Bonjour, j'ai une explication de texte en philo mais je n'arrive pas a commencer. Je suis dessus depuis trois semaines et aucun moyens de trouver la moindre piste. Je m'en suis très bien sortie pour la première mais celui la j'ai vraiment du mal..
C'est un texte de Leibniz, si quelqu'un pourrait me donner une micro aide, merci.
Le texte : Je ne voudrais point dire non plus que l’identité personnelle et même le soi ne demeurent point en nous et que je ne suis point ce moi qui ai été dans le berceau, sous prétexte que je ne me souviens plus de rien de tout ce que j’ai fait alors. Il suffit pour trouver l’identité morale par soi-même qu’il y ait une moyenne liaison de conscienciosité d’un état voisin ou même un peu éloigné à l’autre, quand quelque saut ou intervalle oublié y serait mêlé. Ainsi, si une maladie avait fait une interruption de la continuité de la liaison de conscienciosité, en sorte que je ne susse point comment je serais devenu dans l’état présent, quoique je me souviendrais des choses plus éloignées, le témoignage des autres pourrait remplir le vide de ma réminiscence. On me pourrait même punir sur ce témoignage, si je venais de faire quelque mal de propos délibéré dans un intervalle, que j’eusse oublié un peu après par cette maladie. Et si je venais à oublier toutes les choses passées, et serais obligé de me laisser enseigner de nouveau jusqu’à mon nom et jusqu’à lire et écrire, je pourrais toujours apprendre des autres ma vie passée dans mon précédent état, comme j’ai gardé mes droits, sans qu’il soit nécessaire de me partager en deux personnes, et de me faire hériter de moi-même. Et tout cela suffit pour maintenir l’identité morale qui fait la même personne.
Explication de texte, philo. |
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11/11/2013 à 12:05 |
Hummmm, donc c'est sur l'identité personnelle.
Bon, je vais te donner un avis personnel, mais prends le avec parcimonie, plus fait de philo depuis 8 mois quand même x).
Je ne voudrais point dire non plus que l’identité personnelle et même le soi ne demeurent point en nous et que je ne suis point ce moi qui ai été dans le berceau, sous prétexte que je ne me souviens plus de rien de tout ce que j’ai fait alors.
Ici, Leibniz commence par préciser le fait que l'identité personnelle, malgré le fait qu'elle puisse être dictée par les autres, est bien une caractéristique propre et interne à l'être humain. L'identité n'est pas forcément liée à la mémoire, nous ne sommes pas nos propres souvenirs mais bien ce que nous avons été par le passé.Sachant que la mémoire peut parfois être bien subjective, avec des omissions sur les choses qui nous ont déplu, ou des ajouts un peu "héroïques", on ne peut pas dire que c'est le souvenir que nous avons de nous même qui peut nous définir. L'identité personnelle, c'est avant tout l'expérience qu'on a eu des choses.
Il suffit pour trouver l’identité morale par soi-même qu’il y ait une moyenne liaison de conscienciosité d’un état voisin ou même un peu éloigné à l’autre, quand quelque saut ou intervalle oublié y serait mêlé. Ainsi, si une maladie avait fait une interruption de la continuité de la liaison de conscienciosité, en sorte que je ne susse point comment je serais devenu dans l’état présent, quoique je me souviendrais des choses plus éloignées, le témoignage des autres pourrait remplir le vide de ma réminiscence
Ici, la seule difficulté c'est de comprendre le terme "conscienciosité". Il s'agit d'être conscient, ici d'être conscient de notre expérience. Quand on a des "trous de mémoire", dit ici comme "saut ou intervalle oublié", c'est qu'on a oublié certains passages de notre expérience. Si on n'arrive pas à faire la réminiscence (se souvenir) de certains passages de notre vie, on peut toujours demander aux autres de nous conter ça, afin de découvrir le cheminement qui a fait de nous ce que nous sommes. Donc, à mon idée, par ce paragraphe Leibniz fait une distinction identité personnelle/identité morale, puisque l'identité personnelle serait plutôt quelque chose totalement lié à notre expérience tandis que dans l'identité morale il y aurait une certaine forme de subjectivité de notre part et de celle des autres, selon des concepts de moralité adaptés selon une société donnée. A vérifier!
