Réflexions sur l'évolution de la société.

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Ary   Réflexions sur l'évolution de la société. 7 21/11/10 à 00:36

Samedi 17 Juillet 2010.
Idées, pensées, réflexions sur l'évolution de la société et de la culture, réflexions sur l'écriture.


J'ai eu une idée lumineuse hier soir, et au même moment, je me suis mise à penser à la manière dont ma personnalité a évolué. Commençons par l'idée lumineuse : faire une adaptation théâtrale de mon blog. Un spectacle. Un show. J'avais déjà eu une idée plus ou moins similaire, faire des lectures de mes textes sur scène. Mais après réflexion, je crois que ça n'aurait que peu d'intérêt pour les spectateurs. Vous savez, c'est difficile pour moi. Difficile de me dire que des textes aussi personnels que les miens puissent réellement intéresser un « public », même si je pense traiter des choses relativement universelles par moment. Je ne veux pas être « seule dans mon monde ». Je refuse ça. Je ne veux pas faire des choses qui ne touchent que moi. Je ne veux pas être opaque. Je... je ne sais pas. J'aspire à être une brillante écrivaine, mais pour le moment je ne me sens apte qu'à écrire des récits concernant directement ma vie. Si j'ai pris le parti de parler de moi, dès le départ, c'est parce que j'ai estimé qu'il s'agissait du seul sujet dont je pouvais parler sans me tromper, ou en me trompant mais sans paraître ridicule pour autant. Le seul sujet qui dès le départ me passionnait et m'intriguait. Je ne me sens pas capable d'écrire des romans pour l'instant. Ou du moins, si, je pense que j'en serais capable, mais je ne me sens pas encore prête à ça. Le serai-je un jour ? Je ne le sais même pas. Je crois qu'il faut avoir une grande expérience derrière soi pour écrire un bon roman, ou du moins un roman qui raisonne un peu comme moi je l'entend. Cela peut être très facile d'écrire un roman, oui, même à 14 ans. Mais avec quel contenu ? Avec quelle histoire ? Avec quelles dimensions ? Et avec quelle écriture... ? Il y a de nombreuses personnes qui ont le chic pour raconter et inventer des histoires, mais qui n'ont pas le moindre style d'écriture. D'autres qui racontent des choses sans la moindre profondeur, sans la moindre dimension humaine... J'ai peu lu, mais je ne crois pas me tromper en disant ça. Moi, si je devais écrire un roman, je voudrais que le ton de mon blog s'y lise complètement. Je voudrais faire quelque chose de profond, d'excellent et de génial. Et de beau. Je ne m'en sens pas capable aujourd'hui. Pas du tout, d'ailleurs. Je suis relativement jalouse des jeunes filles qui publient des livres (beaucoup moins des jeunes garçons, curieusement). Je me dis, « et moi ? » Et moi, Ariane, qu'est-ce que je vaux... Et jusqu'où arriverais-je à aller ?

