Je n'ai jamais trouvé d'intérêt à exposer ma vie ici, mais étant particulièrement exaspérée par votre vision on-ne-peut-plus réductrice de la situation, je m'y vois contrainte.
Il y a un an de ça, un homme m'a abordé dans la rue avec un discours élogieux même si relativement succinct. Je dois avouer qu'à cette époque, son air enjoué et son charme irrésistible ont suffit à me convaincre de le revoir, et c'est ce qu'il s'est passé. Il a déclaré avoir 30 ans, et ça ne nous a pas empêché de coucher ensemble. C'est à ce moment qu'il s'est passé quelque chose d'indescriptible, de dantesque, quelque chose qu'on ne doit pouvoir vivre qu'une seule fois, j'en suis convaincue. A partir de cet instant, j'ai su que nous allions nous revoir, et je ne me suis pas trompée.
Nous n'avons jamais envisagé l'exclusivité car étant lucide tout autant que vous, je n'ai jamais conçu que nous pouvions former un couple, l'idée m'a toujours semblé surréaliste. Mon avis est néanmoins divergeant dans la mesure où ce n'est pas une question d'âge mais simplement de désir de liberté.
Nous vivons des choses que la plupart d'entre vous, petits couples modèles et mortellement anodins n'ont jamais vécu et ne vivrez peut-être jamais. Les sentiments sont bien plus purs lorsque la possession n'est pas mise en cause et rien n'est plus passionnant, attirant que l'inaccessible.
Au delà de ça, je l'admets, il n'y a pas d'amour. D'une part parce que ce serait inapproprié, et d'autre part parce que l'amour a le pouvoir inéluctable de détruire les plus belles relations qui soient. En somme, il ne s'agit pas d'un sentiment essentiel lorsque sont présents l'affection et le partage.
Vous vous interrogerez sûrement sur le sens de cette relation et je vous l'accorde, il semblerait que ce soit légitime. Pour répondre, j'affirmerais simplement n'avoir jamais vécu quelque chose d'aussi enrichissant émotionnellement et spirituellement. Contrairement aux idées reçues, la différence d'âge, et par extension de génération (dans le cas présent, du moins), crée une complémentarité qu'il est intéressant d'exploiter avec toute la subtilité requise.
Par ailleurs, un centre d'intérêt commun peut suffire à conduire l'échange et la complicité à leurs paroxysmes.
Une relation ne peut être basée sur la satisfaction d'un seul des deux individus. Par conséquent, j'affirmerais avoir évolué bien plus rapidement que je n'y serai parvenu sans son expérience, ses conseils, son aide inqualifiable et son implication dans mon développement personnel. Le bénéfice qui en résulte peut parfois s'avérer bouleversant.
Pour sa part, il estime vitales l'insouciance que je parviens à lui transmettre, la vision éclectique que je peux avoir vis à vis de ce qu'il me confit et la tendresse qui s'en émane.
Ce type de relation n'est, certes, pas conforme aux normes et aux valeurs de notre très chère société. Mais quelle en est la profonde importance?
Pitié, cessez de revendiquer une ouverture d'esprit à priori inexistante tandis que vous vous révélez intolérant à ce point face à l’anticonformisme.
Pardonnez moi de privilégier mon épanouissement personnel à vos préjugés hostiles et infondés et, pour votre bien, sachez évaluer la différence entre adhésion et compréhension.