Je vous previens c'est un peu long.
Voila, j'en viens a vous faire decouvrir le premier chapitre de mon roman, aujourd'hui, j'en suis a 16 chapitres... Mon roman est fini et je voudrais avoir votre avis....
Je remercie par avance a ce qui me diront ce qui ne veut pas, ou au contraire si ce va
Au bout de la nuit
Chapitre 1 :
La tour Eiffel se dressait, impressionnante sentinelle de fer, en fond derrière l'homme dissimulé au milieu de la foule des touristes.
Avec son jean serré, son T-shirt qui soulignait son imposante musculature et sa mâchoire carrée bleuie par une barbe naissante, il évoquait quelque voyou en quête d'un mauvais coup.
Ses yeux au bleu de fjord, aussi froids que la glace qui les cernait en hiver, scrutaient la jolie femme qui observait les amateurs de roller faisant la démonstration de leurs talents sur le parvis. Il cherchait à croiser une fois encore son regard, mais elle se dérobait sans cesse.
Quelle importance qu'elle ne répondît pas à ses œillades insistantes ? Après tout, ce n'était qu'une question de temps. Bientôt, très bientôt, il ne se contenterait plus de la suivre.
Il agirait.
– Qui est ce super beau mec ?
Zoé soupira avec lassitude. Encore une fois, son amie Lauren-Claire était fascinée par un représentant du sexe opposé. Depuis qu'elle partageait un appartement avec elle, ce devait être la centième fois qu'elle l'entendait juger un homme séduisant.
Les deux jeunes femmes s'étaient rencontrées six mois auparavant lors d'un cours de dessin au musée des Arts décoratifs. Zoé venait d'arriver à Paris, espérant de la Ville lumière qu'elle lui éclairât les idées, lui permît d'y voir clair en elle, et de faire le point sur son mariage parti à vau-l'eau. Le goût prononcé du flirt, chez Lauren-Claire, Parisienne jusqu'au bout des ongles bien qu'originaire de Bordeaux, l'amusait toujours, même si elle l'estimait futile.
– Nous l'avons déjà vu, ce gars, je te dis, Zoé. Il est vraiment extra. Hélas, c'est toi qu'il fixe...
– Arrête de divaguer.
– Je ne divague pas ! Cela fait plusieurs jours qu'il nous suit. Ou plutôt qu'il te suit, toi, et... Flûte ! Il a disparu.
Zoé eut un petit rire.
– Pur produit de ton imagination !
– Absolument pas. Quand un homme est beau, je le repère à des kilomètres. Dommage qu'il soit parti : j'aurais vraiment aimé que tu le voies... pour que tu prennes garde. Il est bourré de charme. Un charme trouble. Méfie-toi.
– Entendu, acquiesça Zoé pour avoir la paix. Et maintenant, si nous allions déjeuner ? Et quand je dis déjeuner, cela signifie pas de McDo ni de milk-shake à l'américaine !
– Oh, Zoé, sois sympa... Tu sais que j'adore ça...
Plus jeune que Zoé de dix ans, Lauren-Claire se comportait encore comme tous ses contemporains de vingt ans : elle vénérait les fast-foods et autres importations de la civilisation américaine. Mais pour Zoé, à trente ans et venant de New York, il y avait plus plaisant à attendre de Paris qu'un hamburger. Toutefois, elle décida de couper la poire en deux pour ne pas décevoir son amie.
– Ecoute, on va dans un restaurant traditionnel, je mangerai une superbe entrecôte, mais tu pourras avoir les frites. D'accord ?
– Bon. Mais je prendrai une glace avec de la sauce au chocolat chaud.
Une heure plus tard, satisfaites toutes les deux, elles rentraient dans leur appartement de l'île Saint-Louis. Sur le chemin du retour, Lauren-Claire babillait comme à l'accoutumée, exprimant ses rêves de rencontre avec Clint Eastwood ou Paul Newman.
– Tu comprends, ce sont des hommes inouïs, aux yeux bleus, mais bleus... Tiens, comme ceux du type qui te fixait tout à l'heure. J'espère qu'il se manifestera de nouveau, celui-là, parce que je tiens à ce que tu voies son visage. Pour l'admirer et... pour que tu te méfies, répéta-t-elle. On ne sait jamais à qui l'on a affaire...
