L'hypothyroïdie est la conséquence d'une faible production d'hormones par la glande thyroïde, cet organe en forme de papillon situé à la base du cou, sous la pomme d'Adam. L'influence de la glande thyroïde sur l'organisme est majeure : son rôle est de réguler le métabolisme des cellules de notre corps. Elle détermine donc la vitesse du « moteur » de nos cellules et organes. Chez les personnes hypothyroïdiennes, ce moteur fonctionne au ralenti.
Au Canada, environ 1 % des adultes souffrent d'hypothyroïdie. Les femmes et les personnes âgées sont les plus touchées par la maladie, la proportion estimée chez celles-ci étant de 10 % à 20 %.
Au milieu des années 1970, des chercheurs canadiens ont mis au point un test sanguin qui permet aux médecins de dépister la maladie. Depuis, ce test est pratiqué de manière systématique chez les nouveau-nés afin de prévenir les conséquences irrémédiables que la maladie entraîne chez eux1.
Les hormones thyroïdiennes sous contrôle
Les deux principales hormones sécrétées par la thyroïde sont la T3 (triiodothyronine) et la T4 (tétra-iodothyronine ou thyroxine). Toutes deux comprennent le terme « iodo », l'iode étant indispensable à leur production. La quantité d’hormones produites est sous le contrôle d'autres glandes. C’est l'hypothalamus qui commande à l'hypophyse de produire l'hormone TSH (pour thyroid stimulating hormone). À son tour, l’hormone TSH stimule la thyroïde à produire les hormones thyroïdiennes.
On peut détecter une hypo ou une hyperactivité de la glande thyroïde en mesurant le taux de TSH dans le sang. En hypothyroïdie, le taux de TSH est élevé, car l’hypophyse réagit au manque d’hormones thyroïdiennes (T3 et T4) en sécrétant davantage de TSH. Par ce moyen, l’hypophyse tente de stimuler la thyroïde à produire plus d’hormones. En situation d’hyperthyroïdie (lorsqu'il y a trop d’hormones thyroïdiennes), l’inverse se produit : le taux de TSH est bas parce que l’hypophyse tente de « calmer » la glande thyroïde. Même au tout début d’un problème thyroïdien, le taux de TSH est souvent anormal.
Causes
Avant les années 1920, la carence en iode était la principale cause d'hypothyroïdie. L’iode est un oligoélément minéral nécessaire à la vie et à la production des hormones thyroïdiennes T3 et T4. Depuis qu'on ajoute de l'iode au sel de table - pratique née au Michigan en 1924 en raison des nombreux cas d'hypothyroïdie - cette carence est rare dans les pays industrialisés. Cependant, selon des estimations de l’Organisation mondiale de la Santé, près de 2 milliards d’individus sont encore à risque de carence en iode12.
De nos jours, les deux principales causes de l'hypothyroïdie dans les pays industrialisés sont les suivantes :
Une thyroïdite de Hashimoto. Cette maladie auto-immune provoque la destruction de la glande thyroïde par le système immunitaire. Les scientifiques ne peuvent expliquer ce qui déclenche cette maladie. Elle apparaît parfois à la suite d’un stress ou d’une infection virale, chez des personnes qui y seraient prédisposées.
Un traitement qui altère la glande thyroïde. Un traitement à l'iode radioactif pour soigner une hyperthyroïdie ou une chirurgie pour enlever la glande thyroïde (en raison d'un nodule, d'une tumeur ou d'un cancer à la thyroïde) engendre une hypothyroïdie permanente dans environ 80 % des cas. Aussi, un traitement de radiothérapie au cou cause une hypothyroïdie passagère dans environ 50 % des cas, et une hypothyroïdie permanente dans environ 25 % des cas.
D’autres causes plus rares
- Une anomalie congénitale à la glande thyroïde. Il arrive que la glande ne se développe pas normalement, ou encore que la glande fonctionne mal.
- Un mauvais fonctionnement de l'hypophyse, la glande qui régule la thyroïde par l'hormone TSH (représente moins de 1 % des cas).
- Une infection bactérienne ou virale à la glande thyroïde.
- Voir les sections Personnes à risque et Facteurs de risque.
Complications
Non traitée, la maladie peut avoir des conséquences graves à long terme. Chez l'adulte, un myxoedème, une forme grave d'hypothyroïdie, se développe alors : les symptômes s'aggravent et certaines conditions (une infection, le froid, un traumatisme, etc.) peuvent entraîner une perte de conscience ou un coma. En outre, des études laissent croire que les personnes en état d’hypothyroïdie depuis plusieurs années sont plus à risque de maladies cardiovasculaires.
Chez l'enfant non traité, on observe des retards importants de croissance physique et de développement intellectuel irréversibles, appelés communément crétinisme. Un traitement adéquat entrepris rapidement permet généralement d'éviter les complications et les séquelles.
Symptômes
haut Les symptômes de l'hypothyroïdie sont liés au ralentissement du métabolisme. Ils dépendent de la gravité de la déficience en hormones thyroïdiennes et apparaissent de manière très progressive. Certaines personnes ne présentent aucun symptôme; le bilan sanguin permettra alors d'établir un diagnostic.
Chez l'adulte
Un manque d'énergie et de la fatigue.
Une frilosité.
Un gain de poids (modeste) inexpliqué malgré un faible appétit.
Un rythme cardiaque ralenti.
Une irritabilité et parfois un état dépressif.
Des crampes et des raideurs musculaires.
De la constipation.
Un visage enflé.
Une peau pâle et sèche.
Des cheveux secs, une perte de cheveux.
Une voix plus grave et enrouée.
Des périodes menstruelles irrégulières et des menstruations plus abondantes.
Une confusion, une difficulté à se concentrer et des pertes de mémoire.
Un goitre (parfois), qui crée une enflure à la base du cou.
Un taux élevé de cholestérol sanguin.
Chez l'enfant
Un retard ou un arrêt de croissance.
Un sommeil inhabituel.
De la constipation.
Des difficultés d'alimentation.
Des pleurs enroués chez le nourrisson.
Personnes à risque
haut Les femmes âgées de plus de 50 ans.
Les personnes qui ont des antécédents personnels ou familiaux de maladie de la thyroïde ou de maladie auto-immune (diabète de type 1, maladie coeliaque, etc.).
Les femmes qui ont enfanté au cours de l’année. La grossesse peut causer une affection auto-immune transitoire de la glande thyroïde. L’hypothyroïdie peut alors survenir dans l’année suivant un accouchement, auquel cas elle dure de 6 à 12 mois, en moyenne.
Facteurs de risque
haut Le tabagisme durant l’allaitement. Il est possible que le tabagisme de la mère diminue la quantité d’iode passant dans le lait maternel, ce qui pourrait affecter la fonction thyroïdienne de son bébé2.
Des carences nutritionnelles, particulièrement en iode, en sélénium et en zinc.
Un excès d’iode. À titre d’exemple, au Japon, où la consommation d’algues est élevée, l’excès d’iode est une cause fréquente d’hypothyroïdie3.
La prise de certains médicaments. Les plus courants sont le lithium, prescrit en cas de troubles psychiatriques, et l’amiodarone, utilisé pour des problèmes cardiaques.
Une consommation très abondante d’aliments goitrogènes. Certains aliments, lorsqu’ils sont consommés en très grande quantité, peuvent provoquer un goitre en rendant l’iode inutilisable. Les aliments goitrogènes sont les crucifères (les choux de Bruxelles, le chou, le chou-fleur, le brocoli, le chou frisé, les feuilles de moutarde, le rutabaga, le radis, le raifort, etc.), le manioc, les patates douces, les graines de soya, les arachides et le millet. Cette situation survient très rarement dans les pays industrialisés, car les gens ont accès à une grande variété d’aliments4. Dans la République démocratique du Congo, par exemple, le manioc est un aliment de base. Il est considéré comme une des sources majeures de goitre. Généralement, la cuisson lui enlève cet effet goitrogène.