut qui s’élevait dans la classe.

Katy en était bouleversée.
Dès la fin des cours, elle prit le premier bus en direction de l’hôpital et, avec le plus grand calme, demanda à l’accueil le numéro de la chambre. La femme de l’accueil lui dit que son amie n’était pas en état de recevoir quelqu’un et Katy devait revenir d’ici quelques jours.

Le lendemain, Katy y retourna. Même réponse.
Le surlendemain, elle y retourna.
Trois jours plus tard, elle revint de nouveau. On lui indiqua la chambre.

Katy ouvrit doucement la porte.
Sa douce amie était paisiblement allongée sur le lit et la machine bipait son rythme cardiaque, comme dans les films. Morgane était paralysée. Enfin… une grande partie de son corps du moins. Et son cœur ne tenait en vie qu’artificiellement.
Katy s’approcha d’elle. Elle lui rappelait tellement la Morgane qu’elle avait connu, qu’elle ne put s’empêcher de lui déposer un bisou sur chaque paupière avant de sortir et de fermer la porte derrière elle.

Les jours suivant furent semblables. Et Katy s’arrangeait pour que jamais Morgane ne sache qu’elle venait.

Mais une semaine plus tard, lorsque Katy s’avançait de nouveau dans cette pièce, Morgane ouvrit les yeux et la vit. Alors comme si rien n’était, Katy s’assit sur une chaise à côté du lit :
- Bonjour ma chérie ! Tu as bien dormis ? C’était vraiment une journée nulle aujourd’hui sans toi. Maxime est encore passé au tableau, et comme d’habitude, il n’avait rien appris. C’est toujours aussi exaspèrent. Et tu sais ce que Sandra m’a apprit ?...

Au fur et à mesure que Katy parlait, les larmes remplirent les yeux de Morgane. Et celle-ci fit une tentative désespérée pour parler :
- M…èrr…mè…rr…si.
- Merci ? Mais merci pour quoi ? C’est normal que je te raconte ma journée : entre meilleure amie, on a toujours fait ça non ?
Les larmes roulaient à présent sur les joues de Morgane.
Katy s’allongea à côté d’elle.
- Tu sais que je ne t’ai jamais oublié moi ?

Les jours suivant, Katy fit pareil. Elle vint, déposa un bisou en venant et un en partant sur les joues de son amie, et entre-temps, elle raconta sa journée en souriant. Morgane essayait de parler, mais pour la plupart du temps, Katy ne comprenait pas un mot.

Elle la comprit le jour où Morgane lui dit qu’aucune autre personne à part elle, ses parents et son frère n’était passé la voir.
Le lendemain, Katy vit les harpies dresser une nouvelle fille qui allait sûrement finir dans le même état que Morgane.

Katy la comprit aussi le jour où elle s’excusait d’avoir était aussi désagréable avec elle pendant toute cette période.
Le soir même, Katy décida qu’il était temps.

Le lendemain. Elle ne put effacer de la journée ce sourire ignoble qu’elle portait sur ses lèvres.
Le soir à 18h, comme d’habitude, elle passa à l’hôpital. Lorsqu’elle rentra dans la chambre, Katy savait que Morgane avait deviné que ce ne sera pas comme d’habitude, rien qu’à la façon dont elle avait fermé la porte.

Avant de s’avancer dans la pièce, Katy dit :
- Il ne s’est rien passé d’intéressant aujourd’hui.
Puis elle s’avança et s’assit au bord du lit. Morgane ne la lâchait pas des yeux.

Katy passa sa main dans la magnifique chevelure blonde de son amie :
- Ma pauvre chérie… Ce ne doit vraiment pas être facile de rester dans cette pièce toute la journée. Tu ne connais plus le goût des aliments, tu ne sais plus ce que c’est que se promener dans le parc. Tu ne peux plus danser en souriant… Quel dommage, tu dansais tellement bien.
Katy entendit la respiration de Morgane s’accélérer : elle luttait contre les larmes.
- C’est finit les sourires. Finit l’ordinateur. Les garçons ne te regarderont plus jamais comme avant car tu n’es plus aussi jolie. Même celles, que tu croyais tes amies, t’ont laissé tomber.
Les yeux de son amie se remplirent enfin de larmes.
- Oh non, ça ne sert à rien de pleurer ma puce. C’est trop tard. Tu as bien vu sur quoi tu as fais une croix. Même Mathieu, qui m’avait dit que tu l’intéressais bien, ne voudra plus de toi.
Katy prit la main gauche de Morgane.
- Et ces mains si jolies ne pourront plus écraser sur ma peau ces cigarettes que tu aimais tant fumer.
Elle posa ses mains sur les hanches de sa chère amie en les pinçant légèrement :
- Et ces hanches ne pourront plus déambuler devant les garçons qui rêvaient de t’avoir dans leurs lits. C’est finit tout ça ma chérie.

