Des salves de pluie s'écrasent sur les fenêtres. J'ouvre un peu, une vague d'air glacé me submerge, une odeur de clope me monte au nez. L'orage gronde, tout près, les poils sur mes bras s'hérissent et je frissonne. D'impatience. Assise sur le rebord de lafenêtre, les jambes pendant dans le vide, je n'attends qu'une chose. Voir le ciel sombre de cette nuit de solitude se déchirer d'un éclair. Sursauter au son du tonnerre, et l'implacable dilemme d'être assise ici. Tombera, tombera pas. Grondement. Sursaut. Où est la lumière ? La Lune se cache et le ciel s'ouvre en deux. L'éclair et sa magnificience, qu'y a t-il de plus beau, maintenant que le monde s'écroule sous les gouttes ? J'esquisse un sourire. Ce soir, il n'y a pas d'étoiles pour dessiner son visage dans le ciel. Est-ce que ça me manque ? Non. Bien sur que non, et le tonnerre m'approuve, écoutez. En contrebas, l'océan gronde plus fort encore et l'écume éclate sur les rochers, dessinant des corps à la dérive dans ces eaux sombres.
Tic. Tac. Tic. Tac.
L'aiguille finit son tour. Assise sur le rebord de la fenêtre, je me recroqueville un peu plus, scrutant la nuit. Il est deux heures vingt-trois du matin, et je ne dors pas. Je lutte. Mon lit me tend les bras, je recule. Je sais que si je me glisse entre les draps, je retrouverai l'odeur d'un corps qui me manque. Senteur masculine, un peu sucrée, d'un homme pas encore vraiment sorti de l'enfance. Je me souviens encore de cette présence, tout contre moi. Il n'était pas toujours là. Mais lorsque je sentais sa peau contre la mienne, croyez-moi, le monde ne tournait plus de la même façon. Ses gestes lents entamaient une valse langoureuse avec la moindre parcelle de ma peau et nos sourires s'entrechoquaient dans l'infini de nos regards trop éphémères. Quand il partait, les nuits étaient plus sombres et les jours plus longs. Le temps semblait élastique loin de lui, mais ni l'un ni l'autre nous n'avions d'autre choix que d'attendre les retrouvailles. Il était l'idole de milliers d'yeux, je me devais de partager sa beauté, ses gestes d'amour et ses mots doux. Bien sur, je frémissais quand il disait qu'elles étaient tout pour lui, et que non, il n'était pas amoureux, qu'il n'avait personne d'autre que son public dans sa vie. Bien sur, j'étais jalouse, quand il était sur les routes pour elles et en oubliait jusqu'à mon existence. Mais jamais, non jamais, je n'ai douté de son retour. Comprenez, on s'aimait, purement et simplement. Il revenait toujours un peu plus changé, mais la douceur de ses étreintes était à chaque fois identique. Ses escapades irrégulières s'espaçaient de plus en plus, et je n'arrivais plus vraiment à retenir son esprit auprès de moi...Je crois qu'à ce moment là déjà, il n'était plus avec moi.
Tic. Tac. Tic. Tac.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était un soir comme celui-ci. Un soir de tempête. L'océan se déchaînait sous les fenêtres et nos corps se sont enchaînés l'un à l'aute comme jamais, dans une ultime étreinte passionnelle. Je ne savais pas que ce serait la dernière. Au milieu de la nuit, il s'est relevé, pensant que je dormais. Je l'ai entendu sortir. Lorsque je me suis avancée vers la fenêtre, j'ai vu sa longue silouhette sombre s'enfoncer dans les vagues folles. Le temps d'un battement de cils, et le spleen avait déjà recouvert son corps maigre. L'écume a explosé sur les rochers, formant une silouhette mousseuse.
Son dernier adieu.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Il est trois heures quarante-sept, et dans une minute, comme tous les ans à la même date, depuis trois ans, une vague éclatera sur la falaise, dessinant son corps perdu.
[A Lui.]
Un Soir de Tempête |
1/6 |
24/09/2009 à 18:57 |
Mon avis est mitigé.
Je trouve qu'il y aurait pas mal de choses à redire sur la forme, quelques phrases sont maladroites. Celle-ci par exemple est très lourde:
"Ses gestes lents entamaient une valse langoureuse avec la moindre parcelle de ma peau et nos sourires s'entrechoquaient dans l'infini de nos regards trop éphémères."
Y'a un peu trop de mots qui sont là pour faire joli, à mon sens.
En revanche, l'histoire, même si elle est banale, est touchante. Bien traitée, et percutante. C'est sincère, et ça se sent.
Un Soir de Tempête |
2/6 |
24/09/2009 à 20:00 |
Il y a de jolies tournures, d'autres plus maladroites.
Dans l'ensemble, c'est tout de même un beau texte.
Un Soir de Tempête |
3/6 |
24/09/2009 à 23:10 |
C'pas mal, enfin surtout le dernier paragraphe parce que le reste est relativement lourd.
Un Soir de Tempête |
4/6 |
25/09/2009 à 19:32 |
Je trouve ce texte magnifique. Tu en as d'autres comme ça ??
Un Soir de Tempête |
5/6 |
29/09/2009 à 20:54 |
Pincez-moi, Frosties a trouvé ça pas mal ??? O_O
Sinon, j'ai pas mis les mots dans tel ordre pour faire joli, j'écris ce qui me vient sous les doigts, y'a rien de réfléchi là-dedans. C'est peut-être aps la meilleure façon d'écrire, mais je ne sais pas faire autrement ^^'
Mais merci quand même, Inhumaine & Suave.
Et Arcos, j'ai posté d'autres textes, t'as juste à les chercher.
Un Soir de Tempête |
6/6 |
29/09/2009 à 21:00 |
Waouw, j'ai adoré !
Vraiment je trouve que c'est remarquablement écrit. En fait j'allais dire que je n'aimais pas trop le fond, l'histoire quoi, et puis le dernier paragraphe et surtout la dernière phrase m'ont fait frissonner !
Bravo bravo bravo, tu écris génialement !