Moins de 18 ans
18 ans ou plus
Indian Fog | euh- | 1 | 16/04/08 à 00:43 |
Lili leva lentement son joli petit cul du mur où elle s'était posée, et vint s'asseoir à côté de moi. Une jolie silhouette à côté d'un bonhomme de quarante-cinq balais, plus imbibé qu'un torchon qu'on essore, habillé de vieux haillons d'un beige incertain. Et pourtant, aussi abîmé, piteux et étrange que j'étais, elle aimait se tenir près de moi, ne rien dire, m'écouter, et repartir. On n'était ni amoureux, ni amis, ni rien, à vrai dire je ne savais même pas son vrai nom : Lili lui allait bien, c'était tout. J'éteignis mon mégot, cracha, et repris mon discours illuminé. Les vapeurs éthyliques continuaient à frapper mon esprit de l'intérieur, rendant mes mots encore plus distordus qu'à l'ordinaire :
"J'ai vu dans les longues ruelles acides de la Chine traîtresse,
Des gens marcher vers la mort, trébuchant sur une ruine opiacée,
J'ai vu dans l'Afrique irréelle et éparse,
D'immenses collines tapissées de chaire déchirée,
Et des lames plus acérées que les Dents de l'Enfer,
J'ai vu dans l'Amérique riche et maîtresse,
Des amis mourir d'un mal bénin mais cher,
Et des Indiens briller d'histoire ingrate,
Enfin j'ai vu le bout du monde, au milieu de nulle part,
Passage onirique vers un amour humain.
Puis je me suis endormi. J'ai revu les ruines
J'ai revu les collines et les tombes, alors je suis rentré,
Et je ne pus jamais plus goûter à l'innocence Précieuse.
Mes yeux ont vu trop d'horreurs pour pouvoir continuer
A marcher en titubant parmis les ombres hypocrites."
Alors Lili s'approcha, me tendit un petit papier, et s'éloigna. J'attendis le soir pour l'ouvrir, et lu :
"J'ai vu la mort, l'horreur, aussi. Et j'ai vu l'amour. Les ombres côtoient les anges, tu sais. Nous sommes bloqués ici, et nous devons cheminer entre les extrêmes, vers le bout du monde. Parfois, en route, on est content."
euh- | 1/1 | 16/04/2008 à 00:47 |