Oulala c'est très très long tout ca, des courageux? ^^ bon j'avoue le sujet n'est pas des plus réjouissants mais bon.... a vous de voir ;)
Vivre ou mourir… telle est la question…
C’est étrange, pourtant tu te souviens Sarah… oui tu te souviens, tu dois te souvenir ! Tu en as besoin ! Pour enfin choisir, en finir ! Et tu le sais.
Mais que veux-tu ma pauvre fille…. Tu as maintenant 50 ans et rien qu’aujourd’hui tu es seule, dans cet hôpital, froid, blanc, mort comme tu l’es toi-même, et finalement ton physique ravagé n’est que le reflet de ce que tu es à l’intérieur… pour ne rien gâcher tu te parles seule comme une folle… mais je dois parler il le faut ! Je dois me confier, même seule, me confier à moi-même… le silence devient insupportable ! Sarah… ouvres les yeux ! Tu es une rescapée d’Hiroshima…
La guerre faisait rage dans le monde entier, quel monde abominable ! Mais bien sûr elle avait encore épargné notre petite ville d’Hiroshima, et tu te souviens pauvre folle comme tu continuais à espérer qu’il en soit ainsi… Cette ville où se déroulera, l’évènement funeste qui scellera définitivement notre destin…
Je me souviens parfaitement de ce jour… C’était un samedi… un magnifique samedi ensoleillé, je me suis réveillée le matin, au côté de l’homme que je n’ai jamais cessé d’aimer, Jinsang. Le Soleil filtrait à travers nos volets, et je sentais quelque chose sur le lit… c’était…
Un sourire vient fendre un visage larmoyant, triste et nostalgique
… c’était ma petite fille de 7 ans, Jade, qui sautait frénétiquement sur le matelas comme possédée, sûrement par le grand démon de la faim matinale…
Je la contemplais, et parfois quelques chauds rayons dorés s’attardaient sur son petit visage d’ange, et tu te souviens Sarah, de ses grand yeux noirs, émerveillés, avivés par on ne sait quel secret qu’elle ne gardait que pour elle. Jamais nous n’aurions put rêver enfant plus merveilleuse… ses petites joues roses, son air boudeur quand elle n’avait pas ce qu’elle voulait ou même ses adorables yeux de cocker quand elle tentait de nous corrompre Jinsang ou moi…
Une ombre passe sur le visage de la vieille femme
Mais bien sûr, la vie nous réservait un autre sort des plus horrifiants…
C’est ainsi que ce jour là notre existence à basculer… et souvent je viens à regretter que ce ne sois pas moi que la mort ait emportée plutôt qu’eux…
Jade était retournée dans sa chambre et mon mari commençait à préparer le petit déjeuner, tandis que j’enfilais ma robe de chambre à la va vite.
Une expression indescriptible se fige sur son visage.
Et je ne saurais dire ce qu’il s’est passé précisément à ce moment là, mais je me souviens avoir entendu une énorme explosion et un cri de Jade, j’ai, par instinct, voulu courir la retrouver mais la seconde d’après je me trouvais écroulée par terre tentant de reprendre mes esprits, et dès que ce fut fait je n’avais qu’une chose en tête, ma fille et mon mari !
C’est en ouvrant les yeux que je me rendis compte avec horreur, qu’autour de moi des pans entiers de mur s’écroulait, le toit s’effondrait, de la poussière volait partout. A travers les décombres de ce désastre, ma vision était détruite, j’étais impuissante, si seulement, si seulement j’avais eu un moyen de les sauver…
Ses mains tremblent, sa gorge se noue et on sent la panique dans sa voix.
Je me relevais à toute vitesse en portant un regard terrorisé sur ma main ensanglantée, et mon bras d’où tombaient de gros lambeaux de peau, je n’osais m’arrêter devant une glace vérifier les dégâts sur mon visage, tandis que les visions et les scenarios plus terrifiants les uns que les autres se bousculaient dans ma tête…
Je me rappelle tout, la douleur, je sens encore l’odeur indescriptible qui flottait dans l’air, un mélange de soufre et de je ne sais quoi d’autre d’insupportable…
Fonçant vers la chambre de Jade, c’est à cet instant que la peur, une peur amère, déchirante, un doute effroyable me saisit, je n’entendais rien, aucun cri... Jade ne criait pas.
Je m’arrêtais soudain dans ma course devant la chambre de notre fille, notre bébé… plus aucun bruit autour de moi ne m’atteignait tandis que notre maison continuait à s’écrouler autour de nous, comme si c’était le reflet de notre vie qui tombait en morceaux… comme un château de cartes sur lequel aurait soufflé le vent de la fatalité.
Je contemplais, sans les voir, mes membres ensanglantés et mutilés, n’osant poser la main sur mon visage… Seul m’arrivait aux oreilles le son irrégulier des battements affolés de mon cœur, le sang qui battait contre mes tempes.
