Si les héros de vos récits devenaient réels ?

Antigone_

Si les héros de vos récits devenaient réels ?

8

18/03/08 à 00:05

Quel écrivain n'a jamais imaginé une scène où tous les personnages de ses fictions basculaient soudain dans la réalité par on-ne-sait quel miracle, et venaient vous demander des comptes ?
Et si ceux que vous avez fait mourir revenaient à la vie pour vous reprocher leur décès ?
Et si les méchants de vos histoires vous en voulaient de leur avoir donné une enfance si malheureuse ?
Y avez-vous déjà pensé ?
Et si cela se produisait vraiment ?
Imaginez...

Lorsque l'Imagination se mêle à la Réalité

David se préparait un café plus noir que le pétrôle le plus pur, lorsque survint l'Incident.
L'après-midi était déjà bien avancée, les aiguilles affichaient dix-sept heures passées. David portait la tasse de porcelaine à ses lèvres, lorsqu'un bruit sec le fit violemment sursauter. Il eut à peine le temps de jurer face aux brûlures causées par le liquide brûlant sur sa chemise, quand des pas se firent entendre à l'étage.
David se figea, tous les sens en alerte. Célibataire endurci, il vivait seul et redouta la présence de cambrioleurs. Il y avait peu de choses à dérober chez lui, mais il craignait que les voleurs, si c'en étaient, ne s'en prennent à l'ordinateur où étaient consignés tous ses écrits.
Il marqua une courte hésitation, saisit son courage à deux mains et gravit en silence la dizaine de marches qui le séparaient du ou des visiteurs indésirables.
Il tourna dans le couloir, et ce qu'il vit le sidéra.
Une jeune fille d'environ quatorze ans, les cheveux en bataille, l'air féroce et armée d'une épée trop lourde pour sa faible constitution, se tenait dans sa maison. Ebahie, elle regardait autour d'elle, un mélange de crainte et de curiosité mêlées sur son visage au teint mat.
Décelant un mouvement, elle volta vers David et le menaça de son épée.
Ce dernier était bouche bée. Ce sarouel blanc, ce foulard rouge noué à la gorge, cette tunique sombre, tous ces détails ne laissaient planer aucun doute sur l'identité de la jeune fille : Amaria, l'héroïne de l'un de ses premiers récits de Fantastique.
La jeune fille, constatant l'aspect inoffensif de l'homme, rengaina son arme.
- Qui es-tu ? demanda-t-elle de la voix grave mais chaude, que David lui avait attribué dans son roman. Quel est cet endroit ?
David n'eut pas le temps de répondre. Un deuxième craquement sonore, identique à celui qui lui avait fait renverser son café, retentit dans la chambre du jeune homme. Le regard de David et celui d'Amaria convergèrent dans la même direction : une voix claire laissait tomber un chapelet de jurons.
L'instant d'après, une femme d'environ dix-sept ans, à la peau blanche, aux longs cheveux bruns et sauvages et aux vêtements de vagabonde, se trouva face à l'auteur et à son personnage.
- Kea, murmura David, manquant de s'évanouir pour de bon.
L'interpellée lui jeta un regard empreint de curiosité, tandis qu'Amaria s'approchait d'elle avec circonspection.
- J'suis où, là ? interrogea Kea à l'intention de David. C'est qui, la donzelle au cure-dent ?
L'appelation familière fit froncer les sourcils de la guerrière, dont la paume entoura la garde de son épée. David se décida enfin à intervenir, avant que la situation ne tourne très mal.
- Euh... Kea, Amaria, venez toutes les deux, suivez-moi.
Il descendit l'escalier sans vérifier que les jeunes filles prenaient bien sa suite. Arrivé au salon, il se laissa tomber dans le canapé, et invita ses personnages à s'asseoir, tout en observant leurs réactions.
Amaria semblait dissimuler son inquiétude face à un territoire si étrange, et elle obéit à David sans rechigner, imitée de Kea.
- Voilà, euh... commença David, très explicite, cherchant ses mots. Vous êtes, euh... dans ma maison. Je m'appelle David Liva, et je vous ai créées. Vous êtes les personnages principales de deux de mes romans.
Il craignait la réaction des deux jeunes filles, mais un troisième son, plus puissant encore que les précédents, les empêcha d'afficher la moindre expression de surprise. Tous trois se tournèrent vers l'escalier où retentissaient des pas pesants. David ferma les yeux. Il savait ce qui allait arriver.
Le héros de son quatrième roman était justement un anti-héros. Un général sans pitié dont la cruauté était connue de tout le peuple inventé par l'écrivain. Un homme dur et froid qui tuait quiconque s'opposait à son passage.
Tandis qu'il se livrait à une prière muette, oubliant momentanément son athéisme, David vit apparaître la haute stature du colosse dans son salon.


Voilà, ce n'était qu'une ébauche de ce qui pourrait arriver si jamais les personnages d'encre et de papier basculaient un jour dans la réalité...
A présent, écrivains en herbe, imaginez. Imaginez, que se passerait-il si jamais les héros que vous avez créés prenaient vie et se retrouvaient face àvous ? Comment réagiriez-vous ?
Je sais que c'est une idée folle, mais ça fait longtemps que j'avais envie d'en parler avec d'autres "jeunes écrivains".

Si les héros de vos récits devenaient réels ?

3/8

18/03/2008 à 01:07

J'ai une amie qui écrit extremement bien, et qui, pourtant, n'aime pas ses personnages outre mesure. Elle les compare a de simples pions, auxquels elle inculque ce qu'il faut...

C'est comme la musique, on peut etre un virtuose sans passion.(enfin..un peu HS mais jme comprends ]

Si les héros de vos récits devenaient réels ?

4/8

18/03/2008 à 12:52

Je crois qu'il y aurait plusieurs Moi, tout simplement.
C'est assez égocentrique mais je n'arrive pas à me permettre le récit d'une personne que je ne connais pas ni la description de sentiments que je n'ai jamais éprouvé ou encore de décor jamais rencontré. Et pourtant, j'ai une faculté à me mettre dans la peau des autres assez déroutante. Seulement, une fois qu'il s'agit de mettre sur papier tout cela, j'ai l'impression de violer une intimité, une histoire.
A priori, ça ne se voit pas au premier abord, mais derrière chaque texte, j'y laisse un peu de moi. Et ça me ferait peur de voir les héros de mes écrits devenir réels.
Quoique, quand il s'agit de l'ébauche de roman sur laquelle je me penche, j'aimerai bien connaître les personnages principaux...

Enfin bref, c'est une jolie réflexion et j'ai bien aimé ton texte pour illustrer tout ça.

Am Stram Gram.

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