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Vinsou |
Jaune Enfance |
20 |
24/09/10 à 21:44 |
J’avais alors quatre ans. Allongé, avec pour seul support la froideur rigide du parquet, mes yeux tout ouverts sont fixés sur une nervure creusée dans le bois blanc d’une porte. Ils clignent parfois. Derrière cette porte mes parents dorment, ignorant tout. Je fuyais un cauchemar, une hallucination onirique jaune et traîtresse.
Mais au crépuscule de mon enfance m’est-il possible de voir ce souvenir comme une image fixe ? Pas sur. Je vais pourtant me laisser aller à cette entreprise mille fois explorée, à cette aventure mille fois entreprise : l’autobiographie. Suis-je tiraillé par ce besoin de m’ouvrir et de laisser l’encre s’écouler de mes veines ? Ses filets noirs glissent sur le pavé, visibles de tous. Tant de serpents qui jamais ne devraient quitter l’homme qui les fit naître. Une fois libres, ils pourraient mordre quiconque ambitionnerait de les charmer.
J’étais dans mon lit. Un de ces lits à barreaux suédois qui habituent l’enfant au carcan carcéral. Je suis un peu trop grand et, pour trouver le sommeil, j’explore le bois du bout de mes doigts de pied. Collines et vallons se forment là où la coupe imparfaite a enfanté une bosse. Les vides séparant chaque tige de bois clair semblent autant de gouffres dans lesquels mon pouce se perd des heures durant. Je coince un des barreaux dans l’interstice séparant mon gros orteil droit et son voisin au profil plus élancé. Je fais ainsi glisser mon pied de haut en bas plusieurs fois jusqu’à ce que le frottement fasse naître une petite rougeur sur la fine peau un peu molle les séparant. J’ai mal. Pour oublier, j’observe le plafonnier enfantin constellé d’étoile qui me surplombe.
Le plafonnier ornait il déjà ma chambre ? Je ne sais plus. Mes parents me l’ont sans doute offert après. Pour me délivrer de l’emprise de mes sombres songes nocturnes. Sans doute n’avais je pas la vue du ciel étoilé à offrir à mes yeux ce soir là. Mais la vérité n’est pas une droite ferme et immuable. Elle prend chair dans le verbe. Les mots vrais sont un peu fous, ils se complaisent dans le flou et l’abstrait. L’histoire que je vous conte est vraie. Elle est composée de tant d’erreurs et de mensonges sincères que même le voile grisâtre de l’indicible se lève. La vérité apparaît nue. Les yeux baissés, honteuse, se protégeant d’une main en un dernier geste de pudeur avant de se livrer. Entière. Cette nuit se situe quelque part en 1998. Il y en a eu tant d’autres. Des nuits pareilles à celle-ci. Tellement de nuits jaunes. Mais ce soir là, pas de plafonnier étoilé.
Je fixais donc le plafond. La voute céleste de ma chambre de garçonnet prend avec la nuit des teintes particulières. Une veilleuse y projette les formes dansantes d’animaux stylisés. Les nuances de bleu de la nuit se mêlent à l’orange électrique en un tango lumineux. Tout ceci est lent et soporifique. J’oublie mon pied endolori. Je sombre. Sommeil de coton. Asphyxiant velours noir et souffle lent. Menaçantes aspérités. Puits sans fond. Macabres créatures. Monstres d’enfant aux sourires acérés. Petite boule jaune. Chute dans un irréel unicolore. Pas d’or. Juste d’acides formes fauves m’attirant vers un ailleurs indésirable. Délire, peur, chute, excitation, vitesse et ça tourne autour de moi. Le Jaune s’étire tellement qu’il devient un tout. Un tout dont je fais partie. Je suis le poussin perdu sur un océan jaune. Jaune poussin. Tout est jaune. J’habite mon surréaliste cauchemar jaunissant.
Pendant plus d’un an, les « monstres jaunes » sont venus me visiter tout les soirs. J’en avais oublié la sensation ouatée du sommeil tranquille. Mais les mots ont coulé emportant avec eux les démons de mes nuits. Parfois je croise une insomnie, vestige d’un temps ou mon sommeil était colonisé par le songe. Si du garçon naît l’homme alors peut être dois je comprendre ce que j’étais afin d’être… Quelques images sont restées. Assez floues. L’enfance y a déposé comme une poudreuse blanche, un peu froide. Non. Tellement glacée que lorsque je la creuse, mes doigts bleuissent, durcissent et ça pique. Mes nerfs, mes tendons et toute ma câblerie interne est bloquée par un flux de givre blanc. Je ne sens plus mes mains. Je creuse. Sous la neige il y a des souvenirs. Ceux que l’on aimerait ne jamais avoir à se remémorer. Ils flottent comme de gros nénuphars en attendant qu’on les cueille. Perdue au milieu de tous, quelque part sur le vide, flotte la source de mes doutes. Mais je ne la trouve pas. Elle est enfouie, sans doute trop. L’onde, étincelante, berce ma mémoire. J’écoute, attentif aux sons des flots; une clameur atone, dispersée par les vagues, qui chante. J’entends un fracas muet monter des profondeurs et se mêler à l’assourdissant silence de ces lieux. Tout à coup un remous, les nénuphars s’écartent et sur la vaste plaine brillante et bleue j’aperçois un personnage à géométrie variable. Il est comme un reflet, il ondule. Il me fixe avec ses grands yeux pincés aux extrémités. Je crois que c’est moi. Je forme un tout, je suis à la fois le nourrisson que j’étais et le vieillard que je serai.
J’ai un peu peur de continuer à m’écrire. Le pêché d’orgueil semble si naturel dans l’autobiographie. Et il serait si simple et si bon de laisser ma plume tailler un costume trop ample pour moi. Mais je ne le veux pas. Je ne fais pas de promesse de tribunal « la vérité et rien que la vérité », j’essaie seulement de maîtriser le flot qui jaillit. Mais lorsque l’encre se répand sur la page blanche, il faut parfois jeter ces bouts de papier, comme il faut jeter le coton rougi par un saignement. Pourtant, je vais conserver ces quelques grappes de mots car leur vendange a introduit en moi une douce sensation nouvelle et un peu chaude : l’empathie. Pour la première fois je ressens de l’empathie pour cet étranger qu’il convient d’appeler « moi ».
Jaune Enfance |
1/20 |
24/09/2010 à 22:15 |
Puits sans fond
Cela convient très bien à ton texte. Le style ampoulé est à se taper la tête contre les murs ou à se jeter d'une fenêtre. J'ai rarement lu sur ce forum ou même ailleurs, quelque chose d'aussi prétentieux et superficiel (et incohérent soit dit en passant).
Il y a un gros travail à faire pour améliorer la qualité du texte.
Je n'aime pas.
Jaune Enfance |
2/20 |
24/09/2010 à 22:16 |
Frosties a écrit :
Puits sans fond
Cela convient très bien à ton texte.
Du même avis que Frosties...
Jaune Enfance |
3/20 |
24/09/2010 à 22:22 |
ampoulé et superficiel je veux bien mais incohérent ?
Jaune Enfance |
4/20 |
24/09/2010 à 22:23 |
Encore une fois, je m'oppose a toi Frosties.
C'est un texte intérressant sur un sujet commun, ce qui est déjà difficile a faire en soi.
De plus ce texte nous oblige à nous poser des questions, ce qui est le cas de rares textes a ma connaissance.
J'ai accroché dès la première ligne.
Je te remercie Vinsou pour ce texte.
Jaune Enfance |
5/20 |
24/09/2010 à 22:27 |
Merci Super Lazy Boy.
Beaucoup.
Je sais que mon écriture est complexe, mais en soi je pense qu'à limage d'une belle fleur il faut gravir la montagne pour arriver sur le plateau et la cueillir.
Les quelques ecrivains qui touchent au beau avec simplicité sont des génies, moi j'utilise des moyens sonores que je maitrise et je bosse chacune de mes phrases, ca prend du temps.
Mais je comprends les critiques mais si elles pouvaient sappuyer sur des exemples ce serait "cool".
