Il crève, le ciel.

Il crève, le ciel. Regarde. Tu le vois ? Tu la vois ? Cette cicatrice dorée qui lui balafre le front ? Non, c'est pas Harry Potter. Mais presque. Les pouvoirs magiques en moins.
Parce que le ciel, il est comme nous.

Le ciel, il pleure. Et là, il hurle. Tu l'entends ?
Tu l'entends, son cri rauque et déchirant, douloureux et résonnant ? Tu l'entends rugir à l'horizon ? Il hurle, il hurle à l'agonie. Il crève, le ciel. Regarde. Il crève de te voir vouloir crever à sa place et le rejoindre maintenant. Alors descends de cette chaise. Et regarde le. Regarde le pleuvoir des cordes et se pendre à leurs bouts. Pour toi. Regarde le se noyer dans ce déluge, s'assommer sous ces trombes d'eau. Regarde le se tailler les veines avec les éclairs et se cramer la peau sous le soleil couchant.
Savoure la mort du ciel pour mieux savourer ta vie.

Tantôt noir de rage, tantôt gris d'ivresse. Il est comme nous, le ciel. Il vit et il ressent.
Il est flemmard quand il ne veut pas raser les nuages qui recouvrent ses joues.
Comme toi.
Et il tousse un peu trop fort quand il fume du brouillard.
Comme moi.

Il est capricieux les jours d'automne, heureux les jours d'été. Il est froid l'hiver et changeant au printemps. Il est rouge violet, bleu orangé, gris jauni et noir rosé.
Et tandis qu'il a le cul entre l'aube et le crépuscule, nous l'avons entre deux chaises.
Enfin.
Non.
Mauvaise expression.
Parce que la chaise, tu l'as sous tes pieds.

Mais descends.
S'il te plaît.
Descends.
Ne ferme pas les yeux sur la fenêtre, ne ferme pas les yeux sur le monde, ne ferme pas les yeux sur la vie. Ouvre les sur moi, sur moi et le ciel, qui crèvera pour toi. Il te doit bien ça, tu l'as tellement loué. Allez. Fais pas le con. Descends. Rejoins moi. Le ciel ne t'attend pas, le ciel ne te veux pas. Regarde le succomber pour toi dans les abysses de la nuit.

Enlève moi ce lasso et ne t'étrangle pas.
Regarde plutôt le ciel qui te souffle du vent pour te gonfler les poumons, qui te pleut une douche froide pour te raisonner l'esprit. Regarde le ciel revivre sous les étoiles pour te tenir compagnie. Il ne te veux pas avec lui, il te veut ici, il te veut plus bas. Il te veut avec moi. Alors descends. Ne monte pas sur le dossier pour monter plus haut le voir. Il te refusera.

Voilà. C'est ça.
Descends.
Et viens voir sur la véranda ce ciel qui commence à sourire de te savoir toujours là...


L'homme s'approcha du balcon, appréhenda la hauteur de l'immeuble et sauta.

Parce qu'avant de monter au ciel il faut parfois tomber plus bas.


© Noémie, Octobre 2008.


Je n'étais, à la base, pas convaincue par ce texte qui m'est venu en un seul jet. Et puis, comme je n'ai strictement rien à perdre, je l'offre à votre critique, que j'espère aiguisée !

Bien à vous,
Am Stram Gram.

PandiPanda  

Il crève, le ciel.

21/24

30/10/2008 à 14:09

Je suis un grand critique

(Nan sans déconner, j'trouve beau, c'est tout. J'suis pas un grand critique littéraire, mais ya un petit quelqu'chose qui fait que j'aime : P)

Chapeau pointu  

Il crève, le ciel.

22/24

30/10/2008 à 14:12

J'aime ce texte, autant pour le fond que pour la forme. Il y a ce petit quelque chose qui m'a fait accroché. Merci pour ce moment agréable.

Lemon_Cake  

Il crève, le ciel.

24/24

30/10/2008 à 16:15

J'aime beaucoup. Tes textes sont souvent assez différents les uns des autres et j'aime bien cette "diversité"(Je trouve pas le mot, alors j'écris "diversité" )

J'adore la fin. Surtout la phrase:
Parce qu'avant de monter au ciel il faut parfois tomber plus bas.