Je portais la main à la poignée de la porte et l’ouvrit lentement… encore aujourd’hui je ne peux vraiment décrire à quel point ce que j’ai vu fut d’une monstruosité inconcevable…
J’en ai vomi… j’ai vomi tout ce que j’avais dans le corps, il fallait que j’expulse, d’une manière ou d’une autre, tout ce que j’avais subi en quelques minutes… il fallait qu’aussi impuissante que j’étais, je régurgite le cauchemar.
Tout ce que je peux vous dire, c’est que ma fille qui avait tenté de se diriger vers la porte était réduite à un corps difforme… je crois que cette chose immonde qui ne ressemblait plus à l’enfant que j’avais mise au monde essayait de respirer puisqu’un râle affreux, venu des profondeurs terrifiantes de l’enfer… s’échappait de ce qui devait être sa bouche.
Je me suis alors approchée de Jade qui réussit à tourner la tête vers moi, une tête ensanglantée à vous déchirer l’âme, ses yeux imploraient, oui ils imploraient, je crois qu’elle pleurait… je me suis assise a côté d’elle… j’ai pris son pauvre petit corps dans mes bras… et je l’ai bercée… il n’y avait plus rien d’autre à faire.
Je ne sais pas exactement quand est-ce qu’elle est morte… mais je l’ai bercée dans mes bras, j’ai continué encore et toujours, comme si j’allais par là faciliter son départ, la réconforter… ou même la ramener à la vie, effacer ce cauchemar !
Un grand réconfort m’habitait a présent… les bruits alentours ne nous atteignaient plus, les cris non plus… et la noirceur de la mort nous a entourer de ses bras squelettiques…
Seulement mon heure n’était pas venue et je n’ai que très peu de souvenirs de ce qu’il a bien pu se passer après… à part mon réveil, seule à l’hôpital et depuis ce jour, ce jour noir où je suis morte de toutes façons, où j’ai perdu la vie, je n’ai plus envie de me battre pour rien… J’ai appris que mon mari étais mort, seul dans la cuisine… je ne saurais jamais comment… je n’ai pas voulu voir son corps, et toutes les nuits je pleurais.
J’étais marquée à vie physiquement et moralement, et je le suis encore.
Et à l’heure où tu parles seule comme une folle Sarah, tu es sur le point de mourir… un cancer s’est finalement déclarer… peut-être aurait-il mieux fait de m’emporter avant… oh, j’ai parait-il, de grandes chances de pouvoir être sauvée… Mais c’est avant que j’aurais eu besoin d’aide. Je me demande encore si je dois accepter d’être « sauvée »…
J’ai envie de laisser la maladie m’emporter, me détruire, après tout, cette chose qui grandit en moi est un poison bien plus doux que ce que chaque minute me fait endurer…
J’ai conscience que… que cela peut ressembler à un suicide… peut-être… je n’en sais rien, je ne sais plus… Je n’aime pas ce mot suicide, souvent j’y ai pensé… j’aimais beaucoup parler avec Jinsang de toutes ces choses qui nous étaient si étrangères, mais pas tant que ça maintenant … et comme l’a dit Patrick Maugein, "Le seul défaut du suicide, c'est qu'on tentera de l'expliquer par votre vie"…
Quand nous n’attendons plus rien de la vie… la mort n’est-elle pas la seule solution ? Souvent je me suis posée cette question… Beaucoup avancent que, se suicider, c’est fuir la vie, les problèmes, ne pas affronter, mais qu’en est-il lorsque la vie nous a déjà quitté… d’autres rétorqueraient toutes sortes d’arguments habituellement retrouvés dans ces débats souvent stériles : « Pensez aux autres… » « C’est lâche… »
Je n’ai plus personne… et même si j’essayais d’affronter mes « problèmes » pour quoi faire ?
Quand je marche dans la rue, je sens les regards de pitié mêlé de peur posés sur mon visage défiguré… j’entends chuchoter les gens, meurtrissant un peu plus mon cœur à chaque paroles ! Je n’ai pas besoin de pitié… j’ai besoin de vivre !
La vie est belle, tellement belle que beaucoup d’êtres humains en ont oublié sa valeur, se satisfont dans un bonheur qu’ils croient éternel.
Mais la vie peut aussi être une torture, le fait de pouvoir penser bouger et beaucoup de gens ne le comprennent pas, et beaucoup ne comprendrons pas si je décide de ne pas me soigner…
Je ne leur en veux pas... les gens ne comprennent pas ce qu’ils ne vivent pas, tout comme ce proverbe qui dit « je ne crois que ce que je vois », on ne peut comprendre que si nous subissons a notre tour…
J’étais insouciante et heureuse. Avant, moi non plus je ne comprenais pas, et aujourd’hui c’est mon tour, comme tant d’autres avant moi et comme beaucoup d’autres après… C’est vicieux.
