Salut, voici un pavé.
Le créateur.
Lorsque le Créateur avait banni ses deux humains du jardin d'Eden, il avait pensé s'en être débarrassé pour toujours. Pas qu'ils mourraient, non puisqu'ils avaient de quoi subsister, mais qu'il n'aurait plus à s'en soucier. Qu'ils se débrouilleraient, eux et leur satané libre-arbitre, pour procréer et pérenniser leur espèce tout seuls, là, en bas, sur Terre.
Déjà, il les avait envoyé hors de sa vue, sous les nuages. Il leur avait laissé la possibilité de contempler les étoiles, pour leur faire regretter cette immensité perdue. Que nenni. Les deux zouaves et leur descendance n'avait pas saisit l'intention, et s'émerveillaient devant ce spectacle nocturne supposé les narguer. Plus ils le voyaient et plus ils l'étudiaient, trouvant dans ses constellations des dieux et des déesses absurdes ainsi que des signes hors de propos, censés guider leurs destinées – ils n'en avaient pas, leur créateur les ayant congédié de son œuvre.
Le Créateur ne voulait rien savoir des pérégrinations de cette espèce mais son omniscience le rattrapait, à son grand désarroi.
Leur nombre croissait rapidement, et ils s'amassèrent bientôt en tribus, en cités, en villes, en métropoles. Leurs lumières, qu'ils avaient réussies à produire Dieu ne savait trop comment, concurrencèrent la Voie Lactée de façon bien moins harmonieuse. Lorsque l'on s'éloignait du cœur du jardin d'Eden vers les champs de fleurs planantes et qu'on pénétrait jusqu'à la lisière des vastes forêts broussailleuses, et qu'on se penchait un peu, c'était un spectacle bien minable auquel on assistait. Ils agissaient de plus en plus comme les possesseurs légitimes du monde, utilisant la nature et les êtres en dépit du bon-sens ; jouant de leur raison - don si précieