Et paf ! Ca commence fort. Non, pas d'alinéa, pas de titre. Pas de "Chère Kitty". Ceci n'est pas un journal. J'ai tenu un journal pendant un an et je l'ai brusquement arrêté car je me suis rendu compte qu'il n'était que le reflet de la banalité d'une vie de collégienne. Ou n'était-ce que l'ennui des vacances d'été. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas l'intention de raconter ma vie ou mes voyages. Peut-être mes pensées et mes rêves. Mes peurs… Ma peur.
Celle d'être prise pour ce que je ne suis pas : une fille. Je suis un être humain à part entière dans un costume de fille, trop étroit à mon goût et pour mes grandes aspirations. Je suis coincée à l'intérieur d'une boîte scellée, entourée de chair à plaisir ; elle-même prisonnière d'un carcan de valeurs acquises et découvertes ; de "bon sens" et de loi du plus fort. Voilà pour la partie mégalomane, on peut commencer.
Un concept particulier me plaît : manger ou être mangé. Les êtres humains dépècent, hachent et dévorent des quintaux de viande par an. Volaille, bovins… Le plus curieux reste le porc. En effet, c'est un animal extrêmement proche de l'humain et pourtant l'un des plus consommé, exception faite des pays musulmans. Parlons-en, de cette interdiction divine de dévorer son porcin prochain. N'est-elle pas parfaitement justifiée ? N'est-ce pas profond respect que de ne manger de viande que si elle est bénie ("Hallal" en arabe) ? Certes, c'est juste et valeureux. Mais l'être humain se doit de redevenir la bête qu'il a été (et qu'il est toujours, cachée dans son cerveau reptilien). Je ne crois pas le cerveau humain capable de concevoir les idées du bon sens et de l'harmonie. L'Homme est un animal malin, suffisamment malin pour être égoïste. Suffisamment malin aussi pour s'auto persuader d'être altruiste alors qu'il n'existe pas d'action purement désintéressée. Telle est ma conception des humains : des tas de viande dévorant leurs semblables.
J'ai découvert que je m'amusais de peu et que je me désolais des choses les plus importantes. Parfois, l'un joint l'autre et mon désarroi se transforme en dérision. Je me ris de tout. Et entre un "Tu parles comme une philosophe" et un "Tu as une écriture d'écrivain", j'entend bien souvent à mi-voix : "Cette fille voit toujours tout avec humour". Des compliments du genre, des comparaisons à de grands penseurs ou membres de l'OULIPO, j'en ai entendu des tas. Et lorsque je dis ça, on dit que je me vante. Mais "on" est un pleutre : je ne suis pas modeste, c'est tout. Comme le Roi Heenok : "Moi, je dis les choses. Ca va devenir vrai ici t'entend ?!". Comme je disais donc; on m'assaille de compliments sur ma soi-disant maturité et mon optimisme. Si bien que, lorsqu'un jour, un type à peine plus vieux que moi a décrété en parlant d'un de mes textes (un récit relatant un fait divers de mon existence) que "Les adolescents ont tendance à faire de leur vie un mélodrame" et que j'étais un bon exemple de ce cas, j'en étais sur le cul. Je me suis rappelée que j'étais cataloguée comme "adolescente" et qu'il suffisait d'avoir trois poils de plus sur le pubis pour remettre à sa place plus jeune que soi, qui plus est, du fameux "sexe faible". En relisant cette critique qui m'était destinée, je me suis dis que tout cela n'était simplement qu'une auto-critique.
Je remercie d'ailleurs le jeune garçon m'ayant écrit ceci car j'ai cessé de mépriser les adolescents, désormais je les plains. Et les dénigre aussi un peu de temps en temps il faut bien l'avouer.
