Le musée des animaux.

Au musée des animaux,
T'es beau.

Je te vois avec tes yeux tristes,
Tu existes.

T'es collé dans un coins du mur,
T'es poussiéreux comme des chaussures,
Tes voisins ne sont pas bien portants,
Avec leurs touffes de poils collants.

Derrière eux il y a la savane,
Des baobabs et des bananes,
Pintent en couleurs par le gardien,
En 1961.

Derrière la vitre aux traces de gras,
T'es là.

Tu regardes le ciel qui se lève,
En rêve.

Ta vie ressemble au cauchemar,
que je fais un peu tous les soirs,
où l'on m'arrache doucement les ongles,
comme on t'a enlevé à ta jungle.

J'entends les cries exotiques
De ces oiseaux criblés de tics,
Aux pattes mals accrochées aux branches,
Pour les visiteurs du dimanche.

Derrière tes cilles qui se balances,
Tu penses.

À tes petits laissés là-bas,
En bas.

Il parait qu'au fond dans les caves,
Il y a des centaines de cadavres,
Remplies de coton et de paille,
Debouts tenues par des ferrailles.

On nous fait croire que tu es vivant,
Ca fait rêver les petits enfants,
J'ai l'impression de voir pleurer,
Les billes que l'on t'a mis pour faire vrai.

Assis sur ton dos raillé,
Je m'y plais.

Tu galopes sur les chemins,
C'est bien.

Le vent fait flotter mes cheveux,
J'ai des images pleins les yeux,
De bonnes odeurs et des nuages,
De grandes étendues et des plages.

Ton corps brûlant me donne des ailes,
Je m'endors tout contre ton poil,
La tête ahurie d'étoiles.

Puis j'ai sentis bouger ton buste,
C'est juste.

Du mur j'ai vu ton corps sortir,
Sans rire.

On serait allez jusqu'au congo,
Mes jambes croisées sur ton dos,
Mais de cette vitrine tu t'es extrait,
Et des bouts de verres m'ont blessés.

Le gardien retrouvera demain,
Un homme étendu qui s'éteint,
Et sur le mur juste la trace,
D'un zèbre ayant laissé sa place.