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helouizz |
Départ |
18 |
24/03/10 à 20:52 |
Déjà l'écho se brise, et le silence est d'or. Je suis sur un plot informe, assise en quelque sorte, et autour de moi les arbres se meuvent doucement sous la brise hivernale qui me glace jusqu'aux entrailles. Mes écailles irisées se dressent et le zéphyr les ébouriffe. La chronologie m'anéantit, moi et mes particules. Le temps dévide et file, et je me sens anachronisme. Mes idéaux sont en fuite, eux aussi; Mon nez fait office de porte de sortie, et propulse mes sens au néant.
Autour de moi, un petit terrain de jeux laissé à l'abandon, je n'y vois pas d'enfants, j'y vois une mort certaine. Les mauvaises herbes ont poussé aux pieds des attractions en plastiques. La balançoire escargot bouge légèrement d'avant en arrière, et frémit sous chaque bourrasque. Que dire de ce tableau, dépeint timidement ? Cet espace morbide me glace l'essence, l'image du balancier infini n'ayant pas son libre arbitre, ondulant au gré du vent.
Je m'y sens confrontée, cette horloge biologique inexorable, cette fatalité.
Mon corps tout entier est tapissé d'une fine couche de nerfs. Je ressens.
Le vent froid de ma contrée, des gouttes d'eau pèsent des tonnes sur ma carcasse vide. Je suis clouée au sol. Je me relève d'un coup, comme pour tester ma capacité à vivre vraiment.
Je me déplace, et mes gestes sont brusques, maladroits. Quelques mèches de mes cheveux me brouillent la vision. Mes pas se hâtent , ils se bousculent et je trébuche. Je ne touche pas le sol.
Chaque élément m'effleure.
Je suis insoluble. Je reste en surface. J'expire. Me mélanger à la vie, c'est comme des grains de sable dans un seau. Le dépôt du fond. C'est mon grand malheur.
Je suis maintenant sur un parking d'église. Le grand bâtiment se dresse devant moi, et une famille qui me semble épanouie sort de cette bâtisse, la jupe droite, les cheveux emmêlés. Sur le parvis de cette église, je reste longtemps, j'analyse, je découvre.
La procession de gens heureux me démantibule. Je trône, disloquée.
Je me maudis. J'aimerais croire. Je me dirige vers la grande porte cloutée, pleines d'aspérités, la peinture est vieille et j'atterris dans un sas. Combien de gens ont poussé cette porte ? Il y a un accès à gauche, et un à droite, et à mes oreilles parvient un son grossier, haut, vibratoire. Je me hisse avec peine jusqu'à la porte de droite. Il s'agit d'une ascension. J'entre, je suis tétanisée. Un homme en robe parle latin. Cela me rassure.
Amer, que j'aime. Je m'assieds sur un chaise isolée. Je crois même m'y être endormie.
Je me réveille en sursaut, il fait sombre, l'église est vide. J'ai un mouvement de recul, où suis-je ?
Dans la maison du Christ, bien sur. Un arôme particulier me transcende dans une pièce noire, sans fenêtre. J'ouvre les yeux, efface cette image qui me fait peur, tombe à la vue des grandes fenêtres multicolores. Je les examine un à un. Ils relatent une histoire. Je ne la comprends pas.
Je tire ma révérence, je crois même que je me suis excusée platement d'une voix creuse avant de quitter le sanctuaire glacé. Je me redresse, et une matière dure, froide et lisse retient mon attention. Existe-il encore une matière sans sinuosités ? Je sors de mon blouson un magnifique pistolet, poli par le temps, clinquant, et parfaitement vierge.
L'ombre plane. J'accuse cet éclat maléfique qui illumine le revolver que je pointe sur ma tempe à bout portant d'être coupable de l'acte que je m'apprête à accomplir. L'orchestre joue de toute sa force dans ma tête, la danse macabre de Saint-Saëns, le ciel se teinte de pourpre, et je m'apprête à parfaire ce somptueux décor en arrosant le sol vicié de mon sang, ainsi que des quelques bouts de ma maigre cervelle. L'étau se resserre sur moi, la pression infâme s'applique à contracter ma tête, je sens que je recule. Je lâche l'arme, et un bruit métallique s'envole dans les airs, se perd au détour d'une ruelle. Je suis seule, infiniment seule, je n'ai pas le courage de me balancer, pas le courage de vivre. Je suis dans une pièce de transition malsaine, et je comprend je suis vouée à y vivre, ad vitam æternam.
