Incipit d'une nouvelle

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_Zeste-   Incipit d'une nouvelle 7 13/01/09 à 21:55

Voilà tout est dans le titre, j'ai besoin de votre avis, si possible avec des critiques constructives et éventuellement j'aimerais savoir si vous jugez que ça puisse valoir la peine que je continue. Bien évidemment je sais que c'est loin d'être parfait et que ça n'est pas de la grande littérature, sinon pourquoi serais-je là.

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Huit heures dix sept, les paupières de Louise étaient lourdes, très lourdes, elle tenta difficilement d’ouvrir les yeux mais la lumière que filtraient les volets les lui brûlaient. Elle se redressa lentement dans un mouvement maladroit, s’assit dans son lit encore chaud et tenta une nouvelle fois d’ouvrir les yeux. Elle parvint à voir une pièce sans contour mais une pâle lumière la gênait, l’éblouissait. Elle se frotta fébrilement les yeux jusqu’à ce qu’elle puisse distinguer assez clairement le réveil. Huit heures vingt, un nouveau jour. Alors, comme souvent, cet étrange sentiment de lassitude envahit Louise, comme tous les matins, une nouvelle mesure de l’ennuyeuse mélodie qu’était sa vie débutait, et les notes du réveil, les premières, à la pâle lumière de l’aube étaient toujours identiques, teintées de désarroi et d’une touche d’amertume.
Louise regarda longuement sa chambre. La pièce était grande, et pleine de vide. Au sol, traînaient de vieux journaux côtoyant mégots et vêtements de la veille. Elle redécouvrait comme chaque jour un chaos rangé. Malgré le manque d’ordre apparent de l’endroit, aux yeux de Louise, étrangement, tout paraissait à sa place et n’aurait pu se trouver autrement disposé. Son regard se posa sur sa gauche. Il y siégeait une imposante étagère, qui semblait avoir vécu des siècles et dont l’âge et l’usure du temps avaient donné à son bois noirci et noueux un certain charme. Sur cette étagère étaient disposés sporadiquement différents souvenirs poussiéreux et diverses babioles usées. Au sommet de celle-ci trônait un important objet. Une sorte de trophée, une large forme brillante et dorée qui redonnait un peu d’éclat à une pièce bien terne. Cet objet aurait sans doute pu être la seule fierté de Louise, on lui avait remis, avait-on dit, en récompense des efforts qu’elle avait fourni durant de nombreuses années. Une fierté mais laquelle. Elle revoyait le jour de son départ, une démission imprévue mais bienvenue, un grand besoin de repos peut-être, mais surtout le poids d’un emploi blasant. Dans la recherche scientifique, elle avait occupé ses journées à tenter de résoudre des problèmes insolubles et des casse-tête irréductibles qui lui avaient longtemps rongé l’esprit. Cette tâche n’avait jamais été pour elle une vocation et encore moins une passion et si elle s’était retrouvée à ce poste c’était par un hasard, une destinée malheureuse qui l’y avait poussé et avait été en grande partie aidée par l’influence d’une famille modeste à la vie difficile, qui ne voyait le salut, la réussite et la fortune de son enfant à travers des calculs, des formules complexes et des études interminables. Ce sujet avait d’ailleurs été l’objet de multiples discordes, le plus souvent entre le père et sa fille, la tannant, voyant dans les sciences l’assurance d’un avenir serein. C’était ce qu’il pensait et à plusieurs reprises Louise s’y était opposée, mais finalement elle avait fini par céder, à la fois excédée et fatiguée de voir son vieux père n’ayant de cesse de la sermonner sur les bonnes décisions à prendre dans la vie. Il la suppliait de ne pas faire sa vie comme lui-même l’avait vécu, de ne pas finir affaibli par un travail harassant. Pourtant, son emploi avait entretenu chez Louise une frustration durant quinze longues années et elle était maintenant probablement aussi affaibli que son père avait pu l’être. C’est pourquoi, quand elle repensait au jour de son départ, elle ressentait toujours une sensation de soulagement et d’échec, une émotion mitigée entre la joie et la mélancolie, et malgré le semblant de fierté que lui avait apportée son trophée un instant elle n’y voyait maintenant plus qu’une formalité d’adieu, un lot de consolation étant la maigre compensation des années affligeantes qu’elle avait du vivre.
