La peinture s’accroche à la crinière de mon pinceau et je lâche la première tache de couleur sur la toile. Un frisson de perfection nait à la pointe de mes orteils, grimpe le long de ma colonne vertébrale et s’épanouit à la cime de mon crâne. C’est délicieux. J’avais oublié.
A l’époque, je tendais mes toiles moi-même. Mais chaque chose en son temps. Revenir aux sources, petit à petit.
La simple goutte, la première goutte de ce tableau, jaune, vive comme les vêtements que je portais à cette époque, s’écrase et s’étale. Comme les pétales d’un chrysanthème qui s’épanouissent, en accéléré. C’est beau, déjà. Je n’ai même pas envie de continuer, c’est beau tout seul, l’acte est beau en lui-même. Mais il faut continuer, je sais que ce sera encore plus beau, encore plus bon après, au prochain motif, à la prochaine couleur.
Il suffit de tremper mon pinceau dans le bleu de ma palette, il reste un peu de jaune et ça fait du vert, c’est juste magique.
Mon bras s’agite et le rouge, le rose rejoignent mon tableau. Je reprends mes habitudes, mes reflexes d’antan, et tout va bien.
Les couleurs peu à peu se mélangent, se dissolvent dans l’eau, s’entremêlent, se contournent, juste comme ça, spontanément. De l’extérieur, ce n’est peut-être pas beau à voir. Mais la vraie beauté, elle est dans le geste, dans l’action, dans la liberté. Je suis là, j’existe, à cet instant précis, dans l’espace et dans le temps, et je crée quelque chose.
Ce n’est pas compliqué et c’est merveilleux.
Au final c’est abstrait, c’est embrouillé, mais mon sourire est tout à fait exact. D’une fossette à l’autre, deux traits de peinture rouge qui se relèvent aux extrémités. J’avais oublié que le bonheur, le vrai bonheur, se base sur ces tous petits plaisirs de l’existence. J’avais effacé ça de ma tête, je m’étais crée ce monde noir et enfermé. Et malheureux.
C’est malheureux. Mais le malheur, c’est nous qui le créons. Car rien n’existe, ni bonheur, ni malheur, nous nous en faisons juste une idée, un concept.
Alors il faut par moments se lever, sortir une toile, un pinceau, un instrument de musique, un appareil photo, un stylo, et créer autre chose que des concepts d’existence. Créer la vie, la vraie, sans détour, juste par le moment qui passe devant nous. Se saisir des choses dont nous sommes sûrs.
J’ai déchiré mon tableau, il était raté. Mais cette sensation absolument parfaite et délectable de bien-être immédiat, personne n’a le pouvoir de la déchirer. Ni moi ni personne.
Elle a existé.
Existence palpable |
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22/10/2008 à 22:01 |
Existence palpable |
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22/10/2008 à 22:04 |
Pas mal.
Existence palpable |
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22/10/2008 à 22:05 |
Wowowow, ai-je bien lu ?
Merci beaucoup
Existence palpable |
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22/10/2008 à 22:15 |
Nobody else ?
Existence palpable |
5/12 |
22/10/2008 à 22:26 |
Toujours joliment dit ^^ J'aime beaucoup le style ^^
Pas une faute, rien (ou alors j'ai mal vu ^^'), mais vraiment, bien ^^
Ceci dit c'est possible que ça manque un peu de lâcher ^^ tu devrais te lâcher un peu plus, te laisser aller, là on sent que ce n'est pas complètement...libre ^^
A toi de voir
Existence palpable |
6/12 |
22/10/2008 à 22:30 |
Dis donc, tu t'es vachement améliorée depuis la dernière fois que j'ai lu un truc de toi !
Existence palpable |
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22/10/2008 à 23:07 |
Alors il faut par moments se lever, sortir une toile, un pinceau, un instrument de musique, un appareil photo, un stylo,
une caméra aussi
Existence palpable |
8/12 |
23/10/2008 à 12:30 |
C'est jolie, mais sans plus.
Existence palpable |
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23/10/2008 à 12:36 |
J'aime bien.
C'est simple et beau.
Existence palpable |
10/12 |
27/10/2008 à 23:04 |
J'aime beaucoup, c'est tout simple et j'aime bien lire un texte léger comme celui-ci de temps en temps
Existence palpable |
11/12 |
28/10/2008 à 12:46 |
Merci à tous.
Existence palpable |
12/12 |
28/10/2008 à 12:54 |
J'aime beaucoup. Comme on l'a dit plus haut, c'est simple, léger, doux. J'adore!