L'une, et l'autre. [Texte]

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

Am Stram Gram L'une, et l'autre. [Texte] 7 25/06/09 à 17:05

Ce texte est long, assez étrange, mais je me passerai de commentaires introductifs. Smile Jap

Sur un matelas au milieu d'un jardin. Il fait nuit.

L'UNE - Je ne crois pas qu'il soit possible de comprendre. Tu sais ? (se résigne) Non, bien sûr, tu ne sais pas. Et je ne te souhaite jamais de savoir. Ni même de comprendre. À vrai dire, j'aurais aimé ne jamais avoir à t'en parler. (sur un ton sévère) Et j'ignore d'ailleurs comment et pourquoi j'en suis arrivée là. L'alcool m'y a sans doute aidé... (exaspérée) Tu n'imagines même pas combien je peux haïr ma faiblesse impuissante, comme je peux me Haïr moi-même...!

L'AUTRE - [...]

L'UNE - Non ! Tais toi ! (s'agite) Ne dis rien, je ne veux pas être interrompue. (chuchote) J'ai besoin d'y aller d'un coup, spontanément, d'être même assez rapide pour ne pas prendre conscience de c'que je vais t'avouer. Tu trouveras ça étrange, hein. Mais je n'te promets pas d'être toujours précise. (nostalgique, amère, douloureuse) Parce que c'est dur de creuser, de déterrer aveuglément un gouffre qui nous ronge depuis maintenant dix ans. Ressasser un chaos, mettre à jour un néant... (se rétracte, s'allonge sur le dos, les genoux sur le ventre, les mains qui les retiennent) Putain, j'en suis presque lyrique... Passons. (se balance)

L'AUTRE - [ ? ]

L'UNE - (fronçant les sourcils) Non non, retourne toi ! Je n'veux pas être vue, encore moins être jugée ! J'ai juste.. besoin de m'soulager d'un poids qui me fait me voûter. Voilà. Et puis, ne crains rien. Loin de moi l'idée de vouloir t'en charger, et qu'on l'partage à deux ! (sourire narquois) Je suis trop égoïste. (plus aucune expression) Et puis, voilà, j'aurais aussi besoin que tu oublies tout, après. Et qu'tu restes avec moi. Ca sera mieux pour nous. (hésitante, en un souffle) Surtout pour moi ?

Bref. Je ne te promets pas non plus d'être cohérente, et pourtant, je n'te mentirais pas. Ou alors je l'dirais. Le fait est que ma mémoire me protège, encore un peu, avec maladresse et superficiellement... (moue mélancolique puis voix déterminée)

Et puis, surtout, je ne saurais t'épargner ni le pathétisme ni l'indifférence ! Enfin, je veux dire... J'ai toujours du mal à savoir comment aborder ce secret, comment le concevoir, comment l'interpréter. (se perd dans ses pensées, mâchant ses mots) Si je m'dois de le nier, de le réduire à sa plus médiocre entité. Pour qu'il ne me nuise plus, à m'être maintes fois persuadée de son insignifiance...

Ou si j'devrais l'exagérer. (pèse le pour et le contre de ses mains en balance) Enfin... Lui faire transcender ma parole et mes gestes, le mettre à nu et l'exprimer, pour alors exister par la plainte, la pitié.. (reprend son souffle, grimace). J'ai la pâteuse, c'est désagréable. J'espère tu t'endors pas... (marque une pause, réfléchis)

(sur le ton de la confidence, presque effrayante) Parce que moi, je suis morte, tu sais. Morte avant d'avoir vécu. (durcit les traits de son visage) C'est ridicule d'employer de tels mots, tu ne trouves pas ?

L'AUTRE - [...]

L'UNE - (désolée et sèche) Non, pardon. Excuse moi, ne réponds pas. C'est risqué de me couper dans ma lancée, je pourrais de nouveau me braquer, et puis refouler cette blessure, la ravaler comme un obus dans ma gorge grasse, et la cacher, sous des fragments de sourires ou des paupières gonflées. (souris ironiquement, déglutis) Et je suis sûre qu'à force de faire plusieurs détours, d'éviter le concret, tu t'imagines quelque chose de dramatique, de morbide et pourtant de tellement commun...

