Moins de 18 ans
18 ans ou plus
Aldico | Pour la femme ,ou pour la patrie ? | 2 | 23/08/10 à 09:32 |
Ma première création sur ce site...
11 heures sonnèrent au camp de Montsoupet, où la lumière décroissait… Comme le printemps venait de s’établir, la nuit était plus tardive, tandis que le jour arrivait promptement. Fabien achevait juste d’apprécier son dîner de soldat. Bien entendu, il s’était contenté de s’en abstenir, comme un tel repas le répugnait, puis s’était couché, étendu en travers de la tranchées, à l’exposition des flammes et sous la menace de l’ennemi.
C’est les boches ! enfin, c’est la mort qui guette !
De l’autre bord de ces terres désertes, les Allemand s’étaient résolu à bétonner les tranchées pour les rendent plus solides, mais nous, nous y avons à peine songé, nous condamnant dès lors aux désagréments atroces de la vermine et des rats, de la boue qui répand sa peste, et des maladies qui déciment ! Les soldats y étaient alors cruellement suppliciés, au front d’un conflit qui ne faisait que croître dans la démesure, et dans la violence... Il eut fallu déjà quitter cet étrésillon de bois dévoré par les bête.
Enfin, Fabien se couche, il songe et se dit que c’est affreux.
A cet heure où l’armée Français, rendue faible, et haletante, par les rafales des troupes vengeresses de l’ennemie, où les Français furent assassiné, il grandit à l’horizon du soleil une tige verte et vivace, un peu alanguis par le soir, se raidissant lentement, c’était une de ces premières dames de la terre que la pluie et la guerre avaient fini par épargner.
Mais à cette heure où la fleur éclos, fraiche et rayonnante, ce sont des milliers de vie à qui l’on imposait la mort : c’est la guerre, bien entendu, c’est l’engagement de toute une patrie à qui le devoir de l’état exige de sacrifier son existence ! Malheureuses existences ! Sacrilège de l’humanité ! Après tout, les fleurs, dans ces contrées dévastées où il faut se battre, elles n’éclosent jamais très longtemps, ne pouvant se mesurer, seules, contre les vents de colère des obus en furie, et, plus tard, à l’ouragan des shrapnell nourrie de haine… Le printemps est un temps mortifère : c’est mille yeux qui regardent le ciel en fixant les étoiles, c’est des milliers de regards élargis par la craintes des obus, de la guerre, et plongé dans l’irritation continuelle d’une volée de cendre… La guerre, c’est un nuage, c’est un voile qui enveloppe tout ce que l’homme peut à la fois associer au bonheur et à son contentement…
Alors quoi ? La guerre : c’est la mort !
L’homme est perdu dans l’acharnement du combat, il a tenu sans répit, tenace, opiniâtre, mais il s’est abandonné au désespoir.
Il a délogé son confrère, l’espoir, de son trou indigne, l’a chassé de ce monde où devait plus tard s’établir le démon. Enfin, il ne luisait plus, sur ce terrain d’épouvante, qu’une lueur mortuaire…
La lune … Fabien ne pouvait s’arracher à la contemplation de cet astre attentif de la nuit, lui qui veille à l’abri des ravages humains, la lune est la garantie de notre sécurité, au-delà des blancheurs vaporeuses du ciel et des nuages, au-delà de l’olympe… Fabien songea avec l’amusement que les mythes de l’histoire ont toujours façonné en son cœur : « Au-delà de Jupiter, dieu de l’univers, pourquoi pas ? » Il fit l’exploit d’une grimace que sa « gueule cassé » ne lui avait jamais permis, ce qui devait exprimer le plaisir qu’il avait de pouvoir fixer son regard un moment vers les étoiles.
C’était un spectacle grandiose, et tandis que l’ombre des nuages se dissipait dans le ciel, les astres de la lune, les étoiles, tout l’univers des constellations se confondirent en un même éclat céleste. Le défilé était exemplaire.
Le voile était défait, emporté par l’irrésistible force des vents.
« Ho ! c’est une libération ! » déclara le jeune soldat, pénétré du plaisir que pouvait lui procurer une telle vision… « Ho ! c’est fulgurant ! » fit il au moment qu’un roc lapidaire traversait les nuées, laissant derrière son sillage une vague trainée lactescente… Il flamboyait dans son regard un flot de lumière énergique et lapidaire, comme les vastes champs du paradis que Fabien n’avait pu qu’entrevoir dans ses rêves… La nuit avait du lui ôter tout sens du mal et de la mort, si bien que, ce soir, Fabien ne conservait qu’un profond ressentiment de bien et de tendresse, malgré les horreurs et l’épouvante que la guerre avait pu lui faire éprouver…
Fabien n’était pas aussi insensible à l’égard de la vie que ses confrère soldats, généraux ou amiraux. Il est aussi surprenant d’observer le soldat qui achève son ennemie à jet de lances, que son général méprisant la vie des hommes qu’il dirige, et à qui, enfin, on ne peut qu’attribuer un statu de dictateur.
Il a fallu, en revanche, qu’un des plus remarquables principes de guerres, appliqué de bonne foie depuis l’origine de son établissement, reconnaisse à chaque fois le vainqueur en tant que héros libérateur, instigateur de paix ! Quoi qu’on puisse sans doute s’interroger : « Mais à qui la faute ? »
La faute est à l’état, la faute est à la patrie comme elle s’applique à l’humanité toute entière.
A cette réflexion, il faut s’imaginer que la sensibilité de Fabien , très peu affecté par les horreurs que l’emploie de son arme avait déjà pu lui communiquer, fut à l’instant émerveillé par la vue du firmament qui s’offrait à la lucarne de ses yeux…
Fabien, songeur, s’interrogeait de ce qu’une telle sensation de joie ne lui était pas inconnu. Il eut assez de bon sens, pour reconnaitre après un moment de silence méditatif, qu’elle lui venait à l’origine de sa merveilleuse femme.
C’était une femme formidable, qui avait contenté avec une remarquable tendresse le rôle que Fabien, son mari, lui avait toujours attribué. A l’évocation que les étoiles avait faite de sa femme, Fabien s’apprêtait encore à consacrer sa soirée pour elle et pour l’amour qu’elle entretenait avec lui, pour la bénir enfin de ce qu’elle se fut engagé, par le mariage, à poursuivre son existence avec lui !
Un frisson lui parcouru froidement dans l’échine, tandis qu’en jurant il s’indignait : « Moi ! Que je meurt pour la patrie ! pour ce peuple indigne à mon dévouement !» A cet ineptie, Fabien rétorquait, vindicatif : « Je survivrai pour ma femme ! »
Pour la femme ,ou pour la patrie ? | 1/2 | 23/08/2010 à 13:00 |
Pour la femme ,ou pour la patrie ? | 2/2 | 23/08/2010 à 18:50 |