L’homme grandit dans la souffrance, mais souffrir à un tel point n’est-ce pas démesuré, n’est-ce pas injuste ? N’est-ce pas atroce ?
« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort »… qui a dit ca… ? je ne m’en rappelle pas, mais il ne devait pas se douter que l’homme arriverait à un tel point de perfidie, d’égoïsme, qu’il en détruirait son propre monde à petit feu… l’homme est pourtant un être extraordinaire.
Quel paradoxe n’est-ce pas... tout cela est insensé ! Moi même j’ai du mal à comprendre…
Si seulement…. si seulement j’avais un moyen de retrouver une parcelle de bonheur, de reconstruire ma vie, de vivre vraiment sans cette ombre qui me suit constamment, quelque chose capable de me faire oublier, de faire renaitre ce feu en moi que j’avais jadis…
Mais comment voulez-vous, je ne me voile pas la face, la réalité est bien plus cynique et perfide… Plus aucune chose ne m’apporte ne serait-ce qu’un moment de joie, les aliments ont un gout de cendre et les caresses deviennent des griffures, même les souvenirs de ma petite Jade et de Jinsang sont noir et souillés…. Tout est amer.
Alors je me demande… la mort n’est-elle pas la seule solution… n’est-ce pas enfin le moyen de TOUT arrêter, j’ai besoin d’une pose, de rendre mon dernier souffle et de partir dans le néant. Je me fais l’effet d’un objet qui ne saurait pourquoi on lui a donné la vie… pourquoi vivre ? Un objet n’a pas besoin de vivre… oui je suis semblable à un corps animé mais vide de son âme, tel un zombie, marchant sans aucun but.
Qu’elle folie… qu’elle folle. Il faut vivre sa vie, tout simplement. Et d’ailleurs Sarah, à défaut de vivre ta vie, tu aurais pu t’offrir aux autres… je pensais pouvoir offrir un de mes organes, de mon sang, n’importe quoi, pouvoir apporter quelque chose, me dire que je ne suis pas inutile que je PEUX vivre, même a travers les autres…. Mais j’aurais du m’y attendre, mes organes sont inutilisables, souillés… tout est saccagé en moi et je ne sers plus à rien, vivante ou morte.
Des livres ont pourtant été écrit sur des horreurs telles que celle que j’ai vécue… par centaines, mais en lisant ces textes tout en buvant leur café, assis confortablement dans un canapé, les gens finiront par les poser, retourner à leur existence naïve, se voiler la face et continuer à se laisser bercer par ce flot gigantesque appelé vie…
Oui. Je vais me suicider. Mais tu sais Sarah que tu n’as aucune autre solution possible… Parfois, nous devons faire des choix... et même s’ils paraissent injustes, insensés, fous ils n’en sont pas moins logique, et à l’image de notre monde. Les gens qui débattent sur le suicide jugent, et je trouve insensé que l’on se permette de juger, sans savoir ou sans vraiment chercher à comprendre le pourquoi du comment avant de se braquer…
Quand je vois toute la vie qu’il me reste à accomplir, c’est encore pire… tant d’années de souffrance encore…
Non je ne peux plus continuer… et les souffrances que j’aurais à endurer à travers la maladie…seront les dernières…
Un long suicide |
1/5 |
15/06/2008 à 13:52 |
Argh, mais c'est presque GORE
Heu... J'aime bien mais sans plus. On a l'impression que tu parles lorsqu'on lit le texte.
EDIT: Jade c'est ma cousine
Un long suicide |
2/5 |
15/06/2008 à 13:55 |
pour tout dire, j'ai lu quelque passage, mais je trouve que c'est bien, j'aime
Un long suicide |
3/5 |
15/06/2008 à 13:58 |
Bin en fait, au départ c'est une écriture d'invention -_-
Le sujet c'était de commencer par quelque chose du genre "être ou ne pas être..." "aimer ou ne pas aimer..."
ce devait être un monologue, qu'importe l'époque, monologue donc y compri introduction et conclusion, sans témoin.
Donc j'ai du adapter un peu mon texte sous la forme d'une femme devenue a moitié folle qui se raconte sa propre histoire pour se libéré, faire le point, réfléchir a haute voix...
Oui c'est "gore" mais c'était pour rendre le texte poignant, en fait je me suis inspiré d'un témoignage de rescapé d'hiroshima justement, que nous avions lu l'année dernière dans un livre d'histoire, témoignage qui m'avait beaucoup toucher, et qui était lui aussi assez choquant...
Un long suicide |
4/5 |
15/06/2008 à 14:00 |
Je l'ai lu entier et j'ai bien aimer c'est vraiment pas mal du tout
Un long suicide |
5/5 |
17/06/2008 à 20:36 |
Peu de témérraires ^^