(refronce les sourcils)

Ça ne devrait pas l'être, d'ailleurs. Et quand j'en entends qui en rient, je rigole avec eux. (sourire forcé) J'en parle librement. Sans rien laisser paraître. C'est plus fort que moi. Et après coup, parfois, j'm'en veux. (haussement d'épaules) De me montrer si naturelle, inchangée, si vivante et euphorique, alors qu'il n'en est rien. (silence)

Tu vois, je crois que ça m'a tellement désaxé qu'j'en suis dev'nue un paradoxe. (expire, tente de se justifier) C'est comme une carapace, cette instabilité contradictoire. Ça brouille les pistes, ça évite aux autres de pouvoir me cerner. Je cache mon jeu, je le dévoile, je le recache, le sous-entends et le démens. (emmêle ses doigts puis les démêle) Tant et si bien que je deviens tout Autre. Je suis plusieurs en n'étant rien, comme ça, tout à la fois. (absente et pensive) Je ne suis plus femme, je ne suis plus enfant.

(marque une troisième pause, plus longue)

L'UNE - Dis, tu dors ?

L'AUTRE - (avant qu'il ne puisse répondre)

L'UNE - Enfin, ça n'fait rien, après tout.

Je suis partie, maintenant, ça y est. (péniblement satisfaite ; ne peut plus s'arrêter)

Il pleut.

Oh. (frissonne au contact des gouttes) Ca me rappelle la douche. Et quand je prends une douche, je n'peux que me brûler. M'étouffer d'la vapeur des jets qui crament ma peau. (en position fœtale sur le côté) Et m'accroupir, pour me figer et n'exprimer plus rien, sinon le vide qui m'éreinte, qui m'esquinte, qui mutile mon âme et dévore mon estime. (plante ses ongles dans ses tempes, secouant la tête) Quoique, tu vois, de l'estime, de l'orgueil, du pur et du vrai, je n'en ai même plus. (s'arrête, augmente la pression de ses ongles) Ni pour mon être, ni pour mon corps. Ils ne m'appartiennent plus. J'en suis dépossédée.

La pluie devient battante.

(râle rauque ; maladive, se griffant les avant bras et ses cuisses dénudées)

Je déteste cette peau qu'il a pu effleurer, je déteste cette chaire qu'il a pu écorcher, qu'il a pu faire saigner et qu'il a pu meurtrir. Je déteste mes formes qu'il a pu insulter. Et je déteste mes gestes, qui n'étaient pas les miens puisque j'étais pantin. (soupire, réprime une gifle, se prend la gorge) Je déteste ma voix; qui n'a pas su sortir, qui n'a pas su hurler. (s'étrangle) Et ma respiration qui s'est seulement bloquée. Pas assez pour mourir. (s'arrête, se frappe la tête contre le matelas) Je déteste dormir parce que je le revois. (se résigne, impassible) Quoique non, là, je mens. J'ai oublié sa tête. Je ne l'ai jamais vu. J'y ai pas trop fait gaffe. Surtout, il faisait sombre. Tant mieux.

(inspire, étouffe un gémissement, quelques secondes s'écoulent)

Et je déteste sentir, tu vois. Comme là. (narines frémissantes) J'déteste sentir l'alcool, pourtant là je suis saoule, complèt'ment bourrée. (ricane) Je déteste la clope, l'odeur de tabac froid, c'était un peu la sienne. (écœurée) Et cette sueur putride qui n'est pas celle d'un homme. (secouée d'un haut le cœur) Trop âcre, vomitive, poisseuse et acérée. Un concentré de miasmes, de ferments corporels, qui émanent de partout. C'en était pas humain. Et pour agir comme ça, fallait l'être encore moins. C'était même pas un monstre. Et j'aurais tant aimé que ça n'soit qu'un cauchemar. (se cache les yeux d'une main) Et il m'arrive parfois de ne plus bien savoir comment ça s'est passé et Si ça s'est passé. A force de vivre avec, à force d'y repenser, j'ai pu tout inventer ? (délire) Et je m'trouve indécente. J'essaye de feindre le deuil. Sans trop y parvenir. Je marche vers l'avant, les yeux vers l'arrière. Et j'avance à tâtons, il faut que j'r'apprenne tout.

A vivre avec, avec moi..?

(hystérique et fiévreuse, se tourne et se retourne ; paroles entrecoupées, saccadées, ravalées)

J'ai envie de vomir. Putain. Je tremble par les spasmes. Ou alors j'ai trop bu. Je suis désabusée. J'ai l'impression de m'perdre, alors que je suis là. Mais non, je m'sens ailleurs. Et aussi tellement mal. Il faut que je vomisse. Pour la énième fois. C'est comme le faire sortir de moi. Parce qu'en me détruisant, il m'a imprégné d'lui. (aliénée, égarée) Et il me suit partout, comme une ombre, un fantôme ! Qui ne sont pas les miens, puisque je n'ai plus rien...!

