En espérant qu'il plaira plus que le précédent =)
Mains de femmes, décharnées, accrochées aux barreaux d'un lieu dans lequel on ne parle pas. Parfois, quelqu'un hurle, la nuit. puis les cris s'éteignent, sanglots etouffés sous une couverture mitée. Elles sont deux, trois, six par cellules. Mais Elle, Elle est seule, du moins jusqu'à cet instant, où la lumière crue du couloir s'allume, et où deux matonnes poussent une frêle silouhette dans l'espace confiné de la cellule 3621. La porte se referme, et la nouvelle venue s'avance timidement.
-Salut.
Elle ne répond pas, se contentant de détailler froidement l'étrangère. D'un geste du menton, Elle lui désigne le lit en face du sien.
-Moi c'est Laura, et toi ?
Silence glacial dans la cage.
Laura n'insiste pas, grimpe sur la couchette qu'on lui a désigné et s'allonge sur le dos, fixant le plafond de pierre noire qui lui servira désormais de ciel.
-Pourquoi t'es là ?
La jeune femme sursaute, se redresse sur un coude et fait face à l'autre prisonnière.
-J'étais une passeuse. Ils m'ont choppée avec plusieurs sachets de coke dans l'estomac, et après les aller-retours en avion, j'ai pris un aller simple pour la taule...Et toi ?
Laura s'en doute, Elle ne répondra pas. Alors elle se recouche et reprend son inspection minutieuse du plafond. Une heure, peut-être plus, peut-être moins, passe - ici, le temps ne se compte plus - avant que la voix de sa co-détenue n'interrompe Laura dans la contemplation de son nouveau ciel sans étoiles.
-J'ai voulu savoir à quoi ressemblait le corps d'un homme.
-Et alors ? C'est pour ça qu'on t'a enfermée ?
Incrédulité dans la voix de la jeune femme.
-Ouais.
-Ah...Et c'est comment, un corps d'homme ?
-Fragile. Tendre. Chaud. Il faut savoir que c'est comme ça, le corps d'un homme. Il y a d'abord son visage. Deux yeux d'un bleu sombre. Un nez droit, qu'on peut parcourir des centaines de fois du bout des doigts, sans jamais s'en lasser. Une bouche, des lèvres gercées qui saignent un peu lorsque tu les mordilles. Des joues légèrement râpeuses, tellement faciles à écorcher d'une simple caresse de rasoir. Ensuite, il y a son cou chaud. Tu peux sentir son coeur palpiter, si tu sais où poser tes mains. Le sang qui défile sous tes paumes. Et la vie qui peut s'arrêter d'une simple pression. Il y a aussi deux mains, qui cherchent les tiennes pour désserrer leur étreinte. Des ongles rongés qui griffent la peau blanche de tes doigts. Puis le torse. Là aussi, le coeur qui s'emballe, tu crois qu'il va éclater, mais tu te trompes. C'est à toi de faire ce qu'il faut pour qu'enfin il cesse sa sarabande endiablée. Le reste n'a aucun interet. Tout ça, le ventre, les jambes, le dos, le sexe et les fesses, c'est de la déco, toi tu n'y prêtes pas attention, ce n'est pas ton problème. Alors tu coupes, parce que finalement, ça te gêne, ces jambes qui se débattent, ces genoux qui te frappent et ce ventre qui tressaute, qui vit et qui a peur. Tout ce qui t'interesse, c'est ton couteau qui s'enfonce mollement entre les côtes, tes doigts qui déchirent ces lèvres suppliantes, tes genoux qui retournent lentement les doigts de cet homme, jusqu'à les entendre craquer. Et tes mains, tes mains à toi, couvertes de sang chaud et poisseux, qui se posent sur ce cou parfait en une ultime étreinte. C'est tout ça, le corps d'un homme. Ca, et le prénom qui lui reste attaché, même après ton passage. Le prénom, contrairement à la vie, tu ne peux pas le prendre, tout juste l'apprendre et le graver un peu partout.
Elle se tait et se tourne dos à Laura, qui ne bouge pas. Elle regarde sa compagne de cellule, et, dans l'obscurité du cachot, elle distingue sur les murs un prénom, un seul, gravé plusieurs fois dans la pierre. Un prénom d'homme.
Le corps d'un homme. |
1/4 |
03/08/2009 à 17:35 |
C'est déjà mieux. T'as du style.
Le corps d'un homme. |
2/4 |
03/08/2009 à 17:37 |
C'est sympa.
Le corps d'un homme. |
3/4 |
03/08/2009 à 19:45 |
Tant mieux \o/
Le corps d'un homme. |
4/4 |
03/08/2009 à 20:43 |
=')