Je sais pas trop ce qui m'a pris, et j'arrive pas à déterminer si ça a de l'intérêt ou pas. A vous de juger!
… et Facebook est Son prophète.
C’est arrivé dans la nuit, il y a deux jours. Quoi ça? Je ne sais pas exactement. J’accuse durement un coup dont je ne connais pas la cause. Je ne suis pas la seule. Où que j’aille, partout, des visages blafards, peu de sourires. Concrètement, rien a changé et pourtant tout est différent. En une nuit, une main invisible a fait dans le monde plus d’un milliard d’orphelins.
Deuil des classes aisées de ce monde, deuil que portent essentiellement les plus jeunes. Ah, se sentir soudain privé de quelque chose qu’on avait cru naturel, immuable! Et puis la honte surtout, oh !, la honte de se laisser abattre pour si peu. Si peu ?
Car oui, Facebook n’est plus.
C’est ça, souriez. Souriez, alarmistes de mauvais augures ; souriez, théoriciens d’un grand complot online ; souriez, boycotteurs rabats-joie. Moquez-vous. Ca n’a plus d’importance maintenant.
Il a disparu de la toile. Il a disparu de nos écrans. Il semble que personne, nulle part, n’y aura plus jamais accès. Les bases de données ont été détruites. Certaines voix ont émis l’hypothèse d’une attaque terroriste, d’autres penchent pour un phénomène paranormal ou une intrusion d’origine extra-terrienne dans notre réseau. La vérité est que personne n’y comprend rien. La vérité est que ce n’est pas le plus important. Nous avons subi une énorme perte. Nous sommes blessés et honteux, nous avons été trahis par une technologie que nous ne comprenions pas assez pour savoir à quel point elle était fragile. Le choc est rude pour nous tous, fous que nous sommes d’avoir confié notre bonheur à quelque chose d’aussi intangible.
Perdues à jamais les photos, celles qu’on ne prenait pas la peine d’enregistrer sur notre disque dur car nous croyions que Facebook était immortel. Oui, perdues, les photos, comme autant d’instantanés du bonheur.
Disparus les messages, les commentaires, les statuts, les murs, les groupes. C’est une bibliothèque, que dis-je ?, plusieurs millions de bibliothèques qui ont brulé, réduisant en cendre cette masse de correspondances, ces déclarations d’amitié, d’amour, de guerre, les plaisanteries, les réflexions, toute la poésie de ces instants, les liens qui se nouent, ceux qui se défont.
Impossible désormais de revivre une relation amoureuse, du premier poke à la rupture, en une heure, rien qu’en relisant les actualités. Impossible à présent de retrouver les commentaires et messages que vos amis les plus chers vous ont laissés, traces d’affections que l’on croyait immortalisées. Impossible maintenant de suivre de loin les rebondissements de la vie d’un quasi-inconnu en guettant les moindres changements de sa fiche, jusqu’à ce qu’il nous devienne plus familier que certains de nos amis, sans qu’il n’en sache jamais rien. Et qui nous dira qui nous sommes, qui nous aidera à construire l’adulte que nous deviendrons si nous ne pouvons plus remplir les tests du prophète Facebook ? Nous n’avons plus de réponses, nous sommes une génération orpheline, comdamnée au doute et à l’angoisse, des enfants malades et affaiblis n’ayant plus d’autre choix que de devenir eux-mêmes sans aucune aide.
Dans la rue, à l’école, au bureau, tout le monde en parle. La plupart des adultes essayent de paraître détachés, pour faire croire que, non, pour eux, ça n’avait pas tellement d’importance. Menteurs ! Les adolescents ont moins d’inhibitions. Nous souffrons affreusement de cette catastrophe dont nous sommes les principales victimes. Appelons un chat, un chat, et ceci, c’est le plus horrible des drames.
Certains continuent d’essayer, avec l’énergie du désespoir, d’atteindre Facebook, butant des centaines de fois sur le même message d’erreur. D’autres, plus inventifs, ont imprimés des captures d’écran prises avant la catastrophe de leur page d’accueil et les gardent tout le temps sur eux. Quand le manque est trop fort, ils les sortent des poches de leurs jeans et les regardent fixement, tentant de retrouver un peu du sentiment de félicité et de profonde satisfaction qui les envahissait à chaque fois qu’ils jetaient un oeil sur fameux logo bleu.