Alors pour le moment, en attendant le grand plongeon, j'écris des textes qui me correspondent. J'aime beaucoup ce que je fais, et en ce sens-là on peut dire que j'ai confiance en moi. J'aime qui je suis... mais trop souvent j'ai l'impression d'être la seule personne à croire en moi. Je me sens comme dans un théâtre, seule face à un public imaginaire. Je ne veux pas être seule dans mon monde, mais je me rends compte qu'aimer ce que j'écris reviens un peu à aimer ce que je suis... Et finalement, lire mon blog, c'est aussi faire ma connaissance. Je... je ne veux pas qu'on assimile ce que je fais à un journal d'adolescent, à un simple blog, à quelque chose comme ça, d'enfantin... Je veux vraiment faire des choses littéraires et qui fasse réfléchir. Je ne veux pas produire quelque chose d'individualiste, d'autocentré ou d'égocentrique. Je veux raconter l'histoire d'une vie...
Parfois je me dis, les romans racontent toujours l'histoire de quelqu'un. Quelqu'un qui n'existe pas, souvent. Et les gens aiment ça. Alors pourquoi mon histoire n'aurait-elle pas plus de valeur ? Parce que j'existe pour de vrai ? Parce que ma vie à moi n'a rien d'exceptionnel ?
J'aimerais être un héros. Pardon : une héroïne. Une héroïne de roman. Mais si vous dites ça aux gens, ils vous diront : « mais tu te prends pour qui ? ». J'ai toujours peur que les gens lisent de la prétention dans ce que je fais, alors que c'est justement tout le contraire. Je crois que j'ai été pas mal stigmatisé avec ça dans le passé. Prenez Alice au Pays des Merveilles, par exemple, ou n'importe quel autre petit enfant. Imaginez un petit enfant en train de dire : « moi je serais un héros de roman plus tard, et ma vie sera mon œuvre ». Je suis sûre que le commun des mortels trouverait ça terriblement charmant. Mais quand vous avez 18 ans, curieusement, ça raisonne différemment dans la tête des gens. Surtout quand vous le tapez sur internet, sans que ces mêmes personnes soient en face de vous. Vous voulez que je vous dise ? Ce blog et une scène de théâtre, c'est la même chose, sauf que ce blog est virtuel et qu'une scène de théâtre est palpable. J'ai besoin de toucher des choses et de les voir en vrai. J'ai besoin de contact humain, plus que tout. Je dois rompre avec cette solitude. J'ai besoin d'une dynamique de vie. Savez-vous ce qu'il me manque par-dessus tout ? Une dynamique, une dynamite, quelque chose qui swingue, qui bouge, qui avance ! Je suis douloureusement atteinte du mal de ce siècle : l'apathie, le manque de dynamisme et parfois même de motivation, l'endormissement...
Cela me fait penser à cette phrase de Pascal. « Jésus sera en agonie jusqu'à la fin des temps. Il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Je crois que tout est là. Une grande partie des « gens » s'endorment et se sont détournés de l'essentiel. Dieu est vraiment mort, je le crains... On ne cherche plus l'excellence, on ne cherche plus le génie, on a tué les idoles et les modèles de Vie... Quelque chose va trop vite, mais c'est une vitesse destructrice. Depuis 20 ans, je crois que le temps s'est drôlement accéléré. On ne prend plus le temps de vivre. On ne prend plus le temps de se dire : « je vis ». « Je suis en vie ».
J'éprouve une certaine nostalgie d'un temps que je n'ai pas connu, et j'ai un peu le mal de cette époque. Je me souviens qu'étant plus jeune, je me disais en moi-même que j'aurais donné beaucoup pour être née le plus tard possible (et donc mourir plus tard dans le temps). Finalement, je suis contente d'être née dans les années 90, et de ne pas être née plus tardivement. Je crois que naître en 2010 n'est pas vraiment un cadeau. Je suis très mal placée pour parler de l'évolution du monde depuis 60 ans, mais je crois qu'il y a une réelle chute depuis les années 90 et surtout 2000 ; culturelle, politique, sociale, humaine... Il y a un malaise, et pire qu'un malaise, j'ai l'impression que l'on tombe dans un gouffre profond du nivellement par le bas...

Regardez l'évolution de la culture populaire, par exemple. Etant férue de chanson française des années 70 et 80, je trouve assez extraordinaire la manière dont a évolué la scène française (et même internationale), tant au niveau des textes que de la musicalité. Où sont donc passés les artistes comme Daniel Balavoine, Michel Berger, Jean-Jacques Goldman, Brel et j'en passe ? Où sont donc passés ces artistes qui voulaient changer le monde ? Ceux dont les textes n'avaient d'autres ambitions que de cultiver la profondeur, la grandeur et la misère de l'Homme, la puissance de la Vie et l'exaltation du pouvoir de la musique ? Où sont passés ceux qui y croyaient...
J'ai une passion pour Michel Berger, depuis quelques années même si je n'en ai jamais parlé ici. J'ai lu récemment une biographie de lui. J'y ai lu un homme... tout simplement éblouissant d'humanité, de conviction, de beauté et de grandeur d'âme. Si je ne devais avoir qu'un seul modèle dans ma vie, ce serait lui. Il est mort d'hyperactivité le 2 août 1992, à 44 ans. J'avais très exactement 3 mois. L'idée d'avoir foulé le sol de cette Terre au même moment que lui me donne des frissons. Michel est mort d'avoir trop donné... Mais il est mort en héros. Lui aussi, il avait cette impression qu'il mourrait jeune. Je crois qu'il aurait été triste de connaître ce monde-là. Vraiment triste. Triste de voir que maintenant on ne chante plus « Dans les villes de l'an 2000
La vie sera bien plus facile
On aura tous un numéro
Dans le dos
Et une étoile sur la peau
On suivra gaiment le troupeau
Dans les villes
De l'an 2000 »