Louise soupira puis son regard se déplaça, vers la droite, et s’arrêta sur un cadre, une peinture qui était suspendue au mur grisâtre, en face de son lit. De ce cadre, un homme au regard obscur l’observait, semblait la dévisager. L’artiste de cette toile était anonyme, Louise avait trouvé cette peinture par hasard dans une brocante de quartier et le regard de ce personnage l’avait interpellée, elle l’avait contemplé longuement comme hypnotisée, inspirée par la complexité de la représentation, un trouble l’avait envahie, puis sans savoir vraiment pourquoi, elle avait ressenti le besoin insurmontable d’acheter cette pièce, une envie inexplicable que cette œuvre étrange lui appartienne, d’être la seule à détenir un objet aussi unique. Elle n’était pourtant pas d’une grande beauté, les traits du pinceau étaient légèrement grossiers et les couleurs qui avaient depuis longtemps perdu en intensité en raison de l’humidité n’étaient pas du meilleur goût, si bien que le teint de cet homme paraissait maintenant étrangement lugubre et pâle mais il n’en demeurait pas moins fascinant, figé dans un mutisme déconcertant, immobile et impassible dans l’agitation. C’était peut-être parce que chez cet homme elle voyait en elle une certaine ressemblance. Parce qu’elle se reconnaissait dans ce regard fort et inconnu, un regard qui émanait d’un visage éprouvé par le temps mais qui ne perdait pourtant pas en intensité. Dans ce personnage habité par une douce tristesse elle s’imaginait, elle et sa vie, longue, bercée par la brise calme et langoureuse d’un ennui complaisant. Une linéarité déconcertante qui paradoxalement, avait su l’épuiser, l’asphyxier. Alors, Louise détourna brusquement son regard, gênée par la curiosité de cet homme qui la dévisageait et qui lisait en elle ainsi chaque matin, réussissant à pénétrer au plus profond de son âme.
Louise regarda à nouveau son réveil. Huit heures vingt huit. Elle avait chaud, la nuit avait été suffocante et elle avait étouffé dans ses draps, elle décida de se lever. Dans un mouvement hasardeux elle bascula en dehors de son lit et alla poser les pieds au sol. Le parquet était glacé, elle frissonna. Elle se redressa brusquement, fit un pas vers l’avant et chancela légèrement. Elle sortit lentement et traversa un couloir de son appartement pour rejoindre la cuisine, elle passa devant le miroir qui était suspendu au mur, elle crut un instant apercevoir une inconnue, mais c’était bien son visage qui venait d’apparaître au mur. Un visage du matin, fatigué d’une nuit interminable, aux traits particulièrement marqués. Les cernes que Louise avait toujours eus sous les yeux étaient plus prononcées qu’à l’habitude, et ses grands yeux noirs n’étaient pas encore totalement ouverts ce qui accentuait la lassitude de son regard. Elle avait un visage circulaire dont le large front était caché par une importante mèche hirsute résultat d’une nuit agitée. Ses longs cheveux ébouriffés, d’un noir intense descendaient jusqu’à ses épaules et faisait ressortir son fin cou blanc. Sa peau, d’une rare blancheur inspirait la douceur et les quelques grains de beauté que l’on pouvait trouver sur ses joues n’étaient pas sans un certain charme. Louise n’était pas très grande et légèrement chétive, on décelait toutefois au-delà son regard las, au fond de ses yeux noirs, une certaine agressivité profondément refoulée au cours des années, sans doute le résultat des plusieurs frustrations accumulées que lui avait donné la vie. Son apparence avait certains jours des airs agréables et charmants mais il était parfaitement possible que le jour d’après on trouvât à Louise un physique quelque peu ingrat. Aujourd’hui la fatigue d’une nuit chaude et éprouvante l’avait mal lunée, son regard, son visage et son corps se déplaçaient difficilement, dans une lourdeur nonchalante et désintéressée de la journée à venir.
Une fois dans la cuisine Louise mis une vieille casserole en fonte remplie d’eau à chauffer. Elle ouvrit péniblement ses volets et fut à nouveau éblouie par la lumière du jour, puis elle sortit au balcon de son appartement et alluma la première cigarette de la journée, elle lui brûla la gorge. C’était un samedi d’août, le ciel était tapissé d’un épais voile grisâtre et il faisait chaud, une chaleur excessivement lourde et pesante qui enveloppait Louise. Elle regardait au loin, elle voyait une forêt d’immeubles, des tours de béton à perte de vue, une multitude de fenêtres et de façades ternies par la pollution d’une austérité déconcertante. C’était Paris, et sa musique anarchique, le vacarme d’une agitation perpétuelle où le son des klaxons, le bruit des moteurs et le fracas des rames de métro aimaient à se mêler dans des accords dissolus. La ville grouillait de vie et d’agitation et semblait, contrairement a