Il n'y a pas d'issues, ni à gauche ni à droite, et l'ascension n'est plus.
La pluie mouille mon visage. Mon visage est noyé de larmes. Je ne comprend plus si ma présence ici relève d'un but ou d'une profonde stérilité.
L'ambiance est morbide, la présence rassurante de l'arme dans mon manteau m'aide à avancer. Sur la chaussée humide se reflètent quelques lueurs jaunes, dans l'intermittence de leur créateur, humble lampadaire. A cet instant, j'ai l'impression d'être moi-même ces lueurs, simple annexe d'un point fixe où la lumière n'est qu'infinie. Les rues défilent, s'enfilent, et c'est assise dans le noir, enroulée dans un vêtement anonyme, que je me laisse aller au désespoir. Enfin je pleure, je me vide, je crie, je hurle, et mon ventre souffre d'une douleur inconnue, j'ai mal, mal, mal et je tire sur l'instabilité de la vie, sur celui qui m'oublie, sur la douleur constante des miens, et surtout sur cette incapacité à leur porter secours.
J'ai un gout de défaite dans la bouche. Un poids que je traîne depuis des années. Une envie de sortir du sas, d'enfin apprécier la vie à sa juste valeur. J'ai envie d'incarner vraiment. Je n'en peux plus de vivre vaguement. Je ne veux plus qu'on m'abatte de coups inutiles.
Mais ici, tout est insipide, ma vision est brouillée. Je suis parasitée, je ressens encore.
L'image candide du petit parc peuplé d'enfants, il y a quelque années, revient à ma mémoire.
Je repense à ce temps. Une odeur de barbecue l'été. Un soleil brûlant, mes deux parents, mon petit frère. Tout ces moments de bonheur.
Mon père est parti. Il est parti. Je suis seule. Je lâche le carnet. Je lâche le carnet et je m'endors ici. J'espère que demain quelques rayons de soleil taquineront mon visage.
Je croyais en Dieu. Je croyais en lui.
Je crois que mon père me regarde, m'épie. Je crois qu'il m'aime. Je crois que le soleil reviendra.
Le lendemain, lorsque j'ai ouvert les yeux, il faisait chaud, le soleil baignait la ville d'une douce atmosphère. Je suis rentrée chez moi, le visage encore humide. Je crois que l'étendue entière de cette vie m'échappe. Je saisis quelques bribes. Parfois.
Départ |
1/18 |
24/03/2010 à 21:02 |
J'ai tâché de faire des efforts sur la longueur des phrases. Je suis restée dans la simplicité ( je peux le faire parfois ! ). J'attends vos critiques, comme toujours je crois.
Et merci à ceux qui peut-être me liront !
Départ |
2/18 |
25/03/2010 à 10:17 |
Honnêtement j'ai pas tout lu, mais juste un commentaire sur la première phrase:
Déjà l'écho se brise, et le silence est d'or.
C'est un magnifique alexandrin, il est vraiment parfait , bravo =) Commencer un texte comme ça c'est tout bénef' je pense.
Pour la suite, promis je repasserai, la je peux pas.
Départ |
3/18 |
25/03/2010 à 10:52 |
J'ai tout lus et j'ai adoré, j'ai même regretté qu'il ne sois pas plus long, que la nuit soi si courte. Tant de tristesse et de désespoir, moi j'adore, je suis fan.
Un texte magnifique, que je relirais sans doute encore et encore.
Le passage dans l'église ma particulièrement plus, le fait que "l'homme en robe" parle latin, que les carreaux multicolore racontent une histoire que tu ne la comprend pas...bref c'est super.
Tu utilise des mots peu employé de nous tous dans une simplicité remarquable, et ça, c'est génial.
J'espère que tu en fera beaucoup d'autres comme ça, soi sûr que je te lirais.
Départ |
4/18 |
25/03/2010 à 21:13 |
Tiens, toutes proportions gardées, je l'aime bien celui-là.
Départ |
5/18 |
26/03/2010 à 19:55 |
Pas beaucoup de réactions ... Merci Samoth, venant et de toi et toute proportions gardées, merci !
