Debat: Nicolas Sarkozy |
29/38 |
21/02/2006 à 01:51 |
Le 6 Novembre 2005, l’émission Arrêt sur Images diffusé sur France 5 revient sur les émeutes en banlieues. Christelle Ploquin, journaliste, retourne à Argenteuil pour retracer la visite de Nicolas Sarkozy, là où le fameux mot « racaille » a été prononcé. Voici ce qu’il ressort de son reportage où, dit-elle, elle est allée de surprise en surprise.
Morceaux choisis :
« Autre surprise, la visite du ministre ne s’est pas limitée aux affrontements et à la réunion au bureau de police, comme l’on résumé les JT, elle a continué, longuement, après la sortie du poste, comme l’explique le gardien de cet immeuble, aux premières loges :
« J’étais à mon balcon quand Mr Sarkozy est sorti du commissariat en bas là et qu’il a commencé à discuter avec les gens de ma tour. Il nous posait des questions au niveau de l’insécurité, depuis combien de temps on était sur Argenteuil et comment on se sentait à Argenteuil et plusieurs personnes lui ont répondu et moi quand il s’est aperçu que j’étais le gardien de l’immeuble il m’a demandé de descendre pour demander de discuter avec lui et on est allé discuter dans le hall. Ca a bien duré une demi heure trois quart d’heure facile parce que après il a rediscuté une bonne demi heure avec les jeunes sur le petit parc devant.
Un jeune témoigne : « Il y avait des gens à droite, des pères de famille, des enfants qui venaient avec le pyjama, le peignoir et tout, et donc les gens posaient leur question »
Deux autres jeunes « On était là, là, et Monsieur le ministre de l’Intérieur il allait partir avec sa voiture, la porte elle était ouverte, il y avait les gardes du corps autour, il allait rentrer, il disait quelques mots à la presse et nous on l’a interpellé : Mr Sarkozy vous venez au quartier et vous parlez pas avec nous. Après il nous a invité, « Bâ venez si vous voulez parler il n’y a pas de problèmes » et après il est venu vers nous on est venu vers lui et plus d’une demie heure on a discuté avec lui. […] Vraiment on été collés et ç’avait rien à voir avec ce qu’on a vu à la télé. C’était complètement différent. »
Le premier jeune : « Donc ils ont discuté sur pleins de points, sur les problèmes au niveau de l’emploi, du chômage etc … sur les problèmes des discriminations, sur les problèmes des infrastructures sociales qui étaient difficiles à monter. et sur plein d’autres choses »
La journaliste : « Pourtant, toutes les caméras ont filmé ces discussions mais aucune chaîne ne les a montrés. Une seule image cachée dans un reportage de TF1. »
« Dernière surprise à propos de la petite phrase de Sarkozy qui a fait tant parlé. A qui s’adresse t’il quand il parle de racaille et pourquoi utilise t’il ce vocabulaire ? »
Le jeune « Ba voilà, c’était à ce moment là, où il s’adresse à une habitante qui était par sa fenêtre, qui avait les volets encore fermés et qui laissait une toute petite ouverture pour pouvoir voir ce qui se passait. »
Le gardien de l’immeuble « Il y avait vraiment une discussion, et donc il a pris une dame qui habite au dessus avec qui il a discuté et c’est de là qu’il a sorti la phrase qu’il allait débarrasser de la racaille. Celle qui était au dessus de chez moi, c’est elle qui la sorti en premier le mot racaille et je pense que c’est pour ça que monsieur Sarkozy l’a repris. »
Françoise Laborde, découvrant le reportage sur le plateau, répond notamment, avec honnêteté : « C’est un parti pris pour le moins regrettable .Je ne sais pas il y a peut-être un parti pris anti-sarkozy à un moment donné sur cela ».
Notre conclusion :
Monsieur Sarkozy n’a donc fait que réemployer un motemployé par quelqu’un de cette cité. Face à la détresse de cette personne, devait t’il faire de la langue de bois, du politiquement correct et parler de « sauvageons» ?
De plus, il résulte de cet arrêt sur image, que, pour quelqu’un que l’on accuse de visites éclair, de non dialogue, Nicolas Sarkozy a pris le temps de largement discuter. Encore une fois un raccourci politicien mais que les médias appuient implicitement pour donner l’impression que Nicolas Sarkozy ne fait que des visites médiatiques.
Très clairement, Nicolas Sarkozy a été victime d’antisarkozysme primaire. Pourquoi ? Parce qu’il dérange, il parle vrai, et tente de moderniser la pratique de la vie politique. Simplement parce qu’il porte l’espoir de beaucoup de Français, certains, par tous les moyens, veulent le faire chuter, par calcul politicien en vue de 2007. Nous ne pouvons que regretter cela.
Enfin nous voudrions revenir sur le terme même de racaille:
Deux personnes se sont fait entendre parmi d’autres : Mr Azouz Begag, qui déclarait sur France 2, « il ne faut pas dire aux jeunes qu'ils sont des racailles », et Mr Malek Boutih, pour le PS, qui dénonçait une « stigmatisation » et « un langage guerrier ».
Loin de réactions naturelles, il s’agissait de politique politicienne, dans le seul but de s’attaquer à Nicolas Sarkozy, avec la seule idée de déstabilisation, à un moment où la classe politique devait être soudée.
Il convient donc de rappeler à ces deux personnes, si promptent à polémiquer, que toutes les deux avaient aussi employé le terme de « racaille », et ce, bien avant Nicolas Sarkozy, et parfois dans des termes plus crus.
Le 8 mai 2002, dans une tribune publiée dans le Monde, intitulée L’heure de la République Bigarré , M. Begag, qui n'était encore que sociologue, écrivait :
« Depuis plusieurs années déjà, on pouvait en entendre dans les quartiers clamer qu'ils allaient exprimer leur désespoir aux prochaines élections. Pour qui connaît un peu la sociologie des quartiers de banlieue, cette menace électorale n'est pas déconnectée d'une demande de sanction contre ceux qu'on nomme les racailles ou « cailleras » (en verlan), groupes de jeunes dont tout le monde a peur, qui conduisent des scooters, sans casque, roulent sur les trottoirs au mépris des piétons, ignorent royalement les feux de signalisation, comme ils récusent tout autre code de conduite sociale. »
Quant à Malek Boutih, dans le Monde du 13 juin 2002, le journaliste Patrice Claude en brossait un portrait, intitulé : Malek Boutih le « désillusionniste ». Il citait alors les propos de Boutih que voici :
« Les barbares des cités, il n'y a plus à tergiverser, il faut leur rentrer dedans, taper fort, les vaincre, reprendre le contrôle des territoires qui leur ont été abandonnés par des élus en mal de tranquillité. Et vite ! »
La police, « il faut la remettre au boulot. Le plus grand nombre de bavures n'est plus son fait, c'est la racaille qui tue le plus dans les cités ». « L'ennemi n'est pas le flic à 7 500 balles par mois, ce sont les petits Le Pen de banlieue, les petits dictateurs de quartier qui vendraient leur frère pour quelques billets »
« Aujourd’hui, soit on reprend le contrôle des cités, soit on bascule dans la grande délinquance »
Ces propos datent de 2002 et jamais un socialiste n’a accusé Malek Boutih d’avoir voulu stigmatiser les banlieues. Alors, deux poids, deux mesures ?
La classe politique avait elle alors réagis aussi vivement que contre Nicolas Sarkozy ? Le mot aurait il différentes significations en fonction de la personne qui le dit. Assurément non, tout cela dépend des calculs politiques. La France se meurt de trop de politiquement correct, de trop de calculs politiciens.
Nous terminerons finalement cet « enquête » par les propos de Nicolas Sarkozy :
« En aucun cas, dans mon esprit, je ne dis 'ce sont tous les jeunes'. Il n'y a aucun amalgame dans ce que j'ai dit. Ceux qui ont tiré à balles réelles à hauteur de tête sur les forces de l'ordre, ceux qui ont brûlé le bus où il y avait cette handicapée de 56 ans, ceux qui ont caillassé un bus pour mettre à l'hôpital un gosse de 18 mois... Quand je dis ce sont des voyous ou des racailles, je persiste et je signe, et en aucun cas dans mon esprit, ça veut dire tous les jeunes ».
« Quand j'ai parlé de 'racaille', on a compris que j'étais déterminé à débarrasser nos quartiers de minorités qui rendent la vie impossible à la majorité »
« J'aimerais bien que l'on vienne me dire bien en face, quelqu'un qui ose frapper un pompier, qui jette des pierres sur un pompier, qui balance du haut de la tour une machine à laver sur un pompier, on l'appelle comment ?Jeune homme ? Monsieur ? On l'appelle un voyou parce que c'est un voyou. Quand je dis il y a des racailles, eux-mêmes s'appellent comme cela. Arrêtez de les appeler des jeunes. » France2, A vous de juger, 10/11/05