Jaune Enfance |
6/20 |
24/09/2010 à 23:21 |
Frosties a écrit :
Puits sans fond
Cela convient très bien à ton texte. Le style ampoulé est à se taper la tête contre les murs ou à se jeter d'une fenêtre. J'ai rarement lu sur ce forum ou même ailleurs, quelque chose d'aussi prétentieux et superficiel (et incohérent soit dit en passant).
Il y a un gros travail à faire pour améliorer la qualité du texte.
Je n'aime pas.
Je m'oppose également, trouvant cette critique inintéressante
Le texte en revanche est intéressant, bien qu'un peu pompeux, le sujet traité est un sujet peu abordé, et je considère qu'il est difficile à traiter.
Jaune Enfance |
7/20 |
25/09/2010 à 09:38 |
Pourriez vous svp mindiquer les formulations lourdes et pompeuses
Jaune Enfance |
8/20 |
25/09/2010 à 12:16 |
Ben tout est pompeux en fait. J'ai décroché au troisième paragraphe, désolé, j'ai lu le reste en diagonale.
Il est possible de parvenir à accrocher le lecteur avec ce genre de vocabulaire et de phrases ampoulé mais c'est un exercice difficile. De plus je trouve qu'il y a un écart monumental entre la forme qui est travaillée et le fond.
Voilà pour moi.
Jaune Enfance |
9/20 |
25/09/2010 à 13:42 |
Moi j'aime beaucoup, même si j'ai du relire plusieurs fois parce que je ne suis pas très intelligente...
Jaune Enfance |
10/20 |
25/09/2010 à 19:21 |
Vinsou a écrit :
ampoulé et superficiel je veux bien mais incohérent ?
En fait j'arrive pas à m'imaginer que t'aies passé beaucoup de temps pour avoir comme résultats des métaphores vaseuses, une forme vraiment imbuvable et un fond si bateau. Je m'explique pour le fond parce que j'ai déjà assez parlé de la forme comme ça : pendant sept paragraphes tu nous parles des pensées du gosse (touah si on se réfère au mot "autobiographie") , ses rêves et cauchemards au cours des nuits. Déjà rien que ça ça devient limite, mais quand en plus tu pars dans délires avec la couleur jaune, là le lecteur est à bout (enfin mouah en tout cas et pourtant j'ai résisté jusqu'à la fin muahahhaha !). Tout ça pour dire que tu nous bombardes d'images et que c'est mauvais, très mauvais de faire ça. Il faut suggérer au lecteur pour qu'il crée lui-même ses propres images, faut pas l'étouffer avec des détails inintéressants, trop de phrases nominales, etc (je reparle même pas de la forme *O*).
Donc voilà, quand je dis dans mon premier post qu'il y a un gros travail à faire, c'est que je le pense vraiment. Après tu suis mon conseil ou pas, c'touah qui vois.
Pour en revenir au terme incohérent, c'est que tu pars dans tous les sens avec tes figures de style, tu t'attaches trop à perfectionner la forme au lieu de t'occuper du fond et du coup on reste sur une idée de d'ennui (j'ai comme l'impression de me répéter huh).
Vinsou a écrit :
Je sais que mon écriture est complexe, mais en soi je pense qu'à limage d'une belle fleur il faut gravir la montagne pour arriver sur le plateau et la cueillir.
Les quelques ecrivains qui touchent au beau avec simplicité sont des génies, moi j'utilise des moyens sonores que je maitrise et je bosse chacune de mes phrases, ca prend du temps.
Mais je comprends les critiques mais si elles pouvaient sappuyer sur des exemples ce serait "cool".
C'est ennuyant, soporifique même, et ça se voit de loin que t'as juste voulu caser des mots "kewl" parce que tu te disais que ça rendrait la chose mieux (ce qui en soi n'est pas faux). Tu peux avoir un minimum de vocabulaire certes, et le faire savoir au lecteur mais pas besoin de matraquer comme ça (oui parce que je le prends vraiment comme du matraquage vu comme c'est si mal maîtrisé).
Non, pour mouah t'as voulu surjouer et ça se ressent très bien à la lecture (lecture qu'on prend d'ailleurs pour torture).