Louise, parfaitement éveillée. Un air tiède sentant les gaz d’échappements et le tabac lui emplissait les narines. Elle pensait que cette journée serait comme tant d’autres, habituellement peu passionnante. Comme presque tous les samedis, suivant la mécanique bien huilée de sa vie, Louise recevrait Simon dans la soirée, seule personne jusqu’ici pouvant faire figure d’ami dans son existence. Une relation qui était parvenue à la détourner quelque peu de la solitude. Et, comme tous les samedis, sûrement, ils se complairaient à deux dans la routine d’une soirée sans rebondissement. Louise et Simon s’étaient connus en première année de faculté, leurs caractères s’étaient instantanément complétés. Lui avait un caractère fort et dominateur qui trouvait sympathie dans l’effacement de Louise, et elle s’accommodait du statut d’assujettie ; dès lors ils ne s’étaient plus quittés. Comme elle, Simon n’avait pas eu la volonté de choisir ses études, seulement, à l’inverse de Louise, il avait su les arrêter à temps, et, par la suite, s’accomplir professionnellement en faisant de ses aspirations ses choix, depuis, rien ne lui avait résisté. Mais il n’en avait pas moins gardé une vie sociale inexistante durant son parcours, effaçant les autres sur son chemin. Seule Louise n’avait pas été raflée par cet homme, peut-être parce qu’elle ne constituait pas pour lui un obstacle et qu’il n’en avait pas trouvé le besoin ou bien parce qu’il lui avait toujours trouvé des charmes qu’il s’était plus ou moins bien employé à dissimuler. Si bien que Louise était restée son unique connaissance et ils partageaient désormais leur solitude. Décidé et affirmé, Simon avait toujours désiré avec la plus fervente rage les choses qu’il ne pouvait avoir, et il mobilisait tous les moyens à sa portée pour les obtenir. Louise en avait fait son unique fréquentation car elle n’avait jamais su apprécier ou se faire apprécier d’autres personnes. Quelque part, le rôle effacé qu’elle avait dans leur relation la contentait en raison du peu d’engagements que cette position lui demandait. Aussi, elle portait beaucoup d’estime pour Simon, il représentait toute la puissance et toute la rage qu’elle ne s’était jamais donnée l’occasion d’exprimer et qu’elle s’était longtemps appliquée à refouler. Il représentait un certain courage égoïste qui à la fois fascinait et effrayait Louise. C’est pourquoi elle n’avait jamais pu partager plus avec cet homme, elle ne s’était pas donné le droit de prolonger leur relation jusqu’à des liens charnels, et ce malgré l’assurance qu’elle avait qu’un rapport plus abouti entre eux deux eut été envisageable bien qu’ils ne s’en soient jamais concertés. Elle ne le voulait pas car, malgré l’admiration qu’elle portait pour Simon, son cœur ne l’avait jamais vraiment désiré de manière passionnelle, et son esprit n’avait jamais trouvé en lui d’autre sentiment qu’une amitié platonique.
Un nouveau son vint se mêler au brouhaha de la ville et sortit Louise de ses pensées, l’eau bouillait. Louise jeta son mégot par le balcon et rentra à l’intérieur pour se servir un thé.
Les chaudes vapeurs de la boisson chauffaient le visage de Louise, progressivement elle se réveillait, lentement elle sortait de l’état de paresse extrême dans lequel elle était plongée jusqu’à lors. C’est à cet instant, entre deux gorgées brûlantes, qu’elle se remémora ce qui lui avait été dit la veille, elle réalisa que sa journée avait une chance d’échapper à la monotonie des autres jours. En effet, aujourd’hui, elle attendrait un appel, celui de Simon. La veille, il avait su bouleverser et décontenancer Louise quand il avait tenu à l’informer de l’extrême gravité à ses yeux de leur rendez-vous de ce samedi et de la nécessité toute première qu’il avait de s’entretenir avec elle. Il avait brièvement ajouté qu’il la renseignerait ce matin même de l’endroit et de l’heure à laquelle ils se retrouveraient. Une chose inhabituelle et surprenante qui n’était pas dans les habitudes de Louise mais qui n’était pas non plus pour lui déplaire. Jusqu’à maintenant ils s’étaient toujours retrouvés chez l’un ou chez l’autre et le caractère exceptionnel de leur rencontre à venir suggérait une cause assez extraordinaire et inouïe pour changer leurs plans pourtant habituellement si bien réglés. Une nouveauté qui entretenait désormais chez Louise une relative anxiété et excitation. Louise esquissa un léger sourire. Au fond d’elle, elle se doutait de ce qui l’attendait mais elle ne préférait pas l’admettre avant que Simon lui ait dit de son propre chef.


1995   
Incipit d'une nouvelle 1/7 13/01/2009 à 22:02
Han les incipit.. Que de merveilleux souvenirs Smile

J'ai bien aimé celui la, même si par moment un peu "relaché" (Je sais pas comment le dire autrement).
ça me donnerais franchement envie de lire la suite
Incipit d'une nouvelle 2/7 13/01/2009 à 22:33
Il manquerai peut-être un peu d'action à mon goût ^^
Quand on le lit on attand quelque chose , quelque chose qui attirerai l'attention qui épicerai un peu la lecture mais au final ^^.... pas grand chose
Sinon j'ai beaucoup aimer tu écris très bien
Incipit d'une nouvelle 3/7 14/01/2009 à 22:09
iM_ow a écrit :
même si par moment un peu "relâché"
Je pense voir de quoi tu parle, des moments de flottement, plus "faibles". Si c'est ce que tu veux dire, je trouve aussi, j'ai essayé d'améliorer ça, mais il en reste toujours de grosses traces.

Sinon pour le "manque de piment" et cette attente inassouvie, c'est du je pense, au fait que ce texte ne soit qu'un incipit, je n'ai pas cherché à condenser les "faits intéressants" et les rebondissements dans ces quelques lignes. C'est juste une petite partie de ce qui sera une nouvelle si je la continue. Donc je pense que c'est normal de ne pas y trouver ce quelque chose qui attire l'attention car cet élément déclencheur viendra après dans la suite de l'histoire. Ici, je cherche essentiellement à présenter mes deux principaux protagonistes.

En tout cas merci pour les compliments c'est encourageant.
Incipit d'une nouvelle 4/7 14/01/2009 à 22:26
Justement si tu ne fait que présenter , certains ne seront pas intéressé de lire la suite il faut que pendant que tu les décris il faut quelque chose qui attire l'attention du lecteur , moi qui lis pas souvent j'accroche pas ^^ c'est pour sa (bon je l'ai comme même lu entier)
Après c'est vrai que c'est sympa la description.

PS: Je dessine peut-être en français mais je retien quelques trucs ^^
Incipit d'une nouvelle 5/7 15/01/2009 à 20:35
Je vois ce que tu veux dire : tenter de donner un intérêt dès le début dans les descriptions, pour captiver le lecteur dès la première page. Mais ce n'est pas une mince affaire, surtout dans un incipit, il faut relever le "défi"

D'autres avis si possible?
Incipit d'une nouvelle 6/7 16/01/2009 à 13:31
Oui, je suis de l'avis de Zuwolf mais pas pour les mêmes raisons.
Il y a un truc évident qui ressort de ton texte: tu tentes de mettre du 'style' partout et tu en fais trop.
Je suis désolée mais je sais pas comment le dire autrement.
Ce que tu considères comme des moments plus faibles sont les seuls où l'on respire un peu. Sinon c'est trop chargé, trop lourd et trop pesant. Plus que le manque d'action, c'est ça qui coince à mon avis.
Une bonne question c'est pourquoi tu fais ça?
Une réponse facile mais que je tente est: parce que tu ne sais pas ce que tu veux dire et parce que tu ne sais pas de quoi tu parles.
Pour preuve: tu nous parles d'un lever à Paris au mois d'août et tu situes l'aube à 8h20 du matin ! Ca colle pas. C'est pas vrai, en août le soleil se lève entre 6h30 et 7h.
Tu en a rajouté et tu en mets trop, ça devient incohérent. (un coup la nuit est très chaud, un coup l'air est tiède...)
C'est très audacieux de se mettre dans la peau d'une femme qui travaille depuis 15 ans, toi qui est un garçon de 17 ans.
A mon avis, tu pourrais essayer d'écrire toute la nouvelle d'un coup et après tu regardes comment travailler le texte. Sinon tu ne finiras pas ton histoire.
Incipit d'une nouvelle 7/7 16/01/2009 à 17:21
Déjà merci, je n'avais même pas fait attention à cette incohérence (pour l'aube). Cependant j'estime que l'évocation de l'air tiède n'empêche pas la chaleur d'une nuit ce n'est plus le même endroit ni la même situation. Après, ce ne sont que des détails (même s'il faut y porter attention par souci de cohérence). Pour le reste, c'est un de mes problèmes, il m'arrive souvent de faire des formations, des effets trop lourds, c'est ce que j'essaie de travailler, mais visiblement il y a encore du boulot ^^.J'ai encore tendance à chercher l'exercice de style, mais c'est parfois maladroit. Laisser respirer, pour reprendre ton expression, et ce que je dois tenter de faire. En revanche, je pense savoir où je veux en venir, je ne m'y prend pas forcément de la meilleure manière, mais le plan de cette nouvelle est clair dans ma tête. Reste à améliorer tout ça. Merci de la critique en tout cas.
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