Le lendemain matin, assise sur les marches du Sacré-Cœur à Montmartre, Zoé faisait le portrait au fusain d'un client, un monsieur âgé dont c'était, lui avait-il expliqué, le premier voyage dans la capitale. Il examina avec satisfaction le portrait dès que Zoé l'eut achevé, et la paya en lui laissant en sus un généreux pourboire.
– Tu as vraiment du talent, constata Lauren-Claire qui était venue la rejoindre et regardait maintenant le dessin par-dessus l'épaule du provincial.
– Mmm. Dommage que ça ne rapporte pas davantage... Vivre ici est sacrément onéreux.
– Oui, mais quel plaisir ! Si tu savais le nombre de beaux mecs qui sont passés devant moi, pendant que j'attendais que tu aies fini... Nulle part ailleurs il n'y en a autant...
Pendant qu'elle parlait, elle suivait d'un regard appréciateur trois étudiants scandinaves, blonds comme les blés.
Zoé secoua la tête discrètement. Romantique Lauren-Claire... Quelle chance elle avait d'en être encore à rêver de rencontrer le grand amour... Elle, elle avait fui son pays dans l'espoir que l'éloignement déclencherait quelque révélation en elle. Sur ce qu'elle désirait réellement, ce qu'elle attendait de la vie.
Et de son couple. De ce point de vue, Paris lui avait paru la ville parfaite pour repartir de zéro, que ce fût dans sa tête ou dans son existence. Lauren-Claire avait raison : ici, d'infinies possibilités d'aventures s'offraient à chaque instant. Sa liberté nouvelle la grisait tant qu'elle ne l'avait pas encore mise à profit. Mais cela ne saurait tarder : son mari se trouvait à six mille kilomètres... Sans doute débordé de travail. Un policier, ça n'avait pas d'horaires réguliers, s'obstinait-il à lui expliquer quand elle pestait pour le repas, amoureusement préparé et encore gâché, encore brûlé, encore refroidi... Il prenait ses fonctions le matin à 7 heures, et elle ne le revoyait que tard le soir, après de longues heures de solitude. Si seulement elle avait su que sa vie serait aussi triste avant de se marier !... Mais elle était trop jeune pour se figurer ce que serait une union avec un policier passionné par son métier. Pleine d'illusions, elle s'était imaginé des soirées en tête à tête devant la cheminée, ou dans un petit restaurant italien. Rêves déçus de gamine attardée...Tout eût été différent s'il avait accepté qu'elle travaille ! Mais non. Il la voulait entre ses quatre murs, disponible à toute heure qui lui convînt, à lui. Et la situation avait empiré quand il était monté en grade. A partir de ce moment, des enquêtes l'avaient éloigné de la maison plusieurs jours d'affilée. Et lorsqu'il rentrait enfin, il s'effondrait sur le divan, épuisé, se montrait taciturne, et avalait un sandwich devant la télévision. Elle montait alors se coucher et guettait avec émoi son pas lourd de fatigue dans l'escalier. Mais lorsqu'il rejoignait leur chambre, c'était pour s'endormir dans la minute...
Ainsi, les jours s'ajoutant aux jours, toujours semblables, ils étaient devenus de parfaits étrangers.
Jusqu'à ce que la dispute éclate.
Triste et amère, Zoé avait, un soir, tenté d'expliquer à son mari qu'il aurait pu se montrer tendre et, surtout, lui faire l'amour. Elle était jeune, sensuelle, elle l'aimait et avait besoin de retrouver ces nuits d'extase qu'il lui avait offertes au début de leur union. S'il se refusait à être un compagnon, un ami, en d'autres termes un mari à part entière, qu'au moins il soit un amant. Pour que, pendant son absence, le corps repu de bonheur, elle souffre moins de la solitude grâce à des souvenirs brûlants.
Mais il n'avait rien compris. Ce qu'il avait traduit de ses reproches, c'était qu'elle désirait avoir « un » amant. Un autre homme. Quelqu'un qui la comblerait sexuellement. Et qu'elle vivait dans l'illusion de la rencontre qui l'abreuverait de caresses du crépuscule au matin, et s'évaporerait l'aube venue.