Mais quelque chose qui ressemble à « Je me sens belle / Je me sens bien (...) »

Monopolis... Une chanson qui me donne les larmes aux yeux à chaque fois. Je me souviens l'avoir très souvent écoutée lors de mes voyages à Paris ; lorsque je flânais dans les rues parisiennes, dans le métro ou encore dans le TGV Avignon-Paris ou Paris-Avignon. Berger était tellement visionnaire par moment. Il a écrit cette chanson... sûrement 20 ans avant l'avènement des années 2000. C'était un garçon brillant en tout point. Le Paradis Blanc aussi, c'était une chanson visionnaire. Comme s'il savait ce qui l'attendait. Vous savez, je crois vraiment que Berger est mort au bon moment. Il était à bout, il arrivait au bout de sa carrière. Il avait accompli son destin, sa mission, il avait réussi avec brio la tâche qui était la sienne. Je crois qu'il aurait été mort de désespoir de se voir vieillir. De voir que plus rien ne serait jamais plus comme avant ; que sa folie de créer ne l'aurait plus jamais mené aussi loin, et que sa musique ne correspondrait plus au XXI ème siècle. En 2010, à 63 ans, je crois que Berger aurait eût le mal du siècle, lui aussi. Il est mort heureux, et pourtant avec tant de projets encore en tête. Il est mort en vainqueur, loin de Monopolis. Et pourtant, pourtant... Qu'aurais-je donné pour le rencontrer, ou le savoir vivant au moment où moi je vis... Qu'aurais-je donné pour voir son sourire d'ange...

« Le jour où j'aurais tout donné
Que mes claviers seront usés
D'avoir osé
Toujours vouloir tout essayer
Et recommencer
Là où le monde a commencé
Je m'en irai dormir dans le paradis blanc (...) »


Je crois que Berger était un homme très pascalien. A ce propos, si je dois me marier un jour (à l'église), mon mari sera humainement et intellectuellement un mélange de Michel Berger et de Blaise Pascal (ou sinon, il n'existera pas). Mes deux modèles dans la vie. Des génies...
Je me reconnais beaucoup en Michel Berger. C'est un homme qui a connu de très profonds désespoirs mais surtout de très profonds bonheurs. C'était quelqu'un qui malgré un regard attristée sur le monde croyait en l'humanité plus que tout. Quelqu'un de très humain, et qui croyait en lui. Un homme passionné et passionnant qui vivait à 300 % pour sa passion. Un homme qui a tout donné pour la musique. Jusqu'à en mourir...
Je crois que c'est important de se reconnaître en quelqu'un, important d'avoir des idoles, des modèles. Important de croire en quelqu'un qui incarne des valeurs en lesquelles on croit. En qui croit t-on aujourd'hui ? Où sont passées les idoles ? Ces étoiles qui nous donnent confiance en nous, ces repères lumineux dans les pénombres du monde, où sont-ils ? Je ne vois personne de nos jours capable d'incarner la moindre liesse ou les moindres valeurs. Culturellement, musicalement, politiquement. Qui sont les idoles ? Lady Gaga et Nicolas Sarkozy ? Je caricature, mais pourtant... je crois que c'est à peu près ça.
La chanson française, aujourd'hui, trop souvent, ce sont des paroles mièvres et formatées sur un air de guitare. On ne trouve plus une musicalité aussi dense qu'il y a 20 ans, ni des textes aussi profonds qu'avant. Je ne dis pas que toute la scène française (et internationale, aussi) est ainsi, heureusement, mais une trop grande majorité à mon avis. On ne parle plus du monde, de l'Homme et de la Vie au XXIème siècle, je le crains...
Politiquement, on ne retrouve plus de grandes figures politiques, on ne retrouve plus de personnages qui incarnent de vraies valeurs. Regardez De Gaulle, regardez quelle stature il a été durant des années (même s'il était devenu un peu « has been » sur la fin de sa carrière). C'était un homme ambitieux qui a su se présenter en héros, en conquérant face à la France. Un homme de valeurs en lequel les français voulaient croire. Pareil pour François Mitterrand, je crois. Il y a eu une grande exaltation commune lors de son élection, et c'est de ça dont les gens ont besoin. Ils ont besoin de modèles, besoin de croire en quelqu'un qui lui-même croit en un monde meilleur. Croire en un monde meilleur... Mais qui s'y atèle de nos jours ? Qui ? Qui nous sauvera de cette chut interminable vers la passivité ? Qui si la politique, la musique, la culture, la littérature, la société n'en est plus apte ? Qui recréera le mouvement du monde ? En qui allons-nous croire maintenant que Dieu est mort ?

