[Texte] Les filles de la Terre

Alhambra

[Texte] Les filles de la Terre

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25/06/08 à 17:36

[ Bon, c'est assez spécial, et je ne suis pas sûre que quelqu'un d'autre que moi puisse le comprendre Mais comme on dit, l'espoir fait vivre, alors j'espère que ça vous plaire. J'attends vos avis . ]

Ce soir-là, l’univers offrait un curieux spectacle. La mer et le ciel ne faisaient plus qu’un, et ce bleu foncé tinté de blanc, infini, immense, se déchainait ; les eaux du ciel et de la Terre se complétaient, se mélangeait, puis se déversaient là où nos pas foulent le sable.
Le tic tac des minutes résonnait à mon poignée, et rythmait le temps, régulier et infatigable, infini, lui aussi.
Tout d’ailleurs, était infini. Le vent soufflait sans fin sur la plage, je m’étendais, moi, spectatrice ébahie, sur le sable, et celui-ci se collait à mes cheveux humides.
La vague, de temps en temps, venait lécher mon pied, et tout recommençait, en un cycle parfait, rond, indemne.
Moi j’étais, d’apparence, tranquille. Tu sais comme j’aime ça, l’air qui soulève l’eau, qui t’en humecte le corps, ça n’a rien d’anodin, c’est là, et ça vit, ça vibre.
Indemne alors, je ne l’étais pas du tout. Et mon cœur, dans sa cachette de côtes, tremblait, moins régulier que tout le reste, mais plus fort encore. Aucune larme ne coulait, aucun son ne sortait, mais à l’intérieur de moi, c’était la tempête qui s’acharnait.
Pourquoi es-tu partie ? Si loin de moi, si loin de toute cette eau qui vit, si loin de tout ce ciel qui protège, qui encourage. Pourquoi m’as-tu laissée.
Nous étions les filles du feu, celles de la terre, du soleil. Nous étions les inséparables, le toi et moi suprême. Comme ce ciel et cette mer, qui ne se distinguent plus. Nous étions les jumelles du vent, sœurs, comme deux gouttes d’eau.
Mais je me suis levée. Tu vois sans toi, tout ça n’a plus de goût. La terre peut bien vibrer, les arbres peuvent bien s’effondrer et les feuilles s’envoler, je ne m’en soucie plus. Et la vie, cette sève insensée, si elle s’offrait à moi, je la refuserais. Je lui dirais que je n’ai plus confiance.
C’était toi, moi et elle, c’était nous. Maintenant il y aura moi, contre tout le monde, moi seule, je me battrai pour ta mémoire, je serai la tempête, le lave en fusion. Et je serai seule, seule, sans ton pas près du mien, sans ton œil, vif aussi, sans ta voix et sans ce goût des choses vivantes. Vivante, tu étais si vivante …
L’autre jour, quand tu t’es écroulée, inerte, sur le sol de béton, nous sommes mortes toutes les deux.