J'étais une fille incomprise. Je faisais de mon mieux pour ne pas afficher ce sentiment que j'estimais moi-même comme l'un des combles de l'ingratitude, mais il fallait néanmoins rester lucide. On ne comprenait pas pourquoi je me couchais si tard le soir, pourquoi à deux heures du matin j'étais encore plantée devant mon ordinateur ; à cela, je ne trouvais qu'une réponse : « c'est important » ; et Maman me rétorquait toujours que cela pouvait attendre demain, qu'il était tard et qu'il fallait aller se coucher. Elle ne se rendait pas compte de la frustration que ses ordres pouvaient susciter en moi, moi qui inextricablement étais programmée pour écrire à la nuit tombée. Je voyais des idées, des mots, des phrases entières passer devant mes yeux comme la succession ininterrompue de négatifs photographiques ; je voyais, je sentais, je vivais des textes avant même de les écrire, et là, là, une voix obscure sortie de nulle-part venait me chuchoter au creux de l'oreille des enfantillages digne des pires scénarios jamais écrit : « Il faut aller se coucher, cela attendra demain ».
J'avais beau expliquer que « c'était important » et qu'il serait peut-être trop tard demain, que ce qui serait écrit ce soir ne serait peut-être jamais réécrit, que si ce n'était pas fait ce soir ça ne serait jamais fait de cette façon-là, je restais seule face mon inquiétude créatrice, incomprise, attristée même parfois de ne pas avoir vécue avec des poètes noctambules qui auraient de suite compris l'urgence et la précipitation qu'un tel besoin de création provoquait en moi.
La nuit était à la fois ma pire et ma meilleure amie. Elle était le calme après la tempête du quotidien, elle était mon repos après tant d'agitations insipides, mon navire des milles et unes nuits prête à m'emporter au plus profond de ma vie pour en faire jaillir l'inébranlable moelle et la plus délicieuse passion que j'eus connu à ce jour. Aucun bruit dans la cité, les lumières des phares et des réverbèrent n'étaient plus que souvenir du jour, seul l'éclat du vent et la douceur de la pénombre s'empressaient à ces festivités nocturnes et trop éphémères. Mes nuits étaient toujours en double teintes ; il y avait ces nuits passionnées, éveillées, où je voyais filer le temps à une vitesse impossible, avec pour seule motivation une urgence acharnée d'écrire, une envie, une folie, quelque chose qui vous prend par les tripes et qui ne vous lâche plus, un sentiment fort que l'on ne voudrait jamais voir disparaître, ce sentiment extraordinaire que le monde vous appartient, que votre vie est la chose la plus réussite que vous ayez pu produire, ce sentiment fabuleux qu'est la passion créatrice, et qui, au-delà de tout, vous donne des ailes pour aimer, pour exister, et pour vous envoler aux sommets de vos espoirs et de vos rêves les plus fous. Oui, à deux heures du matin, polissonne de ne pas obéir aux règles de la maison, je me sentie à plusieurs reprises vivre plus que tout, sans qu'un seul sourire ne se dessina sur mes lèvres, sans qu'un seul mouvement ne viennent brusquer mon silence. J'étais couchée ou assise de manière cambrée, positions habituelles des lassitudes, des inactions et des fatigues, et pourtant, pourtant, j'étais heureuse, et je vivais l'expérience du bonheur sans que celui-ci ne puisse jamais se deviner sur mon visage. Un bonheur si discret, si mystérieux, si imperceptible... cela pouvait-il exister vraiment ? Je riais, pleurais, gloussais, souriais, criais en moi-même, expérimentant des tonnes et des tonnes d'émotions sans que jamais celles-ci ne se devinent en me regardant. Je restais silencieuse, complice discrète de ma propre écriture, et je souriais parfois bêtement, seule au fin fond de mon lit, dans cette doucereuse amie que devenait la nuit. Et puis je voyais l'heure tourner, les minutes s'affoler... Une heure, deux heures... trois heures... Oh, Saints Dieux, s'il vous plaît, arrêtez-moi le temps, arrêtez-moi ce temps qui ne cesse de me voler les plus beaux instants de ma vie, arrêtez-le que je comprenne enfin ce que le mot « éternité » signifie. Polissonne d'Ariane, moi à qui les adultes ne cessaient inlassablement de répéter malicieusement « sois sage ! », je me sentais criminelle de ne pas m'atteler à la tâche tant respectée de tous les enfants sages, dormir la nuit. La raison finissait toujours pas me détourner de la passion (du moins en terme de noctambulisme, pour ne pas dire uniquement en terme de noctambulisme), et, blasphémant contre Chronos et tout autres dieux possibles et imaginables qui auraient pu être à l'origine de « tout cette tragédie », j'éteignais la lumière, pensant à ne pas trop penser mais pensant trop comme personne ne puis y penser, je fermais les yeux, toujours en colère et faisant le deuil de tant de mots morts à jamais, et m'endormais comme je le pouvais contre un savon maudit en pensant à toutes les grandes choses que cette merveilleuse vie avait à m'offrir.