Quand je pense aux années 60-80, je m'imagine des personnes soudées entre-elles. Je m'imagine une lycéenne qui en rentrant de l'école allume son transistor pour écouter « Salut les copains », et qui écoute Michel Berger, Daniel Balavoine ou encore Jean-Jacques Goldman. Elle n'a pas d'ordinateur, et au lieu de communiquer virtuellement avec ses amis, elle va les retrouver au café du coin à 17 heures. A la télé, on ne parle pas du dernier chat écrasé mais de la guerre du Vietnam ou encore du festival de Woodstock. Certes il se passe des choses terribles dans le monde, mais dans notre bulle, quelque part en France, on croit que Bob Dylan et Daniel Cohn Ben-Dit changeront le monde. Eux, ils ont de la gueule ! Et pas que de la gueule. Beaucoup de cœur, aussi.
A la télé et au café du coin, on entend de plus en plus parler de l'engagement des artistes pour des causes humanitaires. Puis un jour, c'est le drame. Balavoine est mort dans un accident d'hélicoptère pour le Dakar au Mali. Une icône vient de s'éteindre. On pleure beaucoup. Beaucoup. Mais cette peine immense renforce un contact entre les personnes. On se rend compte que l'on a les mêmes idoles, les mêmes rêves, les mêmes espoirs. Les mêmes envies.
Je m'imagine des jeunes gens engagés qui regardent Goldorak à la télévision, écoute les Beatles à la radio et vont voir Starmania le soir sur scène ou au théâtre. Je vois des rêves au-delà de toutes les espérances, des passions, de la solidarité, des escapades par-delà les horizons. Des bonheurs partagés lorsqu'un combat s'achève sur une victoire. Des mains liées malgré les difficultés. Des gens debout. Des rêveurs. Des battants.

Aujourd'hui, quand on allume la radio, on tombe sur un gugusse de Virgin Radio qui vient « casser » des personnes qui n'ont rien demandé et qui pourtant font le « buzz » du moment. Sur Skyrock, on entend Lady Gaga, et sur Youtube, on peut voir son clip en direct où la demoiselle se dandine à moitié nue. Quelle classe à côté des costumes de Claude François et de Joe Dassin, tout de même. Le soir, quand on rentre de l'école, on allume son ordinateur pour discuter avec ses amis, et même avec des personnes qui ne sont pas nos amis. On y passe du temps, beaucoup de temps. Que voulez-vous faire d'autre, chez vous ? Sur facebook, on peut connaître toute la vie minute par minute de nos « amis ». Puis à 20h, le JT nous rappelle pour la 23ème fois les conspirations politiques du moment et le dernier assassinat d'un bébé au fin fond de la Bretagne profonde. La guerre israélo-arabe n'est toujours pas finie, mais on n'en parle plus depuis bien longtemps, c'est un peu « has been », maintenant.
Les enfants apprennent l'anglais avec Dora l'exploratrice, et les jeunes gens s'en vont bouger leur corps le soir en boite de nuit. Le taux de suicide chez les jeunes n'a jamais été aussi élevé. Des modèles ? Il n'y en a pas, ou si peu. Des idoles ? N'en parlons même pas. Les BB Brunes font sûrement l'affaire. Après tout, on fait ce qu'on peut. Je ne vois aucun génie à l'horizon, aucunes liesses partagées sur mon transit. Un combat ? A quoi bon ? Pour qui, pour quoi ? Chacun chez soi et Dieu pour tous. Vous avez dit Dieu ? Ne m'en parlez pas ! Il n'est plus de ce monde...

