Mais maman elle est bête.(Brouillon)

Am Stram Gram

Mais maman elle est bête.(Brouillon)

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29/02/08 à 18:46

Ca se termine rapidement, ça laisse en plan, mais je préfère ne pas toucher à la fin pour l'instant. C'est une ébauche que j'ai retrouvé dans mes archives, je ne me souvenais même plus d'avoir écrit ça. Elle n'a rien d'extra, mais m'a faite sourire, étant donné que c'était inspiré de ma cousine et de ses grandes réflexions , bref... Bonne lecture.


- C'est qui qu'est amoureux de toi ?
- Personne.
- Les gens ils sont bêtes de pas aimer.
- Je sais pas.
- T'es amoureuse de qui toi ?
- Personne.
- T'es bête.
Mais c'est qu'elle me titille sérieusement les nerfs c'te mouflette. Ca te souffle d'un coup six bougies et ça y est, grands airs de Madame l'Expérimentée d'la Vie.
- J'ai faim.
- Moi aussi.
- Dis, pou'quoi ils t'aiment pas les garçons ?
- Je sais pas.
- T'es pas drôle. J'croyais que les adultes ils savaient tout.
- J'en suis pas un.
- Pourtant tu devrais tellement t'es belle, intelligente épitoussa.
C'est fou ce qu'elle peut se rattraper en un tour de bras. Quelques mots hypocrites, un regard bien tourné, une frimousse à croquer...
- Bon, j'ai compris : tu veux quoi ?
- Moi ? Heu... Une crêpe Nutella avec chantilly noix de coco et un milk-shake vanille et une sucette au Coca Cola.
- C'est tout ?
J'ai envie de lui chanter les pouilles. Je ne sais pas très bien ce qui m'en empêche. Elle abuse, mais c'est comme ça. Ça à ce côté intouchable et pure, les enfants, qu'on passe plus de temps à en vanter l'innocence qu'à les aider à s'en débarrasser, sans choc, progressivement.
C't'un piège à con, l'enfance dorée, confinée dans un cocon familial illusoirement idéalisé. Des parents qui s'aiment, quelques années, seulement. Pour finir en chambre à part, le père régressant à l'onanisme, la mère se contentant d'essorer sa peine dans de vieux draps nostalgiques.
- Après on va au jardin public.
- Hunhun, si j'veux d'abord.
- T'es méchante. J'ai donné rendez-vous à mon n'amoureux là-bas.
- Finis ta crêpe de luxe, et on verra.
Non, vraiment, j'peux pas lui en vouloir. Elle a l'air de s'en rendre compte. C'est énervant les gosses qui voient tout, qui comprennent tout et qui feignent la naïveté dès qu'on les prend la main dans l'sac à la dérobé.
Elle me dévore des yeux tout en dévorant sa crêpe. C'est fou ça, faudrait qu'elle m'explique comment elle réussit à finir avec de la crème fouettée dans les cheveux en les ayant attachés.
- Tu penses à quoi ?
- À rien.
- J'ai encore faim.
- J'ai plus un sous.
On quitte le salon de thé.
Elle part en éclaireur. Elle connait le chemin, je m'y attendais.
Je la suis, du regard. Elle s'arrête au coin d'une rue, s'assure qu'il n'y ait pas de voitures sur sa gauche, sa droite et puis sa gauche et puis sa droite. Elle traverse en clopinant puis s'adosse à une façade de maison. Je la rejoins. Elle glisse sa main potelée au creux de ma paume.
- Et toi, ton amoureux, il s'appelle comment ?
- Brice. Il est beau, c'est mon prince charmant. Même qu'il m'a offert une bague, comme les grands.
Elle sort de sa poche un bijou de pacotille.
- Hein qu'elle est jolie !
Je hoche la tête, prise au dépourvu. Elle est rose, en plastique, trois fois trop large pour ses petits doigts.
- Et quand il m'a donné ça il m'a fait un bisou là.
Elle tapote sa joue, avec un regard sidéré :
- Je lui ai dit que c'était un tout pitipeu sekssuel alors il m'a dit qu'il attendrait.
Je retiens un sourire.
- Tu crois qu'on pourra avoir des bébés ? J'ai pas envie moi, ça va tout me déformer mon bidon. Et quand z'ai demandé à maman comment qu'on les faisait pour les rentrer dedans le bidon, elle m'a dit qu'il fallait juste une pitite graine que le papa viendait planter.
Je souris.
- Mais maman elle est bête, un bébé c'est pas une plante verte...

© Noémie, Décembre 2007.

Am Stram Gram.