Ce texte provient d'un de mes romans qui traite de la philosophie, qui reprend des mots à tendance philosophique et dont le sens est plutôt ambigu, et qui les traite.
La création devrait être faite pour que les gens aient les yeux qui pétillent, et pas autre chose. Créer est une souffrance perpétuelle.
Vivant, existant dans des états proches de la mort, jouant avec cette dernière : « J’ai joué avec la mort, je croyais être plus forte qu’elle, j’ai fini plus forte qu’elle… Mais ce qu’il reste de moi… »
Trop peu de gens se rendent compte que ce genre de choses existent, et ils ont bien raison de laisser tout cela derrière eux. Fuir les vérités est, parfois, pour les êtres humains une façon de se sentir plus forts qu’elles. Ils font exactement la même chose avec la mort.
Le créateur vit différemment, il approche les vérités, la mort, il ne fuit rien (même si trop de créateurs fuit la réalité en s’approchant des vérités, ce qui est un risque dont la personne doit être consciente, et dont elle doit se méfier). Il y a une multitude de possibilités pour créer. Il y en a d’ailleurs trop auxquelles on ne prête pas assez attention.
Freud disait que l’écriture est un moyen de combler les besoins de la réalité. Peut-être. Cette phrase a l’air de tomber sous le sens, mais il y a tout de même quelque chose qui me gêne.
Ce qui me dérange est surtout la globalité qu’intime cette expression, le fait que tous les écrivains, ou toute personne écrivant des lignes (en clair, tout le monde), éprouve elle-même un besoin, forcément.
Dans un deuxième temps, ce qui m’embête également, est cette fois le cas spécifique que l’on donne à l’écriture, comme si elle seule avait « l’indécente charge » de combler des besoins, descendant ainsi la condition de l’écriture comme étant une action intellectuelle destinée à assouvir des désirs animaux.
Déjà, pour moi, elle ne peut assouvir ce genre de désirs. Dans mon cas, si elle avait eu à assouvir quelque chose, c’est mon intellect, et non une quelconque pulsion primitive.
De plus, l’écriture n’est pas la seule à avoir « la tâche » de combler certains besoins. On peut combler des besoins de façons diverses et variées, et c’est propre à chaque être humain.
Ici, l’erreur de Freud est qu’il a fait une individualité d’un cas global (l’écriture), et une globalité d’un cas individuel (combler les besoins de la réalité… de qui ? de tous les êtres humains ? l’absence de C.O.S. est révélatrice dans cette phrase).
Je fais peut-être l’erreur d’analyser une phrase indépendante, alors qu’elle a probablement une relation avec un tout, qu’elle n’est qu’un argument appuyant une thèse, une thèse qui, excusez mon manque de culture, m’est inconnue.
Cependant, on a opposé cette unique phrase à la quasi totalité de ma propre thèse, ce qui m’oblige, effectivement sans aucune objectivité (qui peut réellement l’être ?), à réfuter cet argument de la façon la plus complète et spontanée qui soit.
L'art, la création |
1/5 |
19/07/2007 à 13:22 |
Oui très belle démOnstratiOn argumentative ... j'ai jamais fait de philO mais je sens que tOi ça te cOnnait !
Il est certain qu'il faut cOnnaitre la these de Freud pOur analyser sOn expressiOn et qu'On ne peut le faire sans cela.
En tOut cas très belle prestatiOn !
BravO ! ^^
L'art, la création |
2/5 |
19/07/2007 à 13:23 |
Mouais.
L'art, la création |
3/5 |
19/07/2007 à 15:10 |
Je trouve que la théorie freudienne, dans son ensemble, constitue un ouvrage considérable. Sinon, ce qui est plutôt gênant, c'est que tu fais de l'écriture un cas global, alors qu'il n'en est rien... Il s'agit peut être d'un phénomène massif, mais en aucun cas global ou universel... L'écriture n'étant pas un caractère inné,...etc...
Pour reprendre tes mots :"le fait que tous les écrivains, ou toute personne écrivant des lignes (en clair, tout le monde)" => Mais, il faut savoir que notre monde est encore, aujourd'hui, et c'est sûrement regrettable et malheureux, grandement touché par l'analphabétisme. Il existe bien des personnes en ce monde qui n'ont pas la chance de savoir écrire et lire. En ce sens, j'en concluerais que Freud a donc certainement raison. D'ailleurs, je suis assez d'accord avec lui. L'écriture est, comme tu le dis si bien "faite pour que les gens aient les yeux qui pétillent". Elle répond donc, en cela, au principe de plaisir freudien.
Ensuite, Freud n'accorde pas qu'à la création et à l'écriture seules le pouvoir ou encore l'indécente charge de combler les besoins. Il met également, et surtout, l'accent sur la libido, la pulsion sexuelle. Bref, chez Freud, l'écriture n'est pas au fondement du principe de plaisir, ce n'est qu'un exemple, plutôt infime justement (et c'est d'ailleurs plutôt cela qui serait choquant, ou inquiétant, à mon avis^^).
"et c’est propre à chaque être humain. " => Freud ne renie pas cela davantage, mais son souhait était de construire et de bâtir une science de l'esprit humain, au même titre que la médecine... Pourtant, lorsque paraissent des livres ou des articles de médecines, on ne s'entend pas dire "et c’est propre à chaque être humain. ", alors que cela reste vrai pour la médecine aussi. Il faut savoir que Freud ne l'oublie pas.
Maintenant, combler les besoins de la réalité... Il n'est pas question de combler les besoins de tous les humains. Mais seulement de dire que les êtres qui ont recours à l'écriture l'utilisent afin de combler les besoins de la réalité qui leur sont propres. Et, il me semble que chaque écrit, chaque création répond à un besoin initial, ne serait-ce que le besoin de créer, ou plutôt d'être et, comme dirait Spinoza, de persévérer dans l'être.
A vrai dire, si j'avais du reprocher quelque chose à Freud, ça aurait plutôt été son désir de fonder une science en faisant l'apologie du soupçon et du doute.
Ton texte en lui même est bien rédigé, et il suit un effort argumentatif. Mais bon, il faut quand même faire attention, dans la mesure où l'analphabétisme reste un fléau majeur du monde moderne...
Sinon, je regretterais finalement que le sujet se soit davantage concentré sur Freud (qui ne m'intéresse pas plus que cela, je dois l'avouer^^) que sur l'effort de création en lui-même.
L'art, la création |
4/5 |
19/07/2007 à 18:08 |
Je comprends Firenze^^
J'ai écrit ça un peu sur un coup de tête, parce que quelqu'un m'a sorti cette phrase pour dire que " l'écriture est masturbatoire, en clair mademoiselle, vous êtes une belle branleuse". C'est pas tant Freud que j'accuse, mais la façon dont a été utilisé sa phrase.
Ensuite, pour l'analphabétisme, c'est vrai qu'ici je n'y avais pas vraiment pensé, mais quand je dis "tout le monde" c'est en parlant de toutes les personnes qui pourront lire ce texte^^
En tout cas, merci pour ton analyse
L'art, la création |
5/5 |
19/07/2007 à 18:27 |
Bah... Ce quelqu'un aura sûrement lu Freud un peu à la hâte. Avec Freud, on en oublie souvent que le Thanatos supplante l'Eros, que le coté chaotique et destructeur, on ne peut plus pessimiste, pour ne pas dire presque nihiliste, prévaut sur le coté libidineux et sentimental.
Enfin comme je l'ai dit, le texte était bien rédigé et l'effort argumentatif appréciable, même si c'est un effort qui incite, comme toujours, à la plus grande prudence.