Texte très baclé, j'en ai peur. Mais l'important est le message, c'est pourquoi je n'ai pas fait un effort exceptionnel pour le style...
Un jour, tu m'as posé une question qui te tracassait. Une question à laquelle j'avais déjà réfléchi mais que j'avais oubliée, une question à laquelle j'avais été incapable de trouver une réponse. Une question qui nous taraude tous. Une question que beaucoup mettent de côté pour se figer dans l'exactitude et le réalisme, ou plutôt la résignation.
Nous nous étions retrouvés au CDI, profitant de deux heures de libre. Nous avions convenu que tu m'enseignerais les Mathématiques pendant que je t'apprendrais le Français et l'Anglais.
Et là, alors que je butais sur le principe des valeurs absolues, tu as relevé la tête. Tu m'as dit :
"J'ai une question... A quoi ça sert, tout ça ?"
A quoi ça sert, tout ça ?
A quoi ça sert, tout ça !
Tu as raison ! A quoi ça sert tout ça, sachant qu'on va mourir ? A quoi ça sert de connaître les Mathématiques et les sciences exactes ? Les théories d'Archimède et celles de Newton ? A la culture. Oui, mais pourquoi ? Pourquoi rester confiné dans ce lycée miteux, dont les barreaux nous empêchent de voir ce qu'est la véritable vie, le véritable monde ? On n'a qu'une vie, merde ! On n'a qu'une vie alors pourquoi ne pas en profiter ?
Pourquoi ne pas en profiter ?
Pourquoi ne pas en profiter !
"Au fond, ton rêve n'est pas de devenir éducatrice, n'est-ce pas, Cloé. Ce n'est qu'une solution de rechange pas vrai ?"
Mais merde, tu as raison ! Je me suis voilé la face pendant des années. J'ai étudié, j'ai cherché une misérable petite motivation pour continuer à me lever le matin et à m'asseoir chaque jour sur une chaise, à écouter parler ceux qui n'ont pas su saisir leurs rêves tant qu'ils le pouvaient encore.
"C'est quoi, ton rêve ? Attention, je ne te demande pas ce que tu livres aux adultes à chaque fois qu'on te pose cette question. Ton véritable rêve.
- Mon rêve ?
- Ton rêve."
Je n'ai pas eu besoin de réfléchir. Un sourire a illuminé ce visage éteint depuis tant d'années. J'ai ri, j'ai ri, j'ai rejeté mon manuel de maths et j'ai ri jusqu'à en perdre haleine. Je me suis levée et j'ai dansé, sous les yeux médusés des ombres d'humains qui fréquentaient également le CDI. Tu t'es redressé toi aussi, et tu m'as prise par les coudes.
"Ca faisait tellement longtemps que les étoiles n'avaient pas scintillé dans tes yeux ! Tellement longtemps, tu ne peux pas t'imaginer."
J'ai continué à rire, je t'ai entraîné dans ma danse sur un rythme endiablé. C'était comme si j'entendais réellement la musique ; celle qui sonnait mon salut, ma révélation.
Et puis, on est partis. Là, comme ça. On a abandonné nos sacs, nos livres, nos classeurs, nos blocs-notes, nos stylos. On a couru comme on n'avait jamais couru. Comme si nos vies en dépendaient - et c'était vraiment le cas, mais nul autre que nous deux aurait été en mesure de comprendre qu'en cet instant précis, pour la première fois de toute notre existence, nous étions libres, vraiment libres.
On a traversé le lycée en riant à gorge déployée, dévisagés par les élèves-fantômes qui se rendaient en cours tels des marionnettes dirigées par un monde trop terre-à-terre. Nous nous sommes rués dans la ville, et là...
Nous nous sommes effondrés sur le sol. Haletante, je t'ai contemplé, toi dans toute ta splendeur, toi qui pour la première fois étais toi-même, et pas ce qu'on a voulu faire de toi.
"Cloé, c'est quoi ton rêve ?"
Le bonheur dansait sur mon sourire alors que les mots se formaient.
"Être libre ! Vivre sans contraintes, sans études, sans heures fixes et sans hiérarchie ! Être tout à la fois : le vent, le chêne, la rue, les hommes, les femmes et les enfants ! Savoir qui pense quoi et penser la même chose au même moment, être libre merde ! Vivre sans principes et sans limites, voyager, à pied, en stop, n'importe comment, découvrir le monde ! Être tout le monde et personne."
Je m'étais dressée vers le ciel, et je tournais sur moi-même, les bras levés vers les nuées blanches qui s'effilochaient à perte de vue. Mes palabres s'adressaient à l'humanité, à la nature et à Toi. Lentement, mes bras sont retombés le long de mon corps. J'ai fermé les yeux pour mieux savourer l'extase, l'orgasme qui s'emparait de moi. J'avais enfin un rêve, un petit rêve rien qu'un moi, un rêve que nous partagions depuis le début sans le savoir.
"Je veux être comédienne."
Alors tu t'es enhardi, tu m'as prise par la main. Et tu t'es libéré, toi aussi.
"Oui ! Être comédien, interpréter Antigone, Andromaque, l'Ecole des Femmes, le Cid... Interpréter le rôle de n'importe quoi et de n'importe qui ! Voyager de par le monde avec une troupe, et jouer, jouer et encore jouer des rôles qui ne sont pas les nôtres ! »
D'une même voix, nous nous sommes écriés :
« Et là, nous serons vraiment libres. »
Puis nous avons entendu une voix bien moins agréable, la voix teintée d'amertume de celui qui avait les mêmes rêves et n'a jamais tenté de les réaliser.
« Je crois que vous allez avoir de sérieux problèmes, jeunes gens. »
Nous avons fait volte-face dans un même mouvement. Le CPE se tenait face à nous, sa cravate serrée sur son cou avait des allures de noeud coulant.
Et la magie s'est arrêtée.
En hommage à nos rêves brisés (texte) |
1/6 |
15/01/2008 à 21:22 |
Quelques maladresses mais vraiment pas mal sur le fond. J'ai bien aimé!
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2/6 |
15/01/2008 à 21:24 |
C'est vraiment très beau et plutot très realiste. J'aime beaucoup
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3/6 |
15/01/2008 à 21:27 |
J'adore
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4/6 |
15/01/2008 à 21:31 |
J'aime beaucou moi aussi , c'est pluto bien fait
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5/6 |
15/01/2008 à 22:54 |
Suave a écrit :
Quelques maladresses mais vraiment pas mal sur le fond. J'ai bien aimé!
Je suis d'accord, c'est loin d'être parfait sur la forme, c'est même vraiment pas terrible. Mais j'ai privilégié le récit ;)
Merci à tous pour vos messages !
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6/6 |
15/01/2008 à 23:03 |
Le message est passé (=