Bonsoir !
Ce soir je me suis livré à un exercice nouveau pour moi, j'ai écrit en m'inspirant de la musique que j'écoutais (Explosions In The Sky, pour ceux que ça intéresse, l'album "How Strange, Innocence"). Est né ce texte, que je vous laisse juger, bonne soirée.
Comme c'est drôle l'innocence. Et étrange. Quand j'étais petit, il y avait dans mon jardin un cerisier. Comme toutes les années, il commençait à donner ses fruits à l'approche de mon anniversaire, j'ai longtemps pensé que c'était un cadeau pour me récompenser d'avoir été sage et d'avoir pris soin de lui. Mais il devenait vieux et un jour il a fallu le couper. C'était ma première expérience avec la mort, et la quantité de larmes que j'ai versé aurait pu suffire à l'irriguer plusieurs années.
C'était un drôle de temps, celui où j'étais capable d'aimer pour quelques cerises et un peu d'ombre et de fraîcheur pendant l'été cette chose qui ne bougeait pas et ne me disait pas un mot. Et quel drôle de mot encore que l'innocence, ça veut dire qu'un jour je suis devenu coupable. Coupable de quoi ?
Moi j'y peux rien, j'ai rien fait. J'ai jamais rien accompli qui m’aie un jour poussé de l'autre côté de la barrière, on a du m'y amener progressivement sans que je m'en rende compte. C'est atroce, ça me déchire de savoir que c'est quelque chose d'irréversible, j'ai beau lutter, c'est à croire qu'il y a un gène en moi qui me ramène systématiquement à l'âge adulte. C'est une musique qui résonne dans ma tête, où au loin les mélodies sont caressantes, douces et légères mais elles sont submergées, écrasées, broyées par d'affreux tambours qui frappent toujours plus fort. Dis moi, tu l'entends toi aussi ?
Tu sais toi, pourquoi je peux plus dormir avec un doudou ? Pourquoi je peux plus pleurer ? Pourquoi un câlin de ma mère ne peut plus suffire à me rassurer ? Je crois qu'on dit que ce sont des choses pour les faibles. Mais... pense à cette fille que tu as aimé quand tu avais 16 ans. Tu lui as fait l'amour des dizaines, peut être des centaines de fois. Tu la détestes maintenant. Comme tu détestes et détesteras toutes les suivantes. Parce que tu n'as pas pu aimer plus de quelques jours. C'est pas être faible ça ? Et tu vas oser me répondre "Carpe Diem". Mais ça veut rien dire tout ça, le présent ça n'existe pas. Au moment où tu vois cette lumière, où tu entends ce son, elle a déjà changé, il a déjà disparu. Voilà, on vit dans un temps qui n'est pas le notre, l'Homme n'est pas fait pour ce monde.
Et toi, mon cerisier, peut être que ce sont tes branches qu'on a fait brûler dans la cheminée en hiver pour nous réchauffer. Et si tu as su m'apporter un peu de chaleur alors que tu ne vivais plus, c'est que tu es meilleur que tous les Hommes que j'ai jamais rencontré.
L'innocence |
1/7 |
29/10/2013 à 22:00 |
Waouh, ton texte est magnifique !
L'innocence |
2/7 |
30/10/2013 à 17:55 |
Merci m'dame
L'innocence |
3/7 |
31/10/2013 à 22:07 |
En espérant qu'il y en ait d'autres
L'innocence |
4/7 |
01/11/2013 à 20:24 |
Je ne peux que confirmer .
L'innocence |
5/7 |
01/11/2013 à 22:12 |
Ton texte est superbe. J'avais un cerisier moi aussi avant, j'étais toujours sur ses branches quand j'étais gamine, je l'adorais. Je l'adore toujours en fait, et monte toujours dessus quand je me sens particulièrement heureuse, ou particulièrement malheureuse. En bref, ton texte a fais écho en moi.
L'innocence |
6/7 |
01/11/2013 à 22:51 |
Merci ça me fait plaisir
L'innocence |
7/7 |
05/01/2014 à 17:34 |
Joli texte par contre tu m'as fait découvrir un album vraiment génial !