Moi, chaque nuit, j’en rêve. Je m’évade dans un monde merveilleux nommé Facebook. Je n’ai rien à envier à l’Alice du conte. J’y suis physiquement. Je peux marquer les gens rien qu’en touchant du bout des doigts leur visage sur une photo. Je n’ai qu’à lever le pouce pour dire « j’aime » et un signe de la main suffit pour les pokes. Je vole, je vogue, je surfe sur la page d’accueil, passant au dessus des actualités et des mur-à-murs. Mes pensées s’affichent automatiquement en statuts, mes fantasmes sont publiés dans le fil des actualités, défilant de plus en plus vite, accumulant de plus en commentaires, tout tourne et je suis emportée dans une tornade blanche et bleue, une spirale de photos et de smileys, je suis MOI, entièrement à nu devant mes 467 amis et c’est merveilleux, c’est merveilleux, ah ! si vous saviez…
Je finis bien sûr par me réveiller, haletante, et, poussée par un fol espoir, j’attrape mon portable, l’allume, tape l’url tant adoré dans la barre d’adresse…
Et chaque nuit je me heurte au même message d’erreur.
Address Not Found
Firefox can't find the server at www.facebook.com.
Viennent les sanglots, coulent les larmes. On m’a abandonnée.
Please, try again.
Merci d'avoir lu.
EDIT: Ca vous fait quoi que j'aie utilisé quelque chose d'aussi trivial que Facebook pour écrire un texte un peu tragique?
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 14:20 |
Han t'as toujours ton soucis de connection alors
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08/07/2009 à 14:20 |
Sayou a écrit :
Han t'as toujours ton soucis de connection alors
Nice one. Non ça va c'est fini
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08/07/2009 à 14:22 |
Callebaut a écrit :
Sayou a écrit :
Han t'as toujours ton soucis de connection alors
Nice one. Non ça va c'est fini
Ah donc ce texte a été écrit avant
Au final c'est revenu tout seul ?
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 14:23 |
C'est bien "kiffant" ce texte
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 14:23 |
Callebaut a écrit :
e n’ai rien à envier à l’Alice du conte. J’y suis physiquement. Je peux marquer les gens rien qu’en touchant du bout des doigts leur visage sur une photo. Je n’ai qu’à lever le pouce pour dire « j’aime » et un signe de la main suffit pour les pokes. Je vole, je vogue, je surfe sur la page d’accueil, passant au dessus des actualités et des mur-à-murs. Mes pensées s’affichent automatiquement en statuts, mes fantasmes sont publiés dans le fil des actualités, défilant de plus en plus vite, accumulant de plus en commentaires, tout tourne et je suis emportée dans une tornade blanche et bleue, une spirale de photos et de smileys, je suis MOI, entièrement à nu devant mes 467 amis et c’est merveilleux,
J'aime beaucoup ce passage
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 14:24 |
Merci Alice.
Sayou, non ce texte a été écrit courant de la semaine passée. Y a pas vraiment de rapport avec mon problème de connection qui a d'ailleurs été assez vite résolu.
WhereWereYou, yep, moi aussi
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08/07/2009 à 14:25 |
J'aime
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08/07/2009 à 14:25 |
Ah j'adoore
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08/07/2009 à 14:53 |
Merci à vous.
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08/07/2009 à 17:26 |
Wow, je pensais avoir plus de succès que ça avec un titre aussi racoleur.
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 17:32 |
"J'aime"
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 19:02 |
L'idée est bonne, mais je sais pas. Ça me fait ni chaud, ni froid. J'en ris même pas. A mon avis ça manque d'un petit quelque chose pour lui donner vie, une substance.
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 19:43 |
Je trouve que c'est une très bonne idée, vraiment pas mal et bien écrit !
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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08/07/2009 à 19:56 |
Je suis désolé de casser le "J'aime". Mais moi j'aime pas trop trop, car je trouve que maintenant, les gens de pense que facebook, et se texte le démontre bien.
M'enfin, ceci dit, le texte et bien écrit
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08/07/2009 à 20:06 |
C'enorme, j'adore.
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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09/07/2009 à 10:47 |
Han, j'ai aimé dans le sens où, ce qui arrive, c'est mon rêve...
En effet, je suis parmi les "terroristes alarmistes de mauvais augures, théoriciens d’un grand complot online, boycotteurs rabats-joie"
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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09/07/2009 à 14:05 |
Merci à tous
Frosties, j'avais un peu l'impression que la narratrice prenait ça d'une manière trop ouvertement dramatique, que je devrais réécrire ça sous un angle où la détresse est moins évidente, plus insidieuse.
Cumulus, j'ai pas tout à fait compris ton message tu peux reformuler?
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09/07/2009 à 14:27 |
J'adore =D
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
19/30 |
10/07/2009 à 00:34 |
!sympa ton texte
en diré le récit d'un Nolife acros a facebook
… et Facebook est Son prophète. [Texte] |
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10/07/2009 à 01:44 |
Bad7 a écrit :
!sympa ton texte en diré le récit d'un Nolife acros a facebook
Tu peux rajouter kikoolol dans ce cas