Phantombe, Cela me fait très plaisir de savoir que les gens ont du plaisir à me lire.
Obsidien, je n'avais même pas remarqué l'alexandrin que j'avais fais ! C'est vrai que c'est tout benef' !
Merci tout le monde
Départ |
6/18 |
26/03/2010 à 20:00 |
Ça reste, mine de rien, plus clair que les premiers textes, du moins on voit que ça se canalise un peu.
Ça reste bien écrit pour une fille de ton âge.
Départ |
7/18 |
26/03/2010 à 20:12 |
Mouah j'accroche pas même si c'est un peu moins lourd que les deux autres.
Départ |
8/18 |
26/03/2010 à 23:10 |
Disons que c'est grossier, mes textes sont des rongeurs et ils peuvent vous répugner. J'avoue que j'aimerais en vivre, de mes textes, parce que j'aime écrire. C'est la chose que j'aime le plus au monde. Après niveau talent, la connerie rencontre l'alcoolémie, alors franchement, j'y crois plus trop.
Je crois aux morceaux épars de mon âme meurtrie. AHAH. Je me tape des barres parce que j'écris des bêtises, des clichés, des clochers. J'écris mon père et mon coeur. J'écris parce que on rosse mon âme et je taba(c)sse mes poumons en échange.
Je suis une douce métonymie, appelez moi Bouteille. Pédante, je suis loin d'être un érudit, et j'utilise pas mon savoir. Je n'ai aucun savoir. Je découvre la vie je l'admets. Je me construis sans Lui. Je crois que je me consume à petit feu.
Merci pour ces critiques. Cela est le reflet même de ce que je vaux. DE LA MERDE.
Départ |
9/18 |
26/03/2010 à 23:16 |
Et arrêtez de me juger sur mon âge. Pour moi c'est un affront;
J'ai 14 ans, et j'écris pas mon âge, mais ma vie.
'' c'est bien écrit pour une fille de ton âge ''
Si je crève dans quelques années, j'aurais assez vécu pour alimenter mon écriture.
J'aurais assez souffert pour pleuvoir mes mots sur du papier.
Si vous me ressortez l'histoire du cliché, ce n'est pas le cas.
Je suis errante, oui. Je ne suis pas jeune.
J'aimerais vous décrire une famille unie et belle.
Non.
J'ai 14 ans et je vis toute seule.
Ouaisouais.
Des claques dans ma gueule ?
Je ne suis pas pompeuse.
Je pompe à diverses sources.
Un vacarme oui.
Désolé.
Désolé.
Je crois que je me suis trop arrosée; Je suis littéral. Je persévère.
Départ |
10/18 |
26/03/2010 à 23:23 |
Si tu l'dis John.
Départ |
11/18 |
26/03/2010 à 23:25 |
John ? J'aime bien.
Départ |
12/18 |
26/03/2010 à 23:26 |
Mouah aussi, c'pour ça que je le dis.
Départ |
13/18 |
26/03/2010 à 23:28 |
Okaaaay princesse, dans ce cas ne compte plus sur moi pour lire tes textes, si c'est si facile de prendre les choses ainsi.
Amuse toi bien'
Départ |
14/18 |
26/03/2010 à 23:32 |
Je prends les choses bien. Je voudrais que pour une fois un fasse abstraction de mon jeune âge.
Pourquoi réponds-tu si vivement ?
Départ |
15/18 |
27/03/2010 à 10:49 |
Départ |
16/18 |
27/03/2010 à 11:39 |
"Merci pour ces critiques. Cela est le reflet même de ce que je vaux. DE LA MERDE. "
La merde qui est un engrais et qui fait pousser la vie dans les champs.
Tu as raison de pousser ton coup de gueule pour l'âge, c'est vraiment chiant d'être juger la dessus.
Départ |
17/18 |
27/03/2010 à 12:19 |
Pourtant, il est évident que ça compte.
Départ |
18/18 |
27/03/2010 à 13:09 |
Oui, c'est vrai que cela compte. J'aurais du mentir. Je n'aime pas qu'on me dise que '' c'est bien POUR MON AGE ''. Je me sens écraser. Pour mon âge, je ne peux valoir plus que ce qu'on attribue à celui-ci.