(se relève au sursaut, essoufflée ; se rassoit en tailleur, sur un ton soudain calme, et plutôt répressif)

L'averse s'apaise.

D'accord, j'avoue. J'exagère un peu, de temps en temps. (redevenue normale, compatissante, quasiment maternelle) Parce que, tu sais.. C'est complexe à exprimer, finalement. Je ne veux pas que tu puisses te r'présenter la chose, et je n'veux pas que tu en prennes conscience, ou alors, pas tout à fait. J'avais juste besoin de l'dire. (éclair de folie mêlé à l'amertume) De livrer ma torture sur un plateau d'argent que mes anciens démons aiment tant à déguster. Sans que j'arrive à l'digérer. (se rallonge, soupire, accroche ses doigts au matelas, crispe ses articulations) D'ailleurs, oui, il faut que j'aille vomir. Que j'aille me vomir, que j'aille le vomir. (tourne la tête en direction de l'Autre) Et après, j'aurais besoin d'un câlin, mais j'hésite à t'en faire. Enfin, je veux dire... Tu es une peluche, et je sais pas ce que ça pense, une peluche. Si ça veut des câlins, si ça aime la tendresse. Et ça se serait triste non, si j'violais ma peluche ?

ASG.

L'une, et l'autre. [Texte] 1/7 25/06/2009 à 17:44
Pfiou. C'est long, trop long. Je ne parle pas de la longueur du texte, enfin si, mais c'est que j'ai l'impression que tu te répètes durant tout le texte. que y'a pas de 'chute'. Voilà, c'est pas entraînant à lire.
Après, il y a quand même des bonnes tournures.
Mais je pense qu'il faut revoir le fond.

EDIT: En fait, j'avais un peu zappé le dernier paragraphe. *se pend*
Du coup, oui c'est sur que ça change pas mal. Enfin, je réitère ce que j'ai dis. C'est quand même un peu trop long, mais la fin est sympa.
L'une, et l'autre. [Texte] 2/7 25/06/2009 à 17:46
Personnellement je dis... WTF? Papillon
L'une, et l'autre. [Texte] 3/7 25/06/2009 à 18:03
Mh.

C'est très différent de ce que tu écris d'habitude, mais ça ne m'empêche pas d'en être quand même touchée. Peut-être parce que ce sont toutes des choses que j'ai pensées, même en ne sachant pas très bien de ce que tu parles, je crois que je sais quand même.

Alors même si je ne suis pas émerveillée par le jeu des mots que tu emploies d'habitude, je suis très touchée par ce que tu as écris. Voilà. x)
L'une, et l'autre. [Texte] 4/7 25/06/2009 à 18:10
Ah, je kiffe. MDR
L'une, et l'autre. [Texte] 5/7 25/06/2009 à 18:21
Frosties a écrit :
Ah, je kiffe.


Ca respire la moquerie. Mr. Green

Merci quand même pour les remarques. Smile Jap

ASG.
L'une, et l'autre. [Texte] 6/7 25/06/2009 à 18:24
Am Stram Gram a écrit :
Frosties a écrit :
Ah, je kiffe.


Ca respire la moquerie.


Ah nan, même pas. C'est la chute qui m'a fait marrer.
Sinon j'aime plutôt bien. Seuls bémols : je trouve qu'écrire "L'AUTRE" est inutile. Et puis, y'a un peu trop de mots mâchés par rapport au registre de langue qu'utilise le personnage.
L'une, et l'autre. [Texte] 7/7 25/06/2009 à 18:29
C'est vrai qu'au tout premier jet, "L'Autre" n'intervenait pas comme ça, enfin, je plaçais juste des "[...]", mais pour lui donner plus d'insistance et accentuer la chute, j'ai fini par opter pour ce surnom, après, je comprends qu'il soit useless. Smile

Et puis, quant aux mots mâchés, c'était aussi pour donner un sentiment de dialogue réel, spontanée enfin pas non plus de grandes tournures bien prononcées, un peu dans l'idée là quoi..

Mais ça me fait plaisir que tu ais apprécié. Smile

ASG.
Recommande ce site a tes ami(e)s | Aller en haut

Partenaires : Énigmes en ligne