Ta Lucie qui t'aime (lettre) |
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24/10/2007 à 19:10 |
Sugar_Kissss a écrit :
Bon. c'est parceque Virgule l'a demandé hein . -_- Mdrr .. Comme j'lui ai dit, mettez ca sur le compte du jeune age que j'avais lors de l'ecriture 17 Novembre 1922.Très chère Roxane.Te souviens tu du jour ou je pris mon courage à deux mains, pour te demander en mariage ? Te souviens tu du premier jour après nos noces, de notre première aventure... Te souviens tu de cette agréable époque ?Ces belles années, hélas, se sont enfuies pour ne plus jamais revenir...Tout ce mal, que j'ai si longtemps gardé en moi, toute ces souffrances, dont je n'ai jamais osé parler, tambourinent sur les parois de mon cœur déjà meurtri par les horreurs de la guerre. Jamais, de toute ma vie, je n'avais vu ni imaginé d'images aussi choquantes que celles que je garde des tranchées. La boue était partout. Nos armes et nos corps étaient comme sculptés dans de la terre.Les légumes qui nous étaient apportés étaient froids, le pain recouvert d'une épaisse couche de poussière, et la viande rongée par les rats. Et quels rats ! Moi qui autrefois avais si peur de ces bêtes immondes, aujourd'hui, je me sens presque heureux lorsque j'aperçois une de nos petites souris de ville se promener sur un trottoir. Dans les tranchées, nous n'affrontions pas des rats, mais des monstres : ils étaient énormes, répugnants. Ils grouillaient sur les cadavres. Cruels, ils se bousculaient, se déchiraient pour un bout de nourriture. Inutile de te préciser le nombre de mes compagnons qui moururent ainsi contaminés par ces bestioles. Mais tout ça n'est qu'un échantillon de ce que nous avons enduré pendant ces quatre longues années de guerre. Nous enchaînions bataille sur bataille. Nuit blanche sur nuit blanche. Je n'avais pas fait un sourire depuis le jour ou je t'avais quittée. Je me souviens du samedi 24, cette journée qui restera à jamais gravée dans mes souvenirs. Moi et François, qui n'avions pas dormi depuis six jours, fûmes envoyés dès le matin en première rangée. Nous y combattions avec courage, lorsque soudain, je l'entendis.François. Il crie. Je me retourne, et le vois tomber. Sa chute est violente, mais il ne la sentira pas. Il a été touché. Oubliant toute peur, je me rue vers mon ami, et reste avec lui jusqu'à son dernier souffle. Cela aurait pu être moi. Je vois son sang couler le long de mon doigt. Je verse une larme, elle vient nettoyer sa joue. Puis, tout s'efface. Il ne reste désormais plus que lui, et moi. Pourquoi la guerre ? N'il y aurait donc pas une façon plus pacifique pour s'arranger ? La guerre. Toujours la même. Qu'apporte elle ? Trop peu de choses comparé au nombre de victimes. Je venais de perdre mon meilleur ami.Ma chère et douce Roxane, tu dois te demander pourquoi je ne reviens pas. Voila trois ans que la guerre est finie, et je n'ai toujours pas pu entendre le timbre chaud de ta voix. En veux tu la raison ? La honte. Cette guerre m'a handicapé, m'a défiguré. Je ne peux plus rentrer dans ton logis après ces longues années de mauvaises conditions d'hygiène. Les filles s'habitueront à mon absence, et toi, tu tâchera de trouver un bel homme, qui mérite ta beauté, ton intelligence, ton charme et ton amour. Pourtant, promet moi une chose. En dehors je suis vieux, j'ai été blessé par les coups de feu... Mais au fond de ma laide apparence, une partie de mon cœur a su rester pure. Cette fleur de sentiment, sublime, porte le nom d'« Amour ». Je te l'ai offerte, il y a des années. Je l'ai mise en ta garde. Ne la laisse jamais se faner.******************************************************Avec tout mon amour,*********************************************************Jean-Paul.