Puis il y avait ces nuits de lutte contre le sommeil ; des pensées fulgurantes venaient foudroyer mon esprit, et je ne puis alors espérer autre fortune qu'un combat violent et sans merci contre des nuits d'hivers assommantes dans l'espoir de capturer quelques idées et de les faire glisser sur du papier blanc, remplaçant mes bons vieux post-it d'entant ; toujours douloureusement consciente que ce qui ne serait pas noté à cet instant serait perdu à jamais, au fin fond des abysses des mots morts, et qui sait s'ils ne reviendraient pas me hanter la veille pour ne pas les avoir sauvé. Il fallait rester éveillée coûte que coûte, tout écrire avec précision pour ne pas oublier. Mes yeux finissaient toujours malencontreusement par se fermer mais mon esprit restait éveillé, et tel un zombie sortant de sa tombe, il m'arrivait souvent de me lever brusquement en pleine nuit, d'allumer la lumière de ma lampe à lave, d'écrire un charabia incompréhensible sur ces mêmes feuilles blanches et de tenter de me rendormir avant que tout cette parade nocturne ne recommence à l'infini jusqu'à des heures parfois tardives. Je me sentais réglée comme un automate fou, un clown délirant au regard aussi halluciné que celui de Samuel Beckett ou de Salvador Dali, mais je me sentais bien. A défaut de m'épanouir avec une bande d'amis soudée et indestructible, je me noyais seule dans de douces divagations nocturnes, arpentant les couloirs bariolés de labyrinthes extraordinaires dans le dédale de la vie. A défaut de me perdre dans une infinité de désirs, je pris le parti irrévocable et définitif de me perdre dans un désir infini. Et cela me convenait très bien ainsi. Ou du moins le croyais-je...