Il n'était qu'un partenaire normal, lui, arguait-il. Il se sentait incapable de satisfaire les fantasmes qu'elle nourrissait ! Et si elle n'était pas à même de comprendre que les obligations du métier de policier étaient incompatibles avec celles d'une femme trop exigeante, eh bien, il n'y pouvait rien.
Sur ces mots, il avait quitté la maison en claquant la porte, pour n'y pas revenir de la nuit.
C'est ainsi que, le matin venu, à bout de nerfs et de désespoir, elle avait fait sa valise et réservé une place sur le premier vol en partance pour Paris, ville de tous les sortilèges.
Peu après son arrivée, elle s'était inscrite en faculté pour occuper son temps, et avait rencontré Lauren-Claire lors du premier cours. La jeune fille lui avait proposé très vite de partager son appartement trop grand pour elle seule, et d'alléger ainsi son loyer.
Depuis ce jour, Zoé travaillait le dessin sous la houlette d'un vieux professeur et gagnait sa vie en faisant le portrait de touristes dans la rue. Ses cartons sous le bras, elle retrouvait Lauren-Claire en fin d'après-midi et en sa compagnie rentrait à l'appartement pour se changer et se reposer avant leurs sorties nocturnes. Elles faisaient le trajet en métro, comme en cet instant où Lauren-Claire, assise sur un strapontin, chuchotait à son oreille :
– Regarde : il est encore là !
Dressant la tête, Zoé aperçut un homme qui, de dos, avait la dégaine de Belmondo dans A bout de souffle : jean collant, T-shirt qui laissait voir des bras musculeux, épaisse chevelure sombre aux vagues harmonieuses.
– Tu es sûre que c'est lui, le même ?
– Sûre. Il te suit quasiment tous les jours.
Effectivement, lorsque, aux environs de 18 heures, elles franchirent la porte cochère de l'hôtel particulier au dernier étage duquel elles habitaient, dans un ancien grenier aménagé, Zoé aperçut au bout de la rue la silhouette désormais familière. Allait-il leur emboîter le pas jusqu'au cinéma des Champs-Elysées où elles avaient prévu d'aller ? Bien qu'émoustillée, Zoé se sentit inquiète et décida de prendre un taxi. La prudence l'emportait sur le petit frisson d'excitation déclenché par cet inconnu qui paraissait ne pas vouloir la quitter d'une semelle. Que lui voulait-il ? Si c'était lui faire un brin de cour, il n'avait qu'à l'aborder. Ou lui faire porter des fleurs, puisqu'il connaissait son adresse. Bref, il n'avait qu'à se comporter normalement au lieu de se cantonner à cette attitude suspecte, qui était tout à la fois flatteuse pour elle, mais aussi angoissante.
Grâce au taxi, elle échappa à son suiveur et à l'anxiété qu'il générait en elle. En compagnie de Lauren-Claire, elle assista à la projection d'un film français d'Art et d'Essai, somme toute assez ennuyeux, puis proposa d'aller dîner au Bistro Romain.
Sitôt assise à une petite table au fond de la salle et en dépit de la cohue qui régnait, elle vit l'homme.
Installé seul derrière un bac de plantes vertes, il la fixait sans discontinuer. Cela la mettait si mal à l'aise qu'elle pria Lauren-Claire d'échanger leurs places. Maintenant, elle tournait le dos à son admirateur, et pouvait donc savourer son carpaccio.
Elle avalait une gorgée de vin rosé quand l'une de ces marchandes de fleurs qui hantent les restaurants s'arrêta devant elle avec son panier plein de roses rouges.
– Non, merci, commençait-elle quand la jeune fille l'interrompit.
– Je crois que vous n'avez pas le choix, mademoiselle : le monsieur qui est là-bas m'a acheté toutes mes roses et m'a demandé de vous les remettre.
– Le monsieur ? Quel monsieur ?
– Celui-là, là-bas et... Oh, il est parti...
Effectivement, le bac de plantes vertes ne dissimulait plus personne.
– Bon, voilà quand même vos fleurs, fit la jeune fille en posant sur la table une douzaine de roses au parfum délicat. Puis elle s'en fut.
Zoé ne prit même pas le temps de la réflexion. Elle se leva et alla jeter les fleurs dans une poubelle qui, sur le dessus, faisait office de cendrier.
– Tu es folle ? interrogea Lauren-Claire, l'air effaré. Ces roses auraient été fort jolies, sur la table de la salle à manger !
Une pointe de regret piqua Zoé. Mais il était trop tard. Elle ne fouillerait pas la poubelle pour récupérer son cadeau, tout de même ! Et puis, ces roses rouges lui rappelaient trop de mauvais souvenirs : au début de leur mariage, son mari lui faisait présent des mêmes fleurs pour se faire pardonner ses interminables absences. Toujours des roses, des roses, des roses !
Songer à lui la rendit mélancolique, et elle écourta le repas, refusant de prendre un dessert.
– J'aime mieux rentrer, Lauren-Claire. Je suis fatiguée.
– Comme tu voudras. Mais c'est dommage : il y avait une super soirée aux Bains et...
– Vas-y, si tu veux. Moi, je vais me coucher.
Et rêver de l'inconnu... Evoquer ses cheveux noirs et son visage aux traits un peu durs, à la mâchoire carrée mangée d'une barbe de trois jours. Imaginer son corps musclé contre le sien...
Non. Elle n'était pas une femme célibataire, libre de ses mouvements. Un mari existait, de l'autre côté de l'Atlantique. Peut-être restait-il quelque chose à sauver des cendres de son couple. Ce ne serait pas en se jetant dans les bras du premier venu, si séduisant fût-il, qu'elle les ranimerait.
Mais tout de même, ce parfum de mystère, de danger, que l'insistance de l'homme avait fait naître était bien excitant.
Comme ce paquet entouré d'une faveur que Lauren-Claire venait de poser sur le canapé où elle s'était laissée tomber dès son arrivée dans l'appartement.
– C'est pour toi, Zoé. Il y a ton nom sur une carte.
– Où as-tu trouvé ça ?
– Sur le palier. Mais tu étais si pressée d'entrer que tu n'y as pas prêté attention. Combien tu paries que c'est ton admirateur inconnu qui l'a déposé là ?
Un frisson traversa Zoé. Ainsi, l'homme savait exactement où elle habitait. Sans hésiter, il était monté au quatrième étage et avait laissé cette boîte à son intention.
Un instant, elle envisagea que ce fût un cadeau expédié d'Amérique. Non. Dans ce cas, le papier d'emballage eût porté son adresse et des timbres. Or, là, il n'y avait que son prénom.
– Tu ne l'ouvres pas ? s'impatienta Lauren-Claire.
– Et s'il contenait une bombe ?
– Ne sois pas bête. On entendrait un tic-tac.
– Je doute que de nos jours toutes les bombes soient de fabrication artisanale à partir d'un réveil...
– Oh, arrête ! Je vais l'ouvrir, moi !
Prestement, Lauren-Claire dénoua le ruban de satin et souleva le couvercle. Un chandail apparut. En cachemire beige, d'un aspect merveilleusement mœlleux.
Comme hypnotisée, Zoé le fixait sans le toucher.
– Allez, essaie-le ! l'encouragea Lauren-Claire.
– Non. Toi. Et regarde s'il n'y pas de lettre dessous.
Lauren-Claire s'exécuta, fouillant d'abord le vélin de protection, puis enfilant le pull-over.
– Un rêve ! C'est aérien, doux comme du duvet, et chaud... mais chaud... On pourrait rester nue là-dessous en plein hiver.
Puis elle se déshabilla et tendit sa nouvelle possession à Zoé, qui bougonna :
– Je n'en veux pas.
Cela lui coûtait de rejeter ce fabuleux présent. Cela faisait des années qu'elle rêvait de posséder un chandail de cachemire, mais le prix l'avait toujours rebutée. Décidément, l'inconnu lisait en elle, pour avoir aussi bien ciblé son choix.
Car ce ne pouvait être que lui le généreux donateur. Qui d'autre ? Elle ne connaissait personne à Paris, en dehors de Lauren-Claire et de quelques étudiants du cours de dessin. Aucun d'entre eux n'avait le profil d'un amoureux transi qui se serait donné la peine de se renseigner sur ses goûts et de faire ensuite l'emplette d'un objet aussi cher... pour se borner à le déposer sur son palier sans rien exiger en échange.
Et pourtant, celui qui lui avait offert ce somptueux tricot méritait bien un baiser... Voire deux.