. On me pourrait même punir sur ce témoignage, si je venais de faire quelque mal de propos délibéré dans un intervalle, que j’eusse oublié un peu après par cette maladie. Et si je venais à oublier toutes les choses passées, et serais obligé de me laisser enseigner de nouveau jusqu’à mon nom et jusqu’à lire et écrire, je pourrais toujours apprendre des autres ma vie passée dans mon précédent état, comme j’ai gardé mes droits, sans qu’il soit nécessaire de me partager en deux personnes, et de me faire hériter de moi-même. Et tout cela suffit pour maintenir l’identité morale qui fait la même personne.
J'avoue que là j'ai un peu de mal :3. Donc à prendre avec des grooooossses pincettes, là j'en sais pas grand chose. Donc en fait, là je pense qu'il montre que l'identité morale n'est toutefois pas seulement un simple souvenir dans l'esprit des gens, mais qu'elle est tout autant ancrée en nous que l'identité personnelle. Lorsqu'on aurait oublié qui l'on est moralement, si on nous le rappelait, on ne serait pas forcément en train de se construire une identité morale toute faite, mais bien la notre qui nous est propre puisque malgré la subjectivité, elle nous est quand même attribuée!
Voilà, pour la fin j'ai bien merdé mais j'espère que ça pourra t'aider!
Explication de texte, philo. |
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11/11/2013 à 12:14 |
Merci beaucoup pour ton aide, ça m'a bien avancé et entrée temps j'ai essayé quelques pistes et ça se rapproche de ça. Par contre, je n'ai pas compris ce qu'est l'identité morale.. A la fin du second paragraphe et sur le troisième..
Explication de texte, philo. |
3/3 |
11/11/2013 à 16:56 |
Je ne crois pas qu'il y ait de distinction stricte à faire ici entre identité personnelle et identité morale. Moral renvoie simplement à l'idée de quelque chose de spirituel, donc c'est peut-être plus précis, mais c'est tout. On peut en déduire qu'il s'agit de l'identité de l'esprit, et non de celle du corps.
Conception de l'identité morale que réfute Leibniz : l'identité est fondée absolument par la mémoire. Si je peux établir une continuité entre mon état présent et mes états passé, c'est parce que je m'en souviens.
Leibniz montre que cette conception a des implications absurdes du pont de vue du sens commun.
Premier exemple : on ne se souvient pas de ce qu'on a fait étant bébé, et pourtant ce bébé c'était nous. Nos souvenirs ne remontent pas au-delà d'une certaine période de notre vie, pourtant c'était nous dans le berceau.
Suit le passage un peu technique de la "conscienciosité" (fait d'être conscient) appuyé par un deuxième exemple, celui de l'amnésie. Bien expliqué par Morgenstern (sauf la distinction identité morale/personnelle) je reviens pas dessus.
On me pourrait même punir sur ce témoignage, si je venais de faire quelque mal de propos délibéré dans un intervalle, que j’eusse oublié un peu après par cette maladie.
ça c'est un problème philosophique important : Si j'ai commis un crime, mais que je ne m'en souviens plus, suis-je toujours coupable ? Peut-on punir quelqu'un pour quelque chose dont il n'a pas la mémoire ? Si la réponse est non, ça pourrait réhabiliter la thèse identité personnelle = mémoire, mise à mal jusque ici.
Mais ce qui pourrait être un problème est considéré par Leibniz comme un argument en faveur de sa thèse, tant la réponse lui paraît évidente. Oui, un individu, même s'il oublie ses méfaits, est toujours coupable - que ce soit du point de vue du droit ou du sens commun (dans la mesure où les deux s'accordent ici, à travers le droit, c'est bien le sens commun qui est visé).
Et si je venais à oublier toutes les choses passées, et serais obligé de me laisser enseigner de nouveau jusqu’à mon nom et jusqu’à lire et écrire, je pourrais toujours apprendre des autres ma vie passée dans mon précédent état, comme j’ai gardé mes droits, sans qu’il soit nécessaire de me partager en deux personnes, et de me faire hériter de moi-même.
Première partie de la phrase déjà expliquée. La seconde partie est encore une référence au droit. Il serait absurde que l'amnésie entraîne la création d'une nouvelle personne juridique, distincte de celle qu'on a oublié. C'est donc que l'identité morale ne se fonde pas absolument sur la mémoire.