« Il n'y aura plus d'étrangers
On sera tous des étrangers
Dans les rues de Monopolis
Marcherons-nous main dans la main
Comme en 1980 (...) »


Je me souviens, un jour, notre professeure de Lettres (qui est un de mes modèles, elle aussi) nous avait parlé de la dérive de l'enseignement. Elle nous avait dit que depuis qu'elle enseignait, depuis 1993, quelque chose n'allait plus. Encore cette chute des années 90. Post guerre froide. Comme si elles étaient l'antichambre d'une chute encore plus profonde. En fin d'année, j'ai écrit une lettre à ma prof, et lui ai offert un stylo avec écrit « meilleur prof » dessus. C'était notre dernier jour de cours avec elle. J'ai voulu attendre la fin du cours pour lui donner, mais mes camarades autour de moi m'ont poussé à me lever devant tout le monde pour lui apporter avant la sonnerie. Evidemment, j'ai refusé. Lui donner devant toute la classe ? Vous n'y pensez pas ! Pourtant, j'en mourrais d'envie. Mais j'avais peur.
Elle s'est aperçue de l'agitation autour de moi, et puis je crois qu'elle a de suite compris. J'ai fini par accepter d'y aller, le cœur battant, et au moment où j'allais me lever, elle à prononcer cette phrase à la classe : « et surtout, n'oubliez pas de toujours prendre le chemin le plus difficile ». Elle m'a regardé, j'ai compris que c'était en parti pour moi et j'ai sourit. Je me suis levée, souriante, heureuse, j'ai marché jusqu'au bureau, je lui ai tendu les cadeaux et je lui ai dit ; « c'est pour vous ». Elle a sourit et m'a remercié. Je crois que personne n'aurait pu lire l'étincelle de ma joie à ce moment-là. Puis, sans un mot, je suis retournée m'asseoir, un petit sourire au coin de la bouche, et toute la classe m'a applaudit. J'étais, comment dire ? Bouleversée. Oui, c'est le mot. J'étais bouleversée d'émotion. Et de joie. Heureuse d'avoir pris le chemin le plus difficile, moi qui trop souvent me contentais de la facilité. Heureuse d'avoir osé.

Et finalement, je crois que beaucoup de choses se résument à ça. Je crois qu'on a oublié de prendre les chemins les plus difficiles. On se contente de la facilité et de l'immédiateté. Pour tout. Pour faire ses courses. Pour préparer un cours. Pour envoyer un message. Pour écrire un livre. Pour faire une chanson. Et même pour changer le monde. Alors, vraiment, comment voulez-vous que le monde change...
Cela me fait penser à une image qui m'a beaucoup marqué ; je ne sais plus d'où elle vient, d'un dessin animé peut-être, mais mon souvenir est vivace. C'était l'histoire d'une fillette qui voulait rejoindre sa maman. Elle avait le choix entre deux chemins ; un chemin obscur, couvert d'épines et de ronces, et un chemin clair, verdi et dégagé. Il y avait une fée qui lui dit de prendre le chemin épineux qui au bout d'un moment s'éclairerait et lui permettrait de retrouver sa mère ; tandis que l'autre chemin, aussi agréable avait-il l'air, se noircirait petit à petit et l'emmènerait au fin fond des abysses. Quel chemin prit la petite fille ? Allez savoir...