Morgane avait fermé les yeux.
- Tu souffres ma puce ?
Pour toute réponse, Morgane ouvrit les yeux et battit des paupières pour chasser les larmes qui lui brouillaient la vue.
- Oh oui je sais ce que c’est. Moi aussi j’ai souffert, tu sais. Mais heureusement que tu étais là pour moi. Tu as su me rendre le sourire. Tu as su me donner ton épaule pour pleurer lorsque j’en avais besoin. N’est-ce pas ? Tu as toujours étais là pour moi.
C’était la première fois en 7 ans que Katy lui parlait comme cela.
- Et puis… tu te rappelles ce que tu m’avais dis ce fameux soir où tu as réussis à lever la main sur moi ?
Morgane écarquilla les yeux et Katy savait qu’elle avait compris. Elle se pencha et lui murmura quand même à l’oreille :
- Tu n’as qu’à te tuer si ça peut mettre fin à tes souffrances…
Elle l’embrassa sur la joue et se releva en souriant.
- Mais ne t’en fais pas, moi je tiendrai ma promesse, et je resterai à tes côtés jusqu’au bout.

En silence, et sans frémir un seul instant, Katy débrancha l’appareil respiratoire avec une assurance incroyable.
Katy la regarda de nouveau et sourit lorsqu’elle aperçut les yeux de son amie encore plus écarquillés.
- Ne lutte pas ma chérie, ça ne sert à rien.

Ce ne fut pas long. Une minute tout au plus, et Morgane ferma les yeux.
Katy s’avança, embrassa chacune des paupières de sa douce amie et sortit de la chambre sans oublier de fermer la porte.

C’était comme ça que Katy voulait que ça se termine.

Super AlpaKa  

CrotchCrotch  

"Casse toi de là salope [...]"

3/91

06/02/2008 à 14:54

antoninvdl a écrit :
pas cap

jvoulais le dire

"Casse toi de là salope [...]"

4/91

06/02/2008 à 14:54

J'ai tout lu. J'savais qu'y'avait un truc qui clochait avec Katy, une véritable Carrie démoniaque

camille_inlove  

"Casse toi de là salope [...]"

6/91

06/02/2008 à 14:56

GameBoy_nb a écrit :
antoninvdl a écrit :
pas cap
jvoulais le dire

Moi aussi je voulais dire "je voulais le dire"

Sm0k-me  

"Casse toi de là salope [...]"

7/91

06/02/2008 à 15:04

c'est trop triste >___< sa ma fait amoitié pleuré xD

cha

"Casse toi de là salope [...]"

8/91

06/02/2008 à 15:08

han mais pourquoi katy la tue? c'est horrible! *pe-peur*

"Casse toi de là salope [...]"

10/91

06/02/2008 à 15:10

Sp@rtan a écrit :
han mais pourquoi katy la tue? c'est horrible! *pe-peur*

Tiens... J'croyais que tu voulais pas le lire ?

Alhambra  

"Casse toi de là salope [...]"

11/91

06/02/2008 à 15:12

Je trouve que ce texte n'a rien d'extraordinaire dans l'écriture, mais pourtant je l'ai beaucoup aimé. La preuve, je n'ai pas pu m'empêcher de le lire jusqu'au bout !
Bravo, vraiment, c'est une histoire très intriguante et originale !

dunkman  

"Casse toi de là salope [...]"

13/91

06/02/2008 à 15:14

Beau texte... Vraiment sympathique la fin, je crois que j'aurais fait pareil!

flOmia  

"Casse toi de là salope [...]"

15/91

06/02/2008 à 15:17

Scotchée

Tutafay  

"Casse toi de là salope [...]"

17/91

06/02/2008 à 15:25

dunkman a écrit :
Beau texte... Vraiment sympathique la fin, je crois que j'aurais fait pareil!

Mince Alors a écrit :
J'aime bien la fin et seulement la fin =)

Rhoooo... Z'êtes méchants =p

Eh oui. Faut réfléchir avant de faire souffrire les gens
(Vous imaginez la tête de mes ami(e)s qui ont lu l'histoire ? xD)

"Casse toi de là salope [...]"

18/91

06/02/2008 à 15:26

KAttie c'est une grosse sadique d'abord

"Casse toi de là salope [...]"

20/91

06/02/2008 à 15:28

Chyante a écrit :
dunkman a écrit :
Beau texte... Vraiment sympathique la fin, je crois que j'aurais fait pareil!

Mince Alors a écrit :
J'aime bien la fin et seulement la fin =)

Rhoooo... Z'êtes méchants =p

Eh oui. Faut réfléchir avant de faire souffrire les gens
(Vous imaginez la tête de mes ami(e)s qui ont lu l'histoire ? xD)

j'imagine trop