Balançoire.

J'ai des cloques aux doigts par la corde qui les chauffe et les cuisses pleines d'échardes par le siège de bois.

Je brasse l'air à cadence irrégulière, visant toujours plus haut, allant toujours plus vite, étant toujours plus légère. L'étang sous mes pieds s'en va et revient, dardé de nénuphars fanés, bordé de roseaux souples et fiers. Son ciel me regarde de haut par le bas, me nargue de ses nuages, de ce coton fluide ondulant d'une brise printanière.

Et dans le silence d'un matin encore transi, la rumeur de l'hiver augure la belle saison et colore le futaie du plus beau de ses verts.

Le vent siffle et son souffle emmêle ma chevelure. Mes paumes saignent, mes jambes s'engourdissent. Je sens l'herbe se coucher à chaque allée venue; ton regard protecteur recouvrir mes courbes nues.

Les rouages couinent, se plaignent d'avoir trop peu servi. Le cordage s'effrange, me rappelle que j'ai trop vite grandi.
Je ne les considère pas; les use même davantage, me croyant forte par ta présence absente qui m'encourage.


- Déshabille toi !
- Honneur aux femmes !
- Déshabille toi d'abord !
- Eléonore...
La jeune fille agrippa la chemise de l'homme et en arracha les boutons, un à un.
Torse nu, il frissonna.
- Par contre, je te laisse t'occuper du bas...!
Elle tut un rire coquin.
- Ben voyons !
La boucle de sa ceinture une fois lâchée, il laissa glisser son pantalon à ses chevilles et cacha le reste de ses mains.
- Et maintenant ?
- Retourne toi !
L'homme s'exécuta, trébucha, mais lui resta de dos. Il vit voler sa longue jupe, son corsage et ses bas.
- Voilà !
Il se remit de face, ému, sans même oser soutenir le bleu de son regard joueur et enfantin.
- Bien ! Tu vois le pont, là-bas ? Devant le chalet ?
- Oui.
- Le premier arrivé a tous les droits sur le second.
- Eléonore !
- Quoi ?!
- Je n'aime pas me sentir encore plus soumis d'avance...
- Alors nage vite mon grand !

Elle lui saisit le bras et sous un soleil cuisant, ils prirent un élan commun, départ pied gauche, main dans la main.

Trois.
Deux.
Un.

À l'approche de la rive, elle desserra ses doigts, il dénoua les siens.

Et leurs corps s'écrasèrent en un plongeon sonore.

Elle nagea. Jusqu'au bout, jusqu'au ponton. Elle nagea, excitée par ce désir de domination, animée par cette envie de possession.

La rivage se redessina, elle s'accrocha à son herbage.
Reprenant sa respiration, ses yeux scrutèrent l'horizon. Et elle l'attendit. Elle l'attendit longtemps, guettant le moindre mouvement maladroit qui agiterait les flots, espérant son homme ressurgir à chaque instant de l'eau.

Et non.
Je ne veux pas voir la fin.
Il me faut l'oublier. L'oublier. Elle, elle et sa voix qui hurle son prénom, elle et ma voix qui hurle ton prénom, qui hurle ton prénom encore et encore, qui hurle ton prénom toujours plus fort.

Mais comme les remords me rongent, les regrets me dévorent ! Comme ton souvenir me pèse et nos rires s'évaporent...

À vouloir te gagner, je ne t'ai que perdu.

Me le pardonneras-tu ?
Gaëtan ! Me le pardonneras-tu ?

© Noémie, Octobre 2008.


Hmm. Pas convaincue non plus, en fait. J'ai trop retravaillé la fin. Elle n'a plus rien à voir avec l'originel et n'est pas aussi poignante que je l'aurais souhaité. En fait, le suicide de la fille en se noyant également, c'était trop lourd à caser, je voulais quelque chose de plus léger, pour rappeler la balançoire. Et puis, nan, je ne sais pas trop comment l'arranger ? Pour ne pas finir sur une question aussi vaine, ou une fin si peu achevée. =/

Bref ! À vos clavier

Merci d'avance et bien à vous,
Am Stram Gram.

Chapeau pointu  

Frosties  

Mister Key  

FickDich  

Balançoire.

9/12

01/11/2008 à 19:47

Moi j'ai aimé.

J'ai quand même préféré le début à la fin, mais comme à ton habitude, tu écris des choses qui me touche, tu parles d'états d'âme que j'ai l'impression de connaître et qui forcément m'envahissent quand je te lis. Et j'aime toujours autant ton style, tu sais si bien jongler avec les mots...

Klaimance  

Balançoire.

10/12

01/11/2008 à 22:26

J'aime .

Tw.  

Lemon_Cake