Mais fermons cette (douteuse et incomplète ?) parenthèse...
J'ai besoin d'un souffle nouveau, besoin d'un souffle qui me porte vers les chemins les plus arides mais les plus fructueux. J'ai besoin de prendre des risques et de me jeter à l'eau. Je me rends compte à quel point j'ai évolué en cinq années d'écriture. Au collège, je me souciais peu de ce blog, je me souciais peu d'écrire. Ecrire était une simple distraction, pire encore, un simple divertissement. Je ne voyais pas mon avenir en ouvrant mon blog, pas le moindre enjeu. J'écrivais des choses et d'autres, sans vraiment me questionner sur ce que j'écrivais, sans vraiment non plus me questionner sur d'éventuels lecteurs. J'étais seule dans un monde que je m'étais créé, seule comédienne sur une scène-fantôme où je m'imaginais un public délirant. Et j'aimais ça. Oui, j'aimais ça. J'étais une rock-star et j'aimais ça. Plus que tout au monde.
Puis le monde extérieur pointa le bout de son nez entre la fin du collège et le début du lycée. Je me suis rendu compte à quel point ma fanfaronne fanfare était à 10 000 kilomètres d'une quelconque réalité et de ce que l'on pouvait percevoir de moi dans le monde réel. J'étais seule. J'avais toujours été seule. Vint alors le moment où cette terrible constatation raisonna dans ma tête : J'écris. J'écris, j'écris, j'écris... D'accord. Ok. Message reçu. J'écris... mais qu'est-ce que j'écris ? Pourquoi j'écris ? Dans quel but ? Qu'est-ce que je dois écrire ? Qu'est-ce que je vais écrire ? Qu'est-ce que je fais ?
Je compris assez tôt que je m'étais mise à écrire de plus en plus sérieusement, et que ce divertissement d'autrefois devenait une affaire de plus en plus sérieuse et réfléchie. M'étais-je demandé une seule fois si j'étais VRAIMENT heureuse ? M'étais-je seulement demandé un jour si ma vie avait un sens ? Oui, sûrement, mais jamais aussi fort que depuis que la phrase « j'écris » était inscrite dans mes ambitions de vie. Mes rendez-vous publics avec l'écriture devinrent des rendez-vous privés, et plus le temps passait, plus la responsabilité d'écrire devenait importante. Le don que Dieu m'avait donné, il était là. Et croyez-moi, ce n'est pas facile tous les jours d'avoir un don. Il faut l'honorer, lui rendre grâce à chaque instant de l'existence, lui donner le traitement qu'il mérite. Moi, j'avais rien demandé, au fond. Rien. A personne. Et voilà que j'avais un don à porter sur les épaules comme on porte le poids du monde. C'était le mien et j'en été responsable. Pour toujours.
Suite à ces observations quelque peu angoissantes, j'ai commencé à entretenir un rapport conflictuel avec l'écriture. Encore aujourd'hui. Je parle peu de mon rapport à l'écriture en tant que tel, et je ne supporterai pas de m'en vanter en clamant à quel point « écrire a été une révélation chez moi » et autres balivernes. Je crois que je déteste ce genre d'emphase. Ecrire n'a pas du tout été une révélation ni un changement dans ma vie. C'est venu progressivement, sans même que je prenne le temps de m'en apercevoir. Si je n'avais pas écrit, et bien j'aurais fait autre chose. Si je devais résumer mon rapport à l'écriture, je dirais simplement cela : j'écris. Point final.