J'aime les gens. Je les aime profondément car ils me font rire. En vérité je ne les aime pas vraiment mais je les remercie pour tout, car grâce à eux, je me serre les côtes. Pourtant ils n'ont rien fait pour ça, et c'est justement ça qui est risible. Les gens qui me font rire volontairement, ce sont eux que j'aime. Lorsque j'aime, c'est avec passion. Je peux en dix minutes, passer du stade "Je ne t'aime pas car je ne te connais pas" à celui de "Je t'aime parce que tu me rends folle de jalousie" . J'aimerais tellement être les autres parfois. Aimer c'est, faute de ne pas être l'autre, avoir le désir de le posséder. La possession est plus ou moins forte selon le type de relation que l'on entretient avec une personne : "Je te possède, car je suis ta mère et que je t'ai crée" ; "Je te possède, car je désire ton corps et ce dernier m'appartient" ; "Je te possède, car tu es dépendant de moi" . Cela peut paraître assez rude, comme vision des choses. Mais mettons de côté les valeurs et les enjolivures de la vie de famille. N'est-ce pas la stricte (et triste) vérité ? L'amour familial (dit inconditionnel) ce n'est que de l'amour obligatoire. Il faut une sacrée dose de courage et de reconnaissance pour créer une relation d'amour avec sa famille. Ce ne sont pas des liens acquis. Ca se tisse. L'amour copulatoire ne débute que pas une série de signaux électriques et chimiques. Là aussi, il faut une vivacité d'esprit hors du commun pour se détacher de la réalité et n'aimer que par le spirituel, laisser de côté le charnel. Je ne dis pas que j'ai les pieds sur terre, mais séparer les deux est une erreur. Nous sommes des corps. L'être humain et un corps, possédant des organes internes, des kilomètres de vaisseaux sanguins, des besoins physiques. Cette vivacité d'esprit que j'ai alors mentionnée plus haut, n'est rien d'autre que la rose naïveté de nos amis les adolescents, notamment les filles, et surtout lors des premières amours. Citons-donc Shakespeare : "L'amour des jeunes n'est pas vraiment dans le cœur, il n'est que dans les yeux" Roméo et Juliette Acte 2, Scène III. Ca en jette hein ? Et oui, chers poètes. Une fille est aussi, que vous le vouliez ou non, un être hautement sexué possédant une part de bestialité. Elles sont loin de la pure Blanche-Neige ou Cendrillon de votre enfance. Vous n'échapperez pas à votre libido. Évidemment, il est rare que les garçons de cet âge ne s'en rendent pas compte. Ce sont les plus crus, certes, mais aussi les plus réalistes et pas définition, les plus sensés. Le désir charnel est bien réel. Dire le contraire serait se mentir. Et évitons-donc de citer Marc Lévy, le plus grand écrivain de supermarché du XXI° siècle.
Je pense avoir trouvé le juste milieu entre le terre-à-terre et le rêve savoir imaginer mieux et espérer plus grand tout en se résignant à la réalité et se contentant de ce que le monde nous offre de plus médiocre. C'est ça la liberté. C'est l'hypocrisie. Faire croire au monde entier que l'on est satisfait alors qu'on a de grands projets pour améliorer tout cela. C'est montrer au monde ce qu'il veut voir. Jouer le jeu d'apparences. Lui faire croire qu'on se laisse manipuler e exploser comme une mine au moment où il s'y attend le moins… Il y laissera une jambe ou deux. C'est mettre de côté les faiblesses. D'ailleurs, qu'est-ce qu'une faiblesse ? Pour moi, c'est le fait d'avoir du plaisir sans se l'être procuré soi-même. L'amour est une faiblesse. On est heureux, béat. Mais c'est à cause de (grâce à) un autre. Le rire est autant une faiblesse que l'humour est une force. Savoir faire rire sans rire. Rester de glace quelles que soient les circonstances et jouir de l'hilarité d'autrui. être fort, c'est être malheureux. "Sois-forte" m'a-t-on déjà dit. J'essaye de l'être, mais être malheureuse ne me convient pas. Je tente tout de même de rester stoïque face à une situation qui pourrait m'ébranler. Je joue ce jeu d'apparences, et laisse entendre que je vis au jour le jour, que j'apprécie les petites choses de la vie, alors que je ne fais que déplorer les grandes. Je me complais dans cet univers qui est le mien. Je suis le contraire de la "brute épaisse au cœur d'or". Ma partie tendre est en superficie.
Je je je je… c'est fatiguant n'est-ce pas ? À croire que j'ai un nombril cervical, ce qui expliquerait mon snobisme. Mais dans auto-dérision il y a "auto" non ? J'ai juste séparé la partie "auto" de la partie "dérision". Alors quand est-ce que ça devient rigolo ? Me direz-vous. Patience ! Mes amis, patience ! Attendez-donc la fin du monde, on va bien se marrer.
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09/02/2008 à 22:42 |
Long a lire, mais j'y suis arrivée...
J'aime beaucoup !
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09/02/2008 à 22:51 |
Okay.
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09/02/2008 à 23:03 |
C'est de la dynamite en barre de 1000. Je ne sais qu'en penser en vérité. J'aime beaucoup le style. Le contenu aussi parfois. Mais globalement ton texte me dérange sans que je puisse expliquer précisément pourquoi.
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09/02/2008 à 23:55 |
Wahou
C'est bien. C'est bien écrit. C'est drôle. J'aime tes tournures. Par contre certaines phrases sont trop longues. Met des virgules, des points. Je veux respirer ^^"
Poliurs