Moins de 18 ans
18 ans ou plus
PiiNK WATER | [Bac Littéraire] Ecriture d'invention | 22 | 21/06/08 à 14:41 |
[ Coucou les gens, alors j'viens de passer les épreuves anticipées de première du Bac littéraire, en Français ... Et j'ai fait l'écriture d'invention, dont le sujet était d'inventer une suite à ce texte :
"Dans la pénombre de la salle de café le patron dispose les tables et les chaises, les cendriers, les siphons d'eau gazeuse; il est six heures du matin.
Il n'a pas besoin de voir clair, il ne sait même pas ce qu'il fait. Il dort encore. De très anciennes lois règlent le détail de ses gestes, sauvés pour une fois du flottement des intentions humaines; chaque seconde marque un pur mouvement : un pas de côté, la chaise à trente centimètres, trois coups de torchon, demi-tour à droite, deux pas en avant, chaque seconde marque, parfaite, égale, sans bavure. Trente et un. Trente-deux. Trente-trois. Trente-quatre. Trente-cinq. Trente-six. Trente-sept. Chaque seconde à sa place exacte.
Bientôt malheureusement le temps ne sera plus le maître. Enveloppés de leur cerne d'erreur et de doute, les événements de cette journée, si minimes qu'ils puissent être, vont dans quelques instants commencer leur besogne, entamer progressivement l'ordonnance idéale, introduire çà et là, sournoisement, une inversion, un décalage, une confusion, une courbure, pour accomplir peu à peu leur oeuvre : un jour, au début de l'hiver, sans plan, sans direction, incompréhensible et monstrueux.
Mais il est encore trop tôt, la porte de la rue vient à peine d'être déverrouillée, l'unique personnage présent en scène n'a pas encore recouvré son existence propre. II est l'heure où les douze chaises descendent doucement des tables de faux marbre où elles viennent de passer la nuit. Rien de plus. Un bras machinal remet en place le décor.
Quand tout est prêt, la lumière s'allume... "
Il fallait garder l'atmosphère et le style ...
Voilà c'que j'ai fait ...
Quand tout est prêt, la lumière s'allume ; machinalement, trop éblouis, les yeux du patron se ferment . Il est, le temps d'une seconde à peine, coupé du brouillard qui l'entoure, plongé dans un néant aveugle . Un picotement sec dans ses yeux ; plus rien .
Il se réveille ; doucement, ses paupières s'ouvrent sur un iris gris ; ses yeux voient, inexpressifs, sans regarder . Il est trop tôt . Il fait trop froid .
Le bruit d'une porte qui s'ouvre ; un courant d'air vient lui arracher un frisson, qu'il remarque à peine .
La silhouette approche, menue, légère ; un bruit sourd de talons retentissant sur le parquet .
Elle s'accoude au bar, le regard vide . " Un café ... Bien serré ... " . Ses lèvres n'ont pas bougé . Les matins, en hiver, les formules de politesse ne sont pas d'usage . Demi-tour, deux pas ; son bras prend une tasse, demi-tour, son doigt appuie sur le bouton . Chaque mouvement est calculé, précis, ordonné par le cerveau, exécuté par les membres, sans conscince aucune .
Le bruit de la machine rythme l'écoulement du café, comme un métronome . Le café coule, coule, coule, coule ...
Le bruit s'arrête, arrêtant avec lui le mince filet .
C'est fini . A nouveau, les mouvement sont rythmés par les secondes : prendre la tasse, la poser sur la petite assiette, y déposer un sucre, un chocolat, ou deux sucres, il ne sait pas ; à cette heure-ci il n'y a pas encore de différence . Au goût non plus . A cette heure-ci, le vent murmure sous la porte, constant .
Une seconde . Le patron lève les yeux . Une seconde . Il la voit . Une seconde . Il la regarde ; ses yeux gris, perdus, ses cheveux noirs, légèrement ondulés, encadrant son visage, avec douceur, marquant un contraste avec la dureté, l'amertume de ses traits .
Mélancolique, nostalgique .
Ces matins d'hiver, c'est l'humanité qui est mélancolique ; dehors, les poètes, assis sur des bancs, les pieds dans la neige, écrivent . Ils écrivent la mélancolie des paysages, le brouillard qui entoure les gens qui passent ; ils écrivent les toits enneigés, où parfois un corbeau vient se poser, et observe une seconde la monstruosité du silence, uniquement bercé par le froissement de la neige sous ses pas . Insupportable .
Le patron remplit les quelques minutes de répit qu'il lui reste, avant le commencement de l'enchaînement faux et confus des évènements ; il sort les bouteilles, essuie les verres, vérifie la caisse .
Déjà, le temps semble disparaître ; la seconde perd, peu à peu, sa fonction de métronome . Le silence se fait moins lourd ; dehos, les gens augmentent la cadence de leurs pas . L'humanité se réveille . Le brouillard se fait moins dense .
Le patron observe la femme accoudée au bar . Sa tasse est encore pleine, ses yeux toujours vides ; elle ne se réveille pas . Elle est immobile, mais pourtant, le rythme des secondes ne l'a pas quittée ; et " trois mille six cent fois par heure, la Seconde semble lui dire : " Souviens- toi " " ( Baudelaire )
Vala, vala, dites-moi ce que vous en pensez ...
C'est un peu long, j'suis désolée ... Bon courage
&. merci à tous ceux qui auront lu ...
[Bac Littéraire] Ecriture d'invention | 21/22 | 21/06/2008 à 17:00 |
[Bac Littéraire] Ecriture d'invention | 22/22 | 21/06/2008 à 17:03 |