J'ai mis beaucoup de temps à comprendre ce que j'écrivais et le type de textes que je voulais écrire. Je crois que c'est en parti ce qui a rendu mon rapport à l'écriture compliqué voire conflictuel. J'avais du mal à comprendre ce que je faisais, du mal à me comprendre. « Qu'est-ce que j'écris ? » ; je crois que j'ai réussi à répondre à cette question quatre ans après avoir commencé à écrire sérieusement. Je ne pourrais pas vous écrire la réponse, mais je sais au fond de moi ce qu'elle contient. Il n'y a pas de mots existants pour expliquer cela.
« Pourquoi j'écris ? ». Pour changer le monde, oui. A ce propos, cette formule-là, « j'écris pour changer le monde », elle ne vient pas de moi. C'était une phrase de Pierre, lors du tout premier mail qu'il m'a écrit. Alors, pourquoi j'écris ? Parce que j'ai un don que je dois honorer ? Si ce n'était que ça... non, il y a autre chose. Je ne veux pas tomber dans des banalités d'auteurs sans saveurs. Je ne veux pas dire que « j'écris pour exister » ou « parce que cela donne un sens à ma vie », ou encore « parce que c'est ma passion » ; même s'il y a beaucoup de vrai là-dedans, évidemment. En fait, cela va de soi. Si j'écris, c'est parce que c'est la seule chose, au monde, qui me réussisse vraiment. Il ne faut pas croire que l'écriture est un lien d'amour fou, loin de là, et je crois que c'est pour ça que j'ai d'autant plus de mal à vivre par certains moments. L'écriture est une sorte d'amant difficile, facilement contrarié, perpétuellement insatisfait et impossible à satisfaire, mais pour qui l'on brûle d'amour quand même. Cela peut sembler tout à fait incongru, mais je me sens parfois en couple avec moi-même, ou avec l'écriture, mais cela revient au même – Vivant des moments forts, intenses et passionnés, et tout d'un coup, sans un bruit, des vides angoissants, des tortures déchirantes, de mordantes agonies. J'ai du mal à trouver une paix durable, d'autant plus que j'ai le sentiment d'avoir toujours des comptes à me rendre ; à lui rendre, à elle, l'écriture. Je me sens tributaire d'un devoir, d'une responsabilité, d'une mission à accomplir quoi qu'il arrive. Et maintenant, quand j'ouvre les pages de mon blog, et bien, oui, je vois mon avenir. Fini la rigolade. Les choses sérieuses ont commencé. Et il ne faut décevoir personne. Ni moi, ni mes potentiels lecteurs.
J'ai toujours trouvé que l'écriture avait quelque chose de tragique. Regardez, je suis là, ici, dans le noir, assise parterre, éclairée par mon écran. Je ne souris pas, on dirait même que je fais la gueule. Je pianote, inerte... et seule. Quelle joie ? Quelle liesse ? Quelle extase ?
Il est des jours où, c'est aussi ça, écrire. S'éteindre dans le noir et contempler sa solitude. Ecouter le silence, et faire ainsi, peut-être, l'expérience de la sagesse. Ah, douce maîtresse que l'écriture... Elle vous emporte parfois au-delà des rêves, elle vous chuchote des mots dont vous n'avez que faire, elle vous détruit d'une culpabilité qui n'aurait pas lieu d'être, et parfois, ravalant son orgueil, elle se tait. Le silence de l'écriture, où l'art et la manière de se retrouver face à soi-même. Ouais, c'est toujours comme ça, un amant maudit. Il peut se taire trente ans et revenir, comme ça, d'un coup. Une chose est sûre, vous n'êtes jamais au bout de vos surprises, et jamais au bout de vos questionnements. Entre un tout et un rien. Entre Tout et Rien. Entre l'infini et le néant. Stabilité instable... n'est-ce pas ça, tout le piment de la vie ?

Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas vraiment vers quoi je vais. La seule chose que je sais, c'est que j'écris. J'écris. « A la vie, à la mort ».
Mais surtout à la Vie.


Amis du soir,
Bonsoir.

Réflexions sur l'évolution de la société. 1/7 21/11/2010 à 00:38
tu n'as plus qu'a aller voir galimard et c'est bon, tu peux imprimer un livre la.

honnetement, j'ai pas eu le courage de tout lire.
Réflexions sur l'évolution de la société. 2/7 21/11/2010 à 01:31
Demain je lirais la suite , là je suis crevé , mais c'est chouette .
Samoth 
Réflexions sur l'évolution de la société. 3/7 21/11/2010 à 10:19
Ouah...

C'est bien d'écrire un pavé, mais il faudrait aussi voir à accrocher le lecteur. Je ne me prononcerais pas sur le fond, j'ai craqué au deuxième paragraphe et j'ai lu en diagonale.
Réflexions sur l'évolution de la société. 4/7 21/11/2010 à 18:37
J'ai lu entièrement et j'ai assez apprécié.

Je suis d'accord au plus haut point avec toi pour les chanteurs des années 70, que j'adore également pour la beauté de leur musique, la beauté de leur texte, qui avaient eux un fond.

Pour la forme, c'est vrai que c'est un peu lourd, comme tu l'as dit, aujourd'hui plus personne ne prend le chemin le plus dur, ici le chemin le plus simple était de ne pas lire, vu le nombre de commentaire que t'as eu, beaucoup ont pris ce chemin.

Je m'attendait plutôt à une réflexion sur la société plus longue (D'où ton titre), mais finalement la majeur partie de ton texte est plutôt un réflexion sur ta relation avec l'écriture, et c'est un peu dommage, puisqu'on attendait autre chose.

Ton style est assez fluide, par contre la fin m'a assez surprise.
"Ah, douce maîtresse que l'écriture" et surtout le "Ouais" m'ont un peu refroidit.

T'es quelqu'un d'assez authentique et réfléchie, ça peut faire ta réussite, donc continue dans cette voie. Smile

Réflexions sur l'évolution de la société. 5/7 21/11/2010 à 23:41
J'ai aimée pas mal .. même si attention certains peuvent mal comprendre ton début et te dire "redessend sur terre .. tu n'est pas Sagan blabla" .. bref. Fait attention à ceux qui peuvent voir dans ta confiance de l'égo bien placé Smile Sinon j'ai pas mal aimée .. Et le fait que ça soit fluide à facilité la lecture de ton "long" texte Smile
Réflexions sur l'évolution de la société. 6/7 21/11/2010 à 23:46
Parcontre dans ton deuxième paragraphe tu reprends un cliché que l'on retrouve un peu partout .. "Plus tard je serais un héros et ma vie un roman d'aventure " .. j'ai moins appréciée . J'avais l'impression de lire du copier coller Sad
Réflexions sur l'évolution de la société. 7/7 23/11/2010 à 10:58
Première impression avant même le début de la lecture : il n'y a pas de visibilité ou en tout cas elle est mauvaise. Il faut donc plus aérer ton texte. J'ai relevé aussi quelques fautes (de frappe et d'inattention).
Ensuite, je suis d'accord avec Mein Zizi, le choix du titre ne va pas puisque tu parles plus de ton rapport avec l'écriture que de l'évolution de la société. D'ailleurs dans ce que tu dis sur la société, je trouve ça assez caricatural. Aussi bien dans le fait que de le comparer aux seules vingt dernières années que de souligner des points négatifs qui amène une vision plutôt pessimiste du présent (alors qu'il n'y a pas que du mauvais et que ce n'est pas parce que le mauvais tient en apparence une place plus importante, qu'il faut en oublier le bon comme s'il n'existait pas). Tu restes fixée sur une période que tu n'as pas vécu et dont tu perçois uniquement les points positifs. Tu la représentes toute rose (tout au moins comme tu le présentes dans ton texte).
Sinon, j'ai trouvé l'ensemble assez lourd, rébarbatif aussi. Le "moi je" qui revient fréquemment (tu me diras c'est un blog et comme tu l'as dit, tu y parles de touah) donne effectivement l'impression d'égocentrisme au bout d'un moment ( comme tu l'as dit au début de ton texte). Ca contribue pas à passionner le lecteur.
Donc dans l'ensemble j'ai pas apprécié, mais j'aimerais bien voir ton blog pour me faire une idée plus concluante (oui, j'ajoute ici que le fait que tu évoques plusieurs fois que tu as écrit le texte sur un blog gêne la lecture puisqu'on a pas connaissance de celui-ci, qu'on est pas dans le contexte si tu veux).
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