[ Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai écrit ça, ce n'est pas du tout ce que je voulais écrire au début du texte, mais puisque c'est venu comme ça alors je le laisse, et j'attends vos avis. 
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J’entrai dans la chambre blanche, allumai une lampe. Eléonore dormait. Je fus immédiatement frappé ; en la voyant ainsi dormir, je revis l’enfant qu’elle avait été, l’adolescente qu’elle avait été. Elle avait 83 ans, mais toujours la même expression de ses 17 ans. Ses sourcils étaient froncés, son visage, volontaire, et dans ce sommeil, je revoyais ma petite sœur rajeunie d’une bonne soixantaine d’années, aussi revendicatrice et fougueuse qu’elle l’était alors. Je me rendis compte que j’avais si peu connue Eléonore depuis. Qu’elle femme était-elle réellement devenue ? Et je réalisai que quand je fermais les yeux, ce n’était pas l’actuelle Eléonore que je voyais, mais l’enfant avec qui j’avais passé les premières années de ma vie. Cette jeune fille de deux ans ma cadette, avec qui j’avais finalement peu partagé, sinon des colères et des rires hystériques.
Je l’avais peu connue et c’est pourtant à moi qu’elle demandait ce terrible service.
La voir ainsi fermée, même dans le moment le plus calme et sincère de la journée : le sommeil, me peina. Et je me rendis compte que je n’avais jamais vu passer une expression apaisée sur son visage. Les muscles du tour de ses yeux, de ses joues, de sa bouche, se contractaient sans cesse et ne trouvaient jamais le répit. Je n’avais vu Eléonore qu’en colère, hurlante et gesticulante, ou euphorique, riant aux éclats. Mais même dans ses rires, il y avait toujours une certaine violence qu’elle ne pouvait maîtriser. Elle était toujours extrême.
Je repensai à ce que j’étais venu faire et je me posai la question que l’on peut se poser dans ces conditions. Avait-elle été heureuse ? Elle souffrait maintenant, terriblement, mais avait-elle, dans sa vie, été réellement heureuse ? Les moments de joie qu’elle avait semblé passer étaient-ils aussi sincères que ses constantes hargnes ?
Du fond du cœur, je l’espérais. Elle était presque une inconnue, mais elle était ma petite sœur, et je l’avais vue arriver à la maison, minuscule, et je l’avais vue grandir, et je l’avais vue mûrir. La laisser partir dans l’idée qu’elle n’avait vécu aucun moment de réel bonheur m’anéantissait.
Mais je me confortais dans l’idée qu’elle avait dû être heureuse. Que ce n’était simplement pas avec moi qu’elle avait passé ces moments particuliers.
Je la regardai une fois de plus. Combien j’aurais donné pour voir passer, là, maintenant, ne serait-ce qu’une seconde, la marque de l’apaisement et du bonheur sur son visage ! Mais rien ne changea. J’éteignis la lumière alors que son visage était encore empreint de cette expression revêche.
Et je l’ai débranchée de sa machine.
La nuit parfois, cela me tourmente de me dire que ma petite sœur Eléonore est morte en colère. Et je regrette de n’avoir pas laissé allumer la lumière. Je ne saurai jamais, jamais, si dans la mort, les traits de son visage se relâchent.
| La nuit comme le jour |
1/12 |
08/01/2009 à 19:00 |
Magnifique texte, rien à redire. Poignant et bien écrit.
J'adhère complètement.
| La nuit comme le jour |
2/12 |
08/01/2009 à 19:06 |
Wahou, pour un premier avis, il fait plaisir !
Merci beaucoup, vraiment !
| La nuit comme le jour |
3/12 |
08/01/2009 à 19:52 |
Le thème est pas mal, mais j'adhère pas vraiment au style employé.
| La nuit comme le jour |
4/12 |
08/01/2009 à 20:01 |
Bien écrit et agréable à lire.
| La nuit comme le jour |
5/12 |
08/01/2009 à 20:26 |
Okay, merci beaucoup
| La nuit comme le jour |
6/12 |
08/01/2009 à 20:57 |
Oui c'est pas mal. Mais contrairement à certains de tes textes, celui-ci ne m'a pas fait "frissonner".
| La nuit comme le jour |
7/12 |
10/01/2009 à 12:33 |
Mello a écrit :
Magnifique texte, rien à redire. Poignant et bien écrit.
J'adhère complètement.
Pluzun
| La nuit comme le jour |
8/12 |
10/01/2009 à 13:14 |
J'ai beaucoup aimé le début, mais je trouve un relâchement vers la fin.
Mais j'ai assez accroché.
| La nuit comme le jour |
9/12 |
10/01/2009 à 13:15 |
Merci à tout le monde, sur un texte comme celui-là, je m'attendais à des avis bien pires
| La nuit comme le jour |
10/12 |
10/01/2009 à 13:31 |
Le texte est pas mal mais moins bon que les précédent. Cependant le thème est intéressant et ta manière d'écrire est toujours aussi belle. Je dirais juste que la fin aurait pu être bien mieux.
| La nuit comme le jour |
11/12 |
10/01/2009 à 13:44 |
C'est terrible. J'aime vraiment beaucoup, mais ca m'fait peur.
| La nuit comme le jour |
12/12 |
10/01/2009 à 14:10 |
Okay, je vais essayer de revoir la fin alors ! Merci à tous !
Béhh, pourquoi ça te fait peur ?
