Moins de 18 ans
18 ans ou plus
shesmad | It's a hard knock life. | 2 | 20/10/10 à 21:26 |
Peut être qu'un jour tu réaliseras. Peut être que tu te souviendras, de la gamine que tu as laissée sur le bord de la route. Quand tu auras deux ou trois gosses et une femme et un costume d'homme sérieux. Quand tu auras trop d'or pour être heureux, que tu continueras d'être beau et qu'elle aura craqué comme tellement d'autres. Comme toutes les autres. Tu l'auras choisie elle pour rien, ou alors pour ses jambes immenses, elle pour son maquillage et ses doigts sur ton torse. Elle sera gentille, toi tu voudras te poser un peu. Tu fumeras trop en la regardant se déshabiller, tu n'auras pas vraiment changé. Tu ne te raseras pas toujours, mais tu seras sacrément beau, beau comme avant, avec tes yeux de gamin, brillants, dans lesquels je pensais qu'on pouvait lire toute la misère du monde. Je me souviens, je te regardais, tout près, ton souffle contre ma bouche et je sentais ton haleine chaude, je lisais sur tes lèvres on s'aimait c'était notre secret. Ton sourire était magnifique, et tes toutes petites dents blanches qui mordaient mes joues. Tu n'aimeras pas vraiment quand tes gamins te tourneront autour en criant, tu feras semblant de sourire en buvant ton deuxième whisky, tu seras doucement ivre. Tu regarderas dehors, la neige tomber doucement, elle passera la main dans ton dos et tu l'embrasseras du bout des lèvres, en l'imaginant nue. Non, tu n'auras pas changé. Tu repenseras un peu à ta jeunesse et mon visage te reviendra comme un coup dans le ventre, il te coupera la respiration, tu auras envie de vomir et moi je serai vide comme d'habitude. Tu repenseras à celui que tu étais et que tu es toujours un peu. Tu ne diras rien à personne et tu te tireras. T'auras été amoureux souvent, mais c'est de moi, ce soir là, dont tu te rappelleras. Tu retrouveras les numéros de téléphone de vieilles connaissances, ils te diront où je suis, tu pleureras comme un con, sans rien dire, tu prendras ta voiture et tu rouleras dans la nuit, les phares éteints, tu voudras crever et tu me retrouveras le lendemain matin. Tu frapperas à ma porte trop fort, ça me fera sursauter, je renverserai un peu de mon thé brûlant sur le parquet, je viendrai t'ouvrir. J'aurai pas trop changé, mais en te voyant j'aurai plus ces joues rouges. Tu me trouveras le charme d'avant et tu voudras que rien n'ai changé, que je sois encore un peu ivre, qu'encore je caresse ta joue tout doucement. Tu t'en voudras beaucoup. Je n'aurai pas l'air surpris mais mes jambes seront liquides. Tu me trouveras belle comme avant. Et moi je me souviendrai des fois où on s'embrassait sous la pluie en regardant à travers toi. Je serai devenue transparente. Dieu ce que tu t'en voudras. Tu te mordras les lèvres au sang. Je te dirai ça va ? Et toi tu tourneras la tête sans me répondre. Tu veux un thé, un café, quelque chose ? Tu n'aurais pas plutôt quelque chose de fort .. ? Une vodka ? Si, j'arrive. On la boira sans rien dire, dans le silence épais. Je n'oserai pas te demander pourquoi tu es là. Après tant d'années. De toutes façons, tu le diras quand même. Tu ne seras pas ivre. Tu pleureras doucement, tu useras tes yeux sur ma peau pâle, sur la courbe de mon dos, sur mes seins. Tu n'auras pas changé. Tu colleras une main sur ma joue fraîche. Je baisserai la tête, me lèverai et irai vomir sans bruit. Toi tu attendras patiemment, tu chercheras tes mots. À mon retour tu diras je suis désolé, j'étais jeune, j'étais con, je m'en veux. Je ne pourrai pas m'empêcher de rire. De rire parce que personne ne peut t'en vouloir. Alors je ne t'en voudrai pas. J'aurai bu un peu trop et on collera nos fronts, tu me voudras pour toi, vraiment pour toi et tu auras une main sur mon genoux. Finalement c'est moi qui t'embrasserai, comme avant, en te demandant combien tu m'as aimée, si un jour tu m'oublieras. Je ne t'aurai pas oublié. Tu passeras la nuit tes bras autour de moi, mon visage dans ton cou, essoufflés et humides, et puis je m'accouderai sur ta poitrine, comme j'avais fait cette nuit là, je mordrai encore tes lèvres et puis t'abandonnerai sur le pas de la porte. On se dira au revoir, on se dira adieu, on ne s'embrassera pas et je regarderai ton dos s'éloigner, tes épaules fières, je devinerai ton sourire d'avoir réussi, de m'avoir eu, d'avoir encore goûté ma peau.
It's a hard knock life. | 1/2 | 20/10/2010 à 22:53 |
It's a hard knock life. | 2/2 | 20/10/2010 à 23:34 |