Finalement, être l'objet de l'admiration d'un inconnu était fort plaisant. A condition que l'homme ne fût pas un maniaque déguisé en adorateur romantique...
Elle chassa cette idée de sa tête. Celui qui avait voulu qu'elle se sentît grisée en posant ses doigts sur la laine vaporeuse ne pouvait pas être un monstre mais au contraire quelqu'un de très raffiné. Et il méritait qu'elle le remerciât, même s'il lui semblait indécent d'accepter un cadeau aussi onéreux.
Elle se leva et annonça :
– Je crois que je veux bien aller aux Bains, Lauren-Claire. Et je vais porter ce pull. Comme cela, même si je ne danse pas, j'aurai l'impression que des mains chaudes me caressent délicieusement...
Lauren-Claire lui fit un clin d'œil coquin.
– Je crois que ton admirateur a voulu exactement ça. Que tu imagines ce que feraient ses paumes sur ta peau nue...
Se rendant compte que ses joues s'empourpraient, Zoé se détourna pour se défaire de son chemisier et de son soutien-gorge. Puis elle revêtit le chandail..., retenant un soupir d'extase lorsqu'il entra en contact avec ses seins...
En dépit de la climatisation, une touffeur à donner le vertige régnait dans la boîte de nuit des Bains. Ces danseurs en sueur qui s'agitaient sur la piste, ces corps pressés les uns contre les autres dans les recoins sombres et près du bar rendaient l'atmosphère langoureuse. Et pourtant, la musique tonitruait, les lumières clignotaient avec un tel éclat que l'ambiance eût dû être follement gaie. Mais non. Elle était plutôt sensuelle, troublante. Peut-être parce que les gens étaient beaux, bougeaient de manière lascive, dans des vêtements sexy qui mettaient en valeur tous leurs atouts physiques. Timidement, alors que, à peine entrée, Lauren-Claire avait hélé quelques copains et se trémoussait déjà en leur compagnie sur un rythme brésilien, Zoé s'était réfugiée derrière un pilier. Elle se faisait toute petite, fuyant les regards masculins qui se posaient sur elle. Tout à coup, une voix chuchota contre sa nuque :
– Voulez-vous danser avec moi ?
Elle ne se retourna pas tout de suite. Son pouls s'était emballé et une brusque moiteur mouilla son front.
C'était lui. Ce ne pouvait être que lui. Et il était américain.
Elle ressentit soudain une profonde honte : son corps la trahissait, mon Dieu ! Il réagissait avec trouble à la perspective de se plaquer contre cet homme aux bras assez puissants pour la soulever et l'emporter – jusqu'où ?...
– Je vois que vous avez mis le pull-over...
Elle ne s'était pas méprise. Son admirateur l'avait filée jusqu'aux Bains. Et il était bien l'auteur du cadeau.
– Je ne sais pas danser ça, répliqua-t-elle, sans bouger d'un pouce.
– Je vous apprendrai.
Cette fois, elle pivota sur ses talons. Le courage lui revenait.
Mais ce même courage s'évanouit dès qu'elle eut rencontré les yeux de son admirateur, vrillés aux siens. Les lumières de la monstrueuse boule formée de fragments de verre qui tournait au plafond éclaboussaient ses pupilles d'éclats scintillants. Elle baissa les paupières, se préparant à secouer la tête pour refuser fermement.
Pourtant, ce fut un hochement sans équivoque qu'elle lui adressa. Sans prononcer un mot, elle accepta son invitation avec une hâte fébrile et le laissa la prendre par la main. En silence, il la guida jusqu'au centre de la piste.
Et là, au lieu de danser face à elle comme elle s'y attendait, il l'enlaça...
Elle lui avait menti en lui disant qu'elle ne savait pas danser ce calypso exotique. Elle s'était entraînée, seule devant le miroir de sa chambre, il y avait mille ans de cela, quand elle vivait avec son mari... Mais elle avait toujours oscillé sans partenaire sur ce rythme envoûtant. Jamais un homme ne l'avait prise dans ses bras pour lui faire partager l'érotisme de ce tempo sensuel comme venait de le faire l'inconnu...
