Dreams dreams...

One Shot : You and me

Je passait le portail du lycée quand je le vis. Il était beau avec sa longue écharpe, ses cheveux blonds ébouriffés par le vent hivernal. Ses yeux bleu électrique transperçant. Il avait une sucette à la bouche, surement à la fraise. C'était étonnant qu'un garçon de dix-sept ans comme lui mange encore des sucettes à la fraise, mais c'était tellement habituel chez lui. En me voyant sortir du lycée, mes longs cheveux noirs qui s'envolaient dans mon dos à cause des bourrasques, il esquissa un sourire.
Son écharpe cachait la moitié de son visage mais ses yeux, toujours visibles, m'attiraient comme des aimants. Une vague de chaleur m'envahit malgré la température ambiante. Son long manteau de laine grise, son jean bleu clair, ses converses montantes en tissu noir. Il est si élégant. Je devine qu'il a une chemise foncée à rayures noires cintrée en dessous, celle que je préfère. Je me hâte. J'ai tellement envie d'être dans ses bras. Ses petites ridules sur le front me font sourire à mon tour, les éclats de malice dans ses yeux confirment qu'il me défie mentalement de courir à lui. Je résiste à l'envie, et je ralentit même légèrement le pas, histoire de le faire attendre encore un peu. En approchant je remarque qu'il a une petite barbe de trois jours qui le vieillit un peu. Il fait au moins vingt ans. Une fois devant lui, je lui adresse un grand sourire, il est de ma taille, il arrête de jouer les plus matures. Il me regarde bien dans les yeux, et enfonce imperceptiblement son visage dans sa longue et épaisse écharpe de laine grise. Le sourire complice que je devine malgré tout lui donne l'air d'un adolescent de quinze ans. C'est drôle de voir à quel point une expression sur son visage pouvait le transformer. Il redresse de quelques millimètres la tête et me dit d'une voix suave.
-Alors bel inconnu, qu'est ce qui vous amène par ici ?
Je retient un rire et me prête au jeu.
-Je crois qu'on s'est déjà rencontrés quelque part non ?
-Peut être bien, mais si c'était le cas je n'aurais pas oublié un visage comme le vôtre.
Là je rit franchement.
-Que t'es bête. Je lui lance la boutade tout en passant mes mains dans son manteau, je les remonte le long de son torse, sentant chaque muscle frémir sous mes doigts puis sous l'écharpe, et place mes deux main contre ses joues. Lui m'a enlacé pendant ce temps, ses mains jointes dans mon dos, sous mes cheveux, dans le creux de mon dos. Quelques flocons tombent. Ce moment est parfait. Hors du temps, hors de tout. Juste lui et moi.
Il se penche alors vers mon visage, me chuchote quelques mots à l'oreille. Il ne me laissera jamais a quiconque, il sera mien à jamais, quoi qu'il advienne, nous ne somme qu'un.
Ces mots dit, il s'éloigne puis se rapproche de nouveau mais cette fois ci de mes lèvres, les siennes, fines, contre les miennes pulpeuses, nos yeux ne se sont pas quittés, et ne se quittent pas, je lis en lui à quel point il tiens à moi. Je crois mourir de bonheur.
On déserre notre éteinte. Nous partons vers ma maison, ce soir c'est un dîner de famille, Il n'y aura que ma sœur, son petit ami, ma mère et le sien, et moi avec le mien. Il propose de prendre mon sac de cours mais je préfère le garder, il me propose son manteau en voyant que je suis en simple chemise mais je décline l'offre, j'aime la morsure du froid sur ma peau. Je n'en reviens toujours pas d'avoir droit à ces attentions. Lui qui ne parle à personne, discret, effacé, je suis le seul petit privilégié à qui il accorde de l'importance et à qui il s'intéresse, cherchant toujours à subvenir au moindre de mes besoins. En rentrant je veux l'entendre, je veux pouvoir l'admirer jouer du violon, pendant que je suis allongé dans notre lit. Mais je sais que lui voudra m'entendre au piano, m'entendre jouer assis sur le canapé du salon. Nous savons tout les deux que nous finirons par jouer notre morceau tout les deux, chacun accompagnant l'autre, aucune mélodie ne primant. Une parfaite osmose. Ma mère aura les larmes aux yeux, comme d'habitude. En pensant à tout ça je m'approche de lui et glisse ma main dans la sienne, et tant pis pour les autres, et tant pis pour tout ces gens qui ne comprennent pas, et tant pis pour le reste du monde. Il n'y a plus que nous.

Frosties  

AlwaysA