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Oderlin | La solitude | 2 | 14/08/07 à 21:41 |
La solitude
Il y a longtemps, existait un jeune garçon qui restait continuellement seul. Terré dans sa chambre, sa maison, son nid, où bizarrement la solitude avait un charme, un charme enfantin.
Un univers, étroit, sale, silencieux, parfois trop, mais peu importe ce que cet endroit puisse être, c’est le sien, il y est libre et il se sent bien en y étant.
Il était la solitude, pleine d’innocence, d’insouciance et d’ignorance.
Il regardait ces quatre murs qui composaient ses barrières, sa cage. Sa prison ? Isolé du reste du monde, isolé de l’Humanité, libéré d’une réalité qu’il n’a jamais côtoyée, prisonnier d’un rêve n’étant que le premier chapitre de ce qui ne peut que se transformer en cauchemar.
Mais que faire dans un endroit froid, sans distraction ; peut-être sans bonheur finalement… Et puis un beau jour, il sortit, pour autre chose que des besoins vitaux, à moins que l’on ne qualifie cela ainsi.
Il vit un homme dans la rue, qui déambulait sans but, un sourire sur son visage, et de l’eau qui coulait sur ses joues. Oui, des larmes, la tristesse, la douleur. Malgré lui, le jeune garçon ne put s’empêcher de pleurer en voyant cet être.
A cet instant, il trouva un crayon sur le sol, il le ramassa, le regarda attentivement et le mit précieusement dans sa poche. Il scruta les alentours : l’homme était parti. Il rentra chez lui, troublé, et il réfléchit.
Cette nuit-là, il fit son premier rêve. Le lendemain, nul ne sait pourquoi, il prit son crayon et dessina un arbre sur un de ses murs. Il voulait retourner dehors, il le fit.
Il vit un grand homme, très grand, qui portait sur ses épaules une petite fille qui riait aux éclats, avec son père. Un père… Le jeune garçon aurait tant aimé en avoir un…
Il rentra, toute cette joie l’avait épuisé, lui qui ne la connaissait pas. Une autre nuit passa et le crépuscule réveilla l’âme solitaire qui dormait pourtant si bien. Il prit une nouvelle fois son crayon et dessina un soleil, pour faire briller l’arbre.
Une autre rencontre l’attendait, et cette fois, il dut attendre plusieurs semaines avant que celle-ci n’ait lieu. Ainsi donc, un jour où il ressortait après être resté un moi ou deux cloîtré à réfléchir, il s’attendait à voir quelqu’un, mais il ne vit nul être devant lui.
Puis, il baissa les yeux et vit une personne gisant à ses pieds, morte. Il ne sut pourquoi, il s’enfuit, ça lui faisait peur et il n’aimait pas cela. Il rêva de cette personne et le lendemain dessina une croix sur le second mur.
Un an plus tard, tandis qu’il se promenait, il aperçut une femme, splendide, et il avait mal, très mal, comme la fois où il avait pleuré ; il avait peur, très peur, comme la fois où la mort était à ses côtés, et il débordait aussi de joie, comme la fois où il avait découvert ce qu’était la paternité.
Il était amoureux. Il n’osa pas s’approcher d’elle, de peur de l’importuner, peur de faire une chose qui lui aurait déplu.
C’est dommage jeune garçon qu’il n’y ait pas que la solitude qui puisse empêcher l’amour. Et alors qu’il rêvait d’elle, il se demanda si l’on pouvait toujours dire qu’il était seul ; au moins ne l’était-il plus dans ses songes.
Le lendemain, sur le troisième mur, il dessina un cœur et, sur le dernier, il se dessina lui. Il regarda ensuite sa chambre. Non, il n’était plus seul. Toutes ces choses qu’il avait dessiné, toutes ces personnes en vérité, faisaient parti de son univers à présent.
Une partie de l’Humanité était en lui, il a tout découvert en même temps, il n’a donc rien eu à choisir. Certes la solitude est humaine, peut-être pas tant que ça en fait, et tout ce qu’il avait entrevu, il voulait l’explorer.
C’est ainsi que la solitude comprit l’Humanité et qu’elle essaya de se faire comprendre de cette dernière. Je ne sais si ça a marché ou non, mais dans tous les cas je sais que la solitude n’a sûrement pas de sens si on ne connaît aucune Humanité à laquelle la comparer.
La solitude | 1/2 | 14/08/2007 à 21:50 |
La solitude | 2/2 | 14/08/2007 à 22:04 |