Lolita, ne pleure pas...

C r a s h y _

Lolita, ne pleure pas...

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19/10/07 à 01:54

Je sais, encore un long texte. Je sais, encore du déjà-vu. Mais c'est une histoire vécue que je voulais simplement partager, rien de plus =)
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Elle me répétait sans cesse “Lolita, ne pleure pas, ça fait couler le mascara… Les gens te regardent bizarrement quand tu refoules pas tes sentiments.».
Elle parlait constamment en rime, peu importe la gravité de la situation. J’ai toujours pensé qu’elle faisait de ses paroles une douce poésie simplement pour se donner un genre, au risque d’être considérée comme étant une femme prétentieuse. Cependant, plus les années avançaient, plus je me rendais compte qu’elle ne pouvait pas faire autrement. En fait, c’était comme si ses phrases sortaient tout droit d’un recueil des plus beaux poèmes de Nelligan. À chaque fois que ses lèvres me murmuraient un sonnet, une musique résonnait dans mes oreilles et je la voyais danser dans ma tête vêtue d’une guêpière de soie noire. Elle était si belle, si séduisante. Elle était mienne.

Je crois que je l’aimais trop. À chaque fois que ses mains sensuelles touchaient ma poitrine, je me sentais fondre. Je pouvais me perdre dans ses bras durant des heures, pour me retrouver dans le désir de ses lèvres. Le simple fait de fantasmer sur son corps collé au mien suffisait à me faire rêver. Passer des nuits entières à m’imaginer vivre ma vie à ses côtés suffisait à me faire respirer.

[…]

Une main caressant sa fleur en éclosion, une autre me piquant la cuisse gauche délicatement. Jouissance et tristesse se mélangeaient dans ses yeux. Quand une larme glissa sur sa joue, je me retins de lui murmurer la phrase qu’elle me disait si souvent. Nos jambes s’entrelaçant dans une douloureuse tendresse, elle se pencha vers moi en réprimant ses pleurs, me refusant la chaleur de sa peau.

« Ne touche plus à tout ça, Lolita. Reste avec moi. Juste avec moi, pour toujours. »

Plus d’Ectasie. Plus de Vodka. Plus d’Héroïne. Elle, ma drogue. Elle, juste elle, pour l’éternité.

J’avais jeté mes seringues et mes bouteilles pour lui faire plaisir, parce que je savais que me voir périr la tuait à petits feux. Et je ne voulais pas qu’elle meure, oh que non. J’avais besoin d’elle pour résister à la tentation de me piquer. C’était la seule personne capable de me faire tomber, sans pour autant me laisser sombrer.

[…]

Dix jours d’enfer, dix jours de torture. J’ai besoin de mes seringues, de mes bouteilles, de mon semblant de bonheur. Son corps est une pure jouissance, mais il ne me suffit plus. Sa chaleur corporelle n’équivaut pas la sensation de brûlure que me procure un verre de Vodka.

Je cours vers ma salle de bain, puis vide toutes les armoires. Tout a disparu. Tout, sans exception. Elle n’avait pas confiance en moi, elle a tout caché en sachant que je ferais une rechute. Elle me connaît trop bien, beaucoup trop bien.

Je me précipite dans sa chambre, lui hurlant de me révéler où elle a tout dissimulé. Je remarque ses vêtements soigneusement pliés sur le lit, une valise ouverte à leurs côtés. Je lui supplie de tout me redonner et de ne pas me quitter. Quand elle se tourna vers moi pour me regarder droit dans les yeux, j’ai su que c’était fini. Elle avança vers moi, puis essuya les larmes perlant mes joues.

« Ne pleure pas, Lolita…Tu sais que c’est mieux comme ça… »

[Que reste-il d’elle dans la tempête brève?
Qu’est devenu mon cœur, navire déserté?
Hélas! Il a sombré dans l’abîme du rêve!…]

Quand elle sortie de la pièce, je me mis à hurler. Ma douleur devenait plus palpable, plus féroce. J’avais besoin de mes seringues. Maintenant. J’avais besoin de tout oublier en me piquant. Maintenant.

Étant convaincue qu’elle avait tout caché dans la chambre, je la fouillai de fond en comble. Le contenu de tous les tiroirs se retrouvant étendu sur le sol, je fus prise d’une rage soudaine. Chandails et pantalons se mirent à voler dans la chambre, se heurtant aux murs et au plafond.

Lentement, je pris sa guêpière de soie noire entre mes mains. Sans doute l’avait-elle oubliée, ou alors voulait-elle que je la garde en son souvenir. Quelque chose me piqua la main. Une seringue. Plein de seringues, placés soigneusement entre les coutures de la guêpière.

M’allongeant sur mon lit, je me dis que je n’avais plus le choix. Si je ne pouvais plus posséder son corps, je voulais également perdre possession du mien. Je me mis à pleurer comme jamais auparavant. Une piqûre dans la cuisse. Une dans le bras gauche. Une autre dans la fesse droite. Puis une dernière sur la langue.

Je ne sens plus mon corps. Mes jambes frissonnent intensément. Mes yeux ne supportent plus la lumière du jour. Je pleure, je pleure, sans pouvoir réprimer mes sanglots.

« Lolita, ne pleure pas, ça fait couler le mascara… »

Une musique résonne dans mes oreilles, je la vois danser dans ma tête vêtue d’une guêpière de soie noire. Elle est si belle, si séduisante. Elle n’est plus mienne…

Ectasie. Vodka. Héroïne. Elles, mes drogues. Elles, juste elles et moi, pour l’éternité.