Les homophiles

Belle du Singe

Les homophiles

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14/03/09 à 22:52

Merci de vos commentaires sur ce texte =)


Le bruit de sa chute ne passa pas inaperçu, trois heures que cette jeune fille enchaînait verres sur verres, trois heures que tous pouvaient la voir attablée dans le coin le plus sombre de ce bar sordide de 5ème zone. La clientèle du "Wilson", principalement composée de quinquagénaires n'attendant certainement plus rien de la vie, n'avait pas l'habitude de se retrouver confrontée à un tel spectacle.
Sa robe de satin vert émeraude semblait terne à la lumière blafarde s'échappant péniblement du lustre. Ses cheveux, longs et emmêlés, avaient dû être d'un brun soyeux autrefois, de celui qui réfléchissait la moindre parcelle de lumière. On devinait un visage fin et racé à travers le voile que formait une mèche de ses cheveux. Si l'un de ses hommes avait osé relever sa longue et lourde chevelure, il aurait certainement pu admirer les douces courbes de sa nuque gracile.

Personne ne vit rien venir, d'ailleurs le barman avait même fini par se désintéresser de la mystérieuse jeune fille. Bien entendu, il s'était interrogé sur l'étonnante capacité qu'elle avait à ingurgiter autant de Martinis blanc. Sa réponse fut longue à venir, mais elle vint.
La jeune fille s'écroula du haut de son tabouret bancal, son crâne ne provoquant qu'un bruit sourd en heurtant le sol. Ce fut l'éclat du verre brisé qui fit se retourner toutes les têtes.
L'homme le plus proche d'elle se leva précipitement et tâta maladroitement le poûl de la belle évanouie . Lorsque le barman s'approcha d'elle afin de voir l'étendue des dégâts, se disant qu'il n'était pas à un vomi près, il ne put qu'être sidéré par le spectacle de cette vulnérabilité étalée à ses pieds.
Une petite troupe commença à se former autour du corps inanimé. La rumeur des chuchotements empli la salle, comblant ainsi le silence du regard de tous ces hommes qui ne pouvait détacher leurs yeux de la jeune fille.

Elle ne fit aucun bruit en entrant, sans hésitation, elle se dirigea vers l'attroupement, balayant le sol de son long manteau noir. Elle écarta avec délicatesse ceux qui barraient son chemin. Lorsqu'elle prit la tête de la jeune fille entre ses mains, le silence fut complet. Doucement, on la voyait bercer dans ses bras ce qui semblait être la prunelle de ses yeux. Effarés, les pauvres hommes l'entourant reculèrent peu à peu.
Ils observaient ces deux femmes, l'une alongée et l'autre restant prostrée auprès d'elle. Les cheveux de la nouvelles venue étaient trempés, certainement à cause de l'averse de dehors. Ses larmes se mêlaient aux gouttes de pluie sur ses joues. Elles atterrissaient même sur le visage de la jeune évanouie. Lorsque celle-ci reprit connaissance, elle ne vit que le visage brûlant de tendresse penché au-dessus d'elle. Le visage de celle qu'elle avait espéré, et ce depuis le début.
"Pourquoi as-tu été si longue? Je t'attendais depuis trop de temps."
"Chut, regarde moi. Me relever n'a pas été facile tu sais. Non, tais-toi, ne sens-tu pas mon doigt sur tes lèvres? Regarde ce que tu as fait de moi Gyne. Ils n'ont pas accepté, que nous soyons nous, et ensemble. Ils n'ont pas voulu que nous restions, alors tu es partie. Je t'ai cherchée, mais c'était dur, je ne savais plus quoi penser. C'était la première fois pour moi Gyne. Chut, regarde mon coeur, c'est là que ta main a frappé."