Une main sur sa hanche, l'autre contre son dos, il la pressait contre lui avec une audace qui lui coupa le souffle. Elle sentait ses reins s'arquer, faisant ployer les siens, onduler comme en un simulacre d'amour... qui se précisait davantage de seconde en seconde. Maintenant, elle pouvait mesurer l'ampleur de sa virilité et de ses exigences. Et elles étaient impérieuses. Seigneur, la hardiesse de cet homme était époustouflante ! Mais pour qui la prenait-il ? Pour une fille facile qui allait tomber sur sa couche dès qu'ils auraient quitté la boîte de nuit... ?
A dire vrai, elle n'était pas loin de songer que ce serait délicieux de continuer ce duo loin de la foule, de mener la danse à un paroxysme qui les laisserait tous deux le souffle court et la peau moite et...
Assez ! Jamais elle ne s'était comportée de manière aussi... aussi... Mon Dieu, elle ne trouvait pas les mots. Un seul lui venait à l'esprit : luxurieuse. Un mot démodé que jamais elle n'eût pensé appliquer à elle-même.
Alors, profitant de ce qu'il s'était légèrement écarté d'elle pour la faire tourner, elle le repoussa à deux mains et s'enfuit, le plantant au milieu de la piste.
Mais il la rattrapa tandis que, en nage, elle s'appuyait à une table inoccupée. Son chandail de cachemire lui collait à la peau et son parfum exsudait au travers de la laine.
Dressé devant elle, l'homme rejeta ses cheveux en arrière d'un mouvement de tête, puis lui sourit. Un sourire dévoilant des dents parfaites qui auraient pu lui mordiller le lobe de l'oreille jusqu'à ce qu'elle crie de plaisir.
Oh, voilà qu'elle recommençait à divaguer ! Un verre d'eau glacée. C'était exactement ce dont elle avait besoin. Mais pas pour le boire. Pour se le vider sur le crâne. Et ensuite, un bain froid. Où elle resterait jusqu'à grelotter.
– Je vous raccompagne ? demanda-t-il de cette voix de basse qui lui arrachait des frissons tant elle était porteuse de promesses de sensualité.
– Non, sûrement pas.
Se haussant sur la pointe des pieds, elle regarda par-dessus son épaule et aperçut Lauren-Claire en pleine conversation intime avec un jeune homme blond. Serrée contre lui, elle lui chuchotait quelque chose à l'oreille. Son amie se passait fort bien d'elle.
Alors elle contourna l'homme qui lui barrait le passage de toute sa carrure et se fraya un chemin vers la sortie, louvoyant entre les nouveaux arrivants qui s'efforçaient de franchir le barrage des videurs.
Par chance, un taxi qui venait de déposer des clients se trouvait devant la porte. Elle sauta à l'intérieur, claqua la portière et donna son adresse au chauffeur en ayant l'impression de quitter un navire en pleine perdition et de sauver sa peau.
Au bout de la nuit ( 1er Chapitre ) |
1/5 |
14/11/2004 à 15:00 |
OUHHHHHHHHHHHHHHH j'ai tout lu...ça ma vachement plu...jaimeré bcp lire la suite j'ai rien a redire!!!! Tu t'exprimes vachement bien et tu donnes beaucoup de détails mai qui ne lasse pas laissant le soin au lecteur d'imaginer lendroit..bravo en attente de la suite...
Au bout de la nuit ( 1er Chapitre ) |
2/5 |
29/11/2004 à 22:05 |
Pareil pour moi! Mais ki est donc cet homme ki la sui partt? Moi G bien une p'tite idée, mé je l'exposeré pa pr vou laissé le plaisir d'imaginer
!
Tré bien!
P.S: je t'avoue G sauté kelkes passages parfoi coz je sui tré paresseu en ce ki concerne la lecture, mé G retenu les pts importants
Au bout de la nuit ( 1er Chapitre ) |
3/5 |
29/11/2004 à 22:13 |
Au bout de la nuit ( 1er Chapitre ) |
4/5 |
30/11/2004 à 10:43 |
Aymerick, je te ferai remarquer que c'es la version editeur, c'est eux qui l'ont corriger donc ds la logique il ne devrait pas avoir de faute....
Et tenez moi au courant si vous voulez le deuxième chapître...
Au bout de la nuit ( 1er Chapitre ) |
5/5 |
30/11/2004 à 21:59 |
oki... c pas vrment des fotes en soi mé bon
rien de grave
j'atends lé prochains chapitres ac impatience