Bienvenus, les fantômes

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Pornograffitti   Bienvenus, les fantômes 2 06/11/13 à 21:41

Bonsoir à tous, ce soir encore je vous offre un petit texte inspiré par la nostalgie (c'est le sentiment du moment), il n'a pas de lien direct avec le précédent, mais la trame est grosso modo la même.
Bref, enjoy !



Aux heures les plus sombres de la nuit, le cœur est bien plus propice à accueillir les spectres de nos existences. Quand le vacarme de la ville s'est enfin tu, que l'agitation des hommes est enfin apaisée, il est temps d'aller fleurir les tombes de nos souvenirs.
Encore ce soir, ils m'attendent. Certains sont honorés de chrysanthèmes encore frais que je ne peux m'empêcher d'aller arroser chaque nuit, et d'autres ont leur stèle à l'abandon, poussiéreuse et usée. Mais quelque soit celle où je pose mon regard, je ressens toujours la même tension en moi : ma gorge se noue, mon corps se crispe et mon cœur de chair devient alors lourd comme le plomb.

Ils gisent tous là, de part et d'autre de cette longue allée de hauts cyprès se concluant sur une petite place dotée d'un lavoir et d'un banc en bois, comme autant d'amours déchues et d'actes manqués. J'ai tout mon temps pour me recueillir, et aucune veuve éplorée ne peut venir me déranger, car je suis le seul à avoir les clés de cette nécropole : tous ces témoins d'un temps qui n'existe plus et n'existera plus jamais ne sont qu'à moi. Tous les sens se sont réunis en une farandole funèbre pour me rappeler qui j'avais été : un des caveaux abrite un cerisier aux fruits acidulés, un autre a l'odeur des gnocchis de Mamie, et le plus flamboyant de tous, constamment fleuri, a les lèvres douces et une longue chevelure blonde.

Tous les soirs, pieusement, je me penche sur l'un d'entre eux. Je ferme les yeux, et lorsque mon corps devient suffisamment engourdi par la fatigue pour ne plus être sensible à ce qui m'entoure, je m'immerge progressivement dans cet océan d'odeurs, d'images et de textures. Progressivement, le sommeil prend le dessus, et à mesure que je m'enfonce dans la zone abyssopélagique des souvenirs, les perceptions sensibles des choses deviennent plus floues pour devenir de simples concepts vaporeux.

C'est à ce moment là que la compréhension de la vie se fait la plus claire, car le cœur ne résonne plus que par des vibrations pures, dénuées de toutes interférences.

Bienvenus, les fantômes 1/2 06/11/2013 à 22:09
C'est sublime.
Bienvenus, les fantômes 2/2 07/11/2013 à 20:17
Wow merci Smile
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