Et s'appuyer sur des exemples...t'es gentil mais j'ai déjà dit dans mon premier post que c'était l'ensemble, le TOUT est à revoir. Crois-mouah que si ça s'arrêtait qu'à deux-trois détails, je les aurais mis dans mon post.
Adegän Saakian a écrit :
Je m'oppose également, trouvant cette critique inintéressante
Euh là par contre je vois pas en quouah ma "critique" ou plutôt mon avis est plus inintéressant qu'un autre. J'ai quand pris la peine de dire ce qui me dérangeait (pas en détaillant certes), c'est l'essentiel. Je trouve assez idiot de dire ça (quoique j'imagine très bien la raison qui pousse à me sortir ça).
Jaune Enfance |
11/20 |
25/09/2010 à 20:18 |
Bah encore une fois chère (ou pas) Frosties, ton avis est dénué de sens pour moi. Personnellement je trouve que la recherche de la complexité fait la richesse de ce texte. Néanmoins je suis enfin content que fasse un commentaire plus ou moins constructif pour une fois. Je ne te remercierai pas pour autant.
Pas amicalemement du tout,
Superlazyboy
Jaune Enfance |
12/20 |
25/09/2010 à 21:04 |
Non mais vous me lassez avec vos gamineries là. Mon post est assez explicite : c'est pas la recherche de complexité que je reproche-là, c'est le fait qu'il se soit ramassé dans cette recherche justement.
Jaune Enfance |
13/20 |
25/09/2010 à 23:27 |
Juste un détail. J'ai fini deuxième du concours national dix mots pour se dire (ministère de leducation) avec ce texte. Il fut salue pour son jeu de sonorités, et ses images intriguantes.
Sur ce...
(mais mon but ici était de le confronter a un lectorat plus jeune. Conclusion: j'écris pour les papis !)
Jaune Enfance |
14/20 |
26/09/2010 à 01:21 |
C'est vraiment pas ça qui va changer mon avis là-dessus. *_*
Jaune Enfance |
15/20 |
26/09/2010 à 10:20 |
Le niveau devait pas être très élevé.
Jaune Enfance |
16/20 |
26/09/2010 à 15:13 |
Bah dis donc o.O Moi je dis Bravo.
Après, on peut pas juger si le niveau était élevé ou non.
C'est suivant les juges peut-être, ils pensent pas de la même façon car ils sont plus âgés.
Oh et puis j'en sais rien.
Jaune Enfance |
17/20 |
26/09/2010 à 21:33 |
Merci Ines
Jaune Enfance |
18/20 |
02/11/2010 à 10:49 |
De rien
(1 mois plus tard je sais,)
Jaune Enfance |
19/20 |
04/11/2010 à 22:18 |
Le style est beaucoup trop lourd à mon goût, et je rejoins l'avis de Frosties à ce sujet : le problème majeur est justement que l'on perçoit immédiatement cette recherche de complexité. Ton texte gagnerait sans doute à être allégé, les phrases à être retravaillées pour ne plus apparaître comme un enchevêtrement de mots mêlés les uns aux autres pour former une masse au final assez étouffante.
Certains apprécient ce genre de textes qui fourmillent de mots plus ou moins compliqués ; je les aime aussi, lorsqu'ils sont maîtrisés à un tel niveau que les mots coulent du fait de l'équilibre parfait établi entre les mots qui ne sont ni trop lourds, ni trop légers, ni trop ternes, ni trop aguicheurs.
Quant à ton fameux "détail" :
Vinsou a écrit :
Juste un détail. J'ai fini deuxième du concours national dix mots pour se dire (ministère de leducation) avec ce texte. Il fut salue pour son jeu de sonorités, et ses images intriguantes.
Sur ce...
(mais mon but ici était de le confronter a un lectorat plus jeune. Conclusion: j'écris pour les papis !)
Les gens qui ont un égo surdimensionné m'agacent. Si ton but était réellement d'avoir un avis objectif sur ton texte, et non de pouvoir ensuite te jeter des fleurs, tu aurais su conserver cette information pour ton - éventuelle - future autobiographie.
Jaune Enfance |
20/20 |
10/11/2010 à 18:43 |
Lisez entre les lignes; c'est tout ce que j'ai à dire.