Pas facile d'être seule quand il ne se déploie autour de nous que des clans unis « à la vie à la mort ». Je sentais bien que j'étais tiraillée entre un monde intérieur très développé et une introversion évidente au contact du monde extérieur, et qu'il me fallait faire un long chemin pour trouver un équilibre entre ses deux extrêmes. Je regardais souvent la vie des autres avec une certaine mélancolie. Je n'avais jamais connu ça. Les fêtes d'été entre amis, les soirées à outrance, les « je t'aime » à répétitions, les complicités de ces groupes « à la vie à la mort ». Rien de tout ça. Je marchais dans l'individuel, dans le « tête à tête » avec une seule personne, préférant l'unique complice aux regroupements de masses. Je crois que l'on ne se rend pas compte à quel point le clan « amis » peut être vital pour certains jeunes. C'est une deuxième famille, une première famille même pour certains. Il y a quelque chose de très précieux qui émane de ces « familles-amis », quelque chose d'assez extraordinaire quand on prend le temps de s'y pencher un peu. Je vois ces jeunes qui ne vivent que par leurs amis, qui ne trouvent leur bonheur qu'en passant du temps et en vivant des choses fortes avec eux. Évidemment que c'est quelque chose d'universel, et je crois même une des sources primordial de bonheur pour chacun de nous. Mais il y a quelque chose de beaucoup plus sacré chez les jeunes, une sacralisation totale des amis et du « groupe amis » qui est vraiment hallucinante, comme s'ils étaient les seules valeurs fiables dans un monde instable et dangereux, comme si leur vie entière dépendait des uns des autres. Il y a quelque chose de très fusionnel et qui se dissipe à l'âge adulte, je crois, pour beaucoup. Un sentiment d'amitié éternel, d'amour éternel qui ne s'éteindrait jamais. Pour certains, c'est cette optique-là qui se dessine, qui se lit en filigrane ; un sentiment qui semble très fort, très intense, partagé à 200 % et surtout éternel. J'aurais rêvé éprouver un sentiment pareil, partagé, pour au moins une seule personne. Oh, je l'eus souvent éprouvé, malgré moi, je crois bien... Mais qui m'eut jamais estimée à pareille valeur, avec une pareille complicité, une pareille croyance en la durée ? Une meilleure amie, un meilleur ami, un petit ami, peut-être est-ce de cela dont je rêvais silencieusement... Le témoin d'une vie, un repère éternel, une once de stabilité, de sûreté dans un monde cruel et sans merci, dans une vie soumise aux mouvements du monde ; ce quelqu'un pour qui je serais tout et à qui je donnerais tout.
Je trouve particulièrement touchant l'amour des filles entres-elles. Il y a quelque chose qui peut être profondément tendre et qui n'a rien à voir ni avec une amitié entre deux garçons, ni avec un amour ou une amitié entre une fille et un garçon. C'est indéfinissable, brillant de douceur, stupéfiant de sincérité, de désintéressement et de complicité. Il se dégage des amitiés très profondes entre les filles, et je crois que c'est facilement observable. Je ne parle pas de la simple amitié de deux amies, je parle de la fusion extraordinaire qui peut se révéler dans une amitié entre deux filles sans qu'aucune ambigüité ne s'installe. C'est inexplicable, mais cela se rapproche indubitablement d'un sentiment amoureux tout en restant un sentiment purement amical. Je ne pourrais pas détailler avec plus de précision, mais je trouve ça sublime et étincelant de grâce.
Et puis je crois que beaucoup d'autres jeunes gens vivent des rapports plus ou moins superficiels avec ce que j'appellerais des « clans d'amis ». Dans quel but ? Je ne sais pas trop. Monter les échelons sociaux ? S'empresser à la course aux honneurs ? Vaincre un vide existentiel trop pesant ? Etre « comme tout le monde » et ne pas être « has been » ? Sans doute un peu de tout cela.
« Has been »... Ô combien pouvais-je l'être avec mes discours scabreux sur Blaise Pascal, ma vie de rock-star de bac-à-sable et mes amours tumultueuses de lolita malhabile qui n'intéressaient personne. Je regrettais parfois de ne pas être comme ces « autres », de ne pas avoir moi aussi ma « bande de potes » où les amis de mes amis seraient mes amis, de ne pas avoir connue cette vie un peu dissolue tant prisée par les adolescents du XXI ème siècle. J'avais des amis, évidemment, ou plutôt des amies, de très proches et loyales amies que je considéraient comme les pépites d'or de mon existence, cinq comme les cinq doigts de la main, mais rien qui de près ou de loin ne pouvait ressembler à ces liesses communes, rien qui, de loin ou de près, ne faisait de moi une chef de gang respectée de toutes les tribus ou un membre de plus cajolé dans une famille de joyeux lurons. Je cultivais malgré moi une certaine opacité, une certaine inaccessibilité, me rendant totalement inapte à pénétrer dans les sphères si privés des groupes. Les groupes... n'est-ce pas justement ce que je fuyais par-dessus tout ? Encore une fois, mon cœur balançait entre deux mouvements contraires. Je me sentais peu à l'aise en groupe, et pourtant, je regrettais parfois de ne pas avoir connu cette assurance inébranlable, ce refuge confiant que j'idéalisais sans doute beaucoup trop, faute de ne pas en avoir fait l'expérience.
Cette non-appartenance à une « famille-amis » m'éloignait d'autant plus des autres, engraissant une certaine forme de mystère, ma discrétion et mon opacité, et posant parfois une distance un brin condescendante entre moi et les autres. Oui, inévitablement, inconsciemment, il y avait quelque chose qui parfois faisait ressentir en moi un certain sentiment de supériorité, un goût avant-gardiste d'une pseudo recherche élitiste, une certaine forme non désirée de revendication de ma possible « différence ». On notait chez moi une petite prétention innommable, le mot prétention serait déjà trop fort pour qualifier mes petites manies guindées et étudiées. On ne savait pas trop, et on ne cherchait pas à savoir. Je n'étais pas écrasante pour les autres, et c'était tout ce qui importait.
Et l'élite, dans tout ça ? Et moi, tout de même, n'étais-je quand même pas un peu plus « atypique » que les autres jeunes gens de mon âge ? Un peu plus « spéciale », « particulière », « différente » ? On m'avait tant bourrée le crâne avec mon « monde intérieur surdéveloppé » et mon « intelligence supérieure » que je finis par perdre tout discernement. Prétendre à la différence, voilà bien le comble de la prétention ! Car s'il est vrai que nous sommes « tous différents » (halte aux platitudes), ce ne serait pas fausse-modestie, je crois, que de prétendre que certains sont plus différents que d'autres. Et c'est là que nous en venons au cœur de la question : sommes-nous tous égaux en termes de valeur et de préciosité ? Peut-on juger la valeur d'une vie, d'une personne ? Est-ce que certains valent mieux que d'autres ? Est-ce que certains génies et talents déployés méritent plus d'honneurs que d'autres ? Est-ce que tout ce que je suis fait de moi quelqu'un de différent, et est-ce que cette différence, cette unicité, fait de moi quelqu'un d'exceptionnellement unique, et indubitablement de plus précieux ? A vrai dire, je trouve ça relativement pervers comme questionnement. Il fut un temps où je croyais dur comme fer appartenir à une sorte d'élite intellectuelle, humaine, spirituelle, artistique, tout ce que vous voulez, cette caste des artistes qui par l'art, et notamment par l'écriture et la pensée, arrivent à se rapprocher un peu plus d'une vérité impalpable, ces gens qui tout au long de leur vie se questionnent sur l'essentiel, sur l'essence même de leur existence avec beaucoup d'intelligence, de cœur, d'âme et d'humanité. Mettez dans cette « catégorie de personne » (quel terme pervers, une fois de plus), certains écrivains, philosophes, poètes, génies, artistes, globe-trotters et autres aventuriers des mondes qui nous abritent. Et longtemps je me suis donc dit que ces personnes-là étaient les personnes les plus respectables de la nation, et qu'elles formaient à elles seules une sorte d'élite pas accessible à tous. Et je m'interroge sur la perversité et l'injustice d'un tel raisonnement. Déjà, il est évidemment que personne n'a la même vision de la suprématie que pourrait avoir un « surhomme » ; personne n'a la même conception du surhomme, de l'homme parfait dans une existence extraordinairement parfaite. Si pour moi le surhomme est celui qui va se dépasser intellectuellement, il est évident que pour d'autre, le dépassement sera physique, psychique ou émotionnel. Mais je crois qu'on ne peut pas concevoir l'excellence de quelqu'un autrement que par son dépassement, quel qu'il soit. Pourtant, pourquoi le génie aurait-il plus de valeur que le simple père de famille qui n'a d'autres aspirations que de faire vivre sa famille ? Evidemment, on ne peut pas mettre tout le monde au même niveau, on ne peut pas mettre les mêmes sommets à tous, les mêmes échelles. En fait je crois que tout est dans la manière dont on vit personnellement les choses : vous pouvez être un génie intellectuel qui agit purement par intérêt, et au contraire un père de famille totalement désintéressé qui va tout donner pour sa famille avec une abnégation sublime. Et celui qui ne va pas chercher le dépassement, alors ? Celui qui vivra sur ses acquis, au jour le jour, dans la facilité et les divertissements insignifiants ? Peut-on lui prétendre la même préciosité que celui qui agira avec passion, foi et détermination ? Il est facile de dire que « tout est relatif », qu'on ne peut pas généraliser ni même avoir une vue d'ensemble, que certains génies ne connaissent rien aux choses du cœur et que certains altruistes ne connaissent rien aux choses de l'esprit, mais je crois tout de même – même s'il est vrai que rien en ce bas monde ne me semble enclin à trouver de l'harmonie – qu'une personne, aussi disharmonieuse soit-elle, possède néanmoins une profonde cohérence intrinsèque. Evidemment qu'on ne peut pas placer les gens dans des « catégories », mais ne peut-on pas deviner les grandes lignes de ce qui constitue un individu, et faire des rapprochements avec d'autres ?
Pour revenir à ce que je disais, je pense vraiment que le dépassement de soi est une caractéristique de l'excellence. C'est vague et vaste, évidemment, mais s'il existe des valeurs communes aux êtres humains en ce monde, naturelles et inviolables, je crois bien que c'est une des choses essentielles dans l'accomplissement humain. Un dépassement honnête et sincère, qui élève l'âme et non les technocraties. Et pourtant, à quels saints se vouer ? Pourquoi ce que je défends moi aurait-il une valeur universelle ? Pourquoi le cœur, l'esprit et le dépassement feraient de nous des personnes plus « accomplies » que ceux qui donnerait leur vie au mensonge, à la déloyauté ou encore à la stagnation ? Existe-t-il vraiment des valeurs communes au regard de tant de pluralités – culturelles, esthétiques, idéologiques, religieuses, populaires ? Pourquoi ceux qui défendent une vie criminelle ou vouée à une culture pauvre de l'intérieur n'auraient pas plus raison que nous ? Autrement dit : sans parler de morale, existe-t-il un demi-centimètre de stabilité, une minuscule vérité universelle qui placerait l'élévation de l'espèce humaine, en humanité, au-delà de tout ? Ou sommes-nous condamnés à errer dans une incompréhension affligeante, une instabilité grandissante, un paradoxe insoutenable ? A vrai dire, je ne sais pas. Nous n'avons de l'homme et du monde qu'une représentation, des mots arbitraires, une interprétation personnelle. Tout est invention de l'homme, à défaut, je crois, d'être création de Dieu. Le bien, le mal, l'élévateur, l'abaisseur, tout ceci n'est au fond que le résultat de l'imagination de l'espèce humaine. Nous prônons tous la paix, la liberté, l'égalité, mais au nom de quoi ? Au nom de quels principes stables et viables ? Et si moi je décide de croire que l'homme excelle par le dépassement de lui-même, que c'est du travail intellectuel et passionné que né le surhomme, sur quels fondements qui ne soient pas une interprétation personnelle d'un réel imaginé me base-je ? Pourquoi cela n'aurait-il pas plus de valeur que de dire que la paix et l'amour sont des valeurs universelles ? Qui en a décidé ainsi ? Un système humain qui n'était pas le même il y a 10 000 ans, 1000 ans, 100 ans ?
Mais ne nous perdons pas dans de sinistres tortures mentales. J'ai vite réalisé qu'on pouvait être un paysan qui ne lit pas et n'écrit pas, et connaître mieux que quiconque les choses du cœur et de la beauté du monde. Et ça, pour moi, ça a de la valeur. J'ai été refusée en hypokhâgne, ça ne veut pas dire pour autant que les élèves d'hypokhâgne vaudront mieux que moi en termes d'apprentissage. Je suis un peu différente des autres, c'est vrai, un peu « à part ». J'écris des choses qu'on ne trouve pas vraiment à tous les coins de rues, c'est vrai, et qui en disent long sur ma personnalité. Mais je ne vaux pas mieux que les autres. Certaines personnes sont touchées par ce que je suis, d'autres pas du tout. Au fond, je crois qu'universaliser la valeur des choses, et pire encore des personnes et des vies terrestres, est tout simplement impossible. Il n'y a pas de regard absolu, il n'y a que notre petit regard personnel. A quoi bon vouloir exister aux yeux du monde entier, quand on peut exister pour une seule et unique personne qui vous aimera pour ce que vous êtes ? Personne n'est ému par les mêmes qualités des uns et des autres. Mais je persiste et signe, les passionnés, à mes yeux, peut importe le domaine, sont les personnes les plus lumineuses de ce monde. Au fond, peut importe ce que vous faites. Attelez-vous simplement à briller de mille feux en accord avec ce que vous êtes, et sachez regarder la beauté des choses en ce monde... et des personnes. Et puis, regardez-vous. Peut-être n'êtes vous pas la personne la plus lumineuse, la plus belle, la plus parfaite aux yeux du monde, mais vous restez la radieuse étoile étincelante d'au moins cinq personnes sur cette Terre instable, éphémère et fugitive.
En fin de compte, c'est ce qui fait que chacun de nous a sa place dans ce monde. Chacun de nous, même les pires tyrans, peut être aimé et estimé avec le plus grand désintéressement qui puisse exister.
Rêveries nocturnes et autres divagations. |
1/4 |
22/11/2010 à 23:42 |
J'ai aimé le "début" (mazette, quel pavé, chapeau
). C'est un ressenti intéressant bien développé.
Je n'ai par contre pas aimé à partir de la réflexion sur l'élite/l'accomplissement, qui m'a ennuyé.
Toute la modestie, justifiée ou non, du monde, et toute la sympathie/l'amitié sincère ou "forcée" du monde ne changeront pas une chose: elle est toujours là, comme une amie ambigüe, à qui on se confie, mais qui reste souvent un peu distante, silencieuse. Toujours là, même si on l'oublie au détour d'une folie ou d'une bonne conversation. Toujours.
La solitude.
L'accepter c'est reprendre son souffle. Il n'y a pas de mal être différent, à avoir une vision et des objectifs différents, que sais-je... Il ne faut par contre pas s'attendre à être adulé ou compris par des millions de personnes, mais entre ça ou se perdre soi même...
J'ai développé la partie "négative" de mon ressenti, quel travers. Mais le temps passe.
Rêveries nocturnes et autres divagations. |
2/4 |
23/11/2010 à 00:39 |
J'ai beaucoup apprécié le style d'écriture, mais uniquement sur la première moitié du texte, car j'ai été frappé par quelque chose qui ressemble étrangement à un stéréotype.
Lorsque tu parles de "groupes d'amis", plus précisément quand tu affirme l'idée que "le clan « amis » peut être vital pour certains jeunes". Tu dis toi même ne pas participer à ce genre de chose effective, et tu te permets de donner une réflexion sur ce fait. Il y a un malaise, ou du moins ça m'a dérangé quand je l'ai lu.
Je ne suis pas un littéraire, je lis que très peu, mais j'aime lire, et après avoir dévoré de mes yeux ton introspection écrite, j'ai envie de réagir malgré ma stupidité. Oui j'ai été dérangé par tes propos sur ces jeunes qui sentent un besoin de faire parti d'un clan ou d'une sorte de groupe, car ce qu'on a vécu est surement très différent, et tu fais sortir à mes yeux cette idée comme si elle ne paraissait que générale voir extrêment présente, alors que ce n'est pas du tout l'idée générale que j'ai pu voir auprès de moi. Je veux bien concéder que cette idée existe, qu'il y a des gens comme cela, mais qu'elle soit si présente, et que ces jeunes trouvent ça vital ?
J'ai du mal à y croire, et ça me fait plus penser à un préjugé, mais je conçois que cela peut quand même exister, mais pas partout.
Quand j'observe autour de moi, je vois des gens en groupe. Je vois mes amis, qui eux chacuns sont un peu dans leur monde. Et dans leur monde il y a d'autres personnes qui ont eux même leur petit monde, et ainsi de suite.
Et chacun dans leur monde, ils forment autour de leur situation, des lieux habituels où ils vivent, des types de relations qu'ils ont avec d'autres personnes, ou qu'ils n'ont pas encore eu la chance d'avoir, un autre monde auxquels chacuns appartient, et chacuns réagiront d'une façon différente selon de quels petits mondes cette personne fait partit.
Un inconnu ? certains souriront et tendront leur main, d'autre resteront de marbre et réservé.
Un ami ? certains n'ont pas l'habitude d'en avoir, d'autres se jetteront dans leur bras, pour d'autres une poignée de main amical suffiront.
Mais comment savoir si pour certains personnes le besoin d'avoir une personne auprès de soi, en particulier un ami est plus forte que d'avoir un inconnu ou un membre de sa famille à sa place ? Et pour soi même ?
Et même si tu arriverais à définir pour toi même , est ce que tout le monde te ressemble et ressent la même chose malgré les différences des types de relations que l'on peut avoir ? je ne pense pas.
On peut faire sembler d'apprécier la compagnie d'une personne pour l'éviter ensuite et lui faire de la peine.
On peut aussi bien aimer une personne et faire croire qu'on ne l'aime pas.
On peut aussi bien montrer qu'on l'aime.
Au final les relations que l'on a avec d'autres sont très complexes, et son appartenance à un groupe ou non ne peut être qu'une façade pour disséminer son soi profond, et ses ressentit relationnels avec les autres personnes :
on peut être réserver et vouloir avoir des relations amicales avec certains personnes que l'on apprécie.
mais on peut aussi bien être extrêment à l'aise au milieu de personnes alors qu'on désire au plus profond de soi d'être seul avec sa propre conscience.
Rêveries nocturnes et autres divagations. |
3/4 |
23/11/2010 à 11:55 |
Bah en premier lieu, la même remarque que pour le texte précédent : il faut absolument plus aérer tes textes (parce qu'apparemment ce n'est pas propre qu'à un seul).
Ensuite j'ai relevé une faute choquante c'est "réverbèrent". Je me doute que c'est une faute d'inattention, mais celle-ci fait vraiment moche, donc faudrait la corriger.
mes bons vieux post-it d'entant
d'antan *
loyales amies que je considéraient
considérais*
Sinon concernant le texte, j'ai peu apprécié. Déjà j'aurais tendance à dire que tu en fais trop (même si pour touah ton style te paraît naturel, mouah il finit par me lasser).
Et c'est vrai que quand tu parles des "groupes d'amis" , tu te focalises plutôt sur un aspect alors qu'il y en a d'autres. Par là tu montres ton ignorance à ce sujet. Tu amènes aussi un thème récurrent à l'adolescence : le besoin de se singulariser. On passe tous plus ou moins par cette étape, à accorder de la valeur à des choses qui n'en ont pas et à croire qu'être différent est quelque chose de forcément plus estimable que quelqu'un qui n'a pas l'apparence de celui qui est "différent".
Pour moi tu traites de choses évidentes qui ne m'apportent rien de nouveau, du coup je ne suis pas très passionnée par le contenu de ton texte.
Rêveries nocturnes et autres divagations. |
4/4 |
25/11/2010 à 01:58 |
je crois qu'elle s'est sentie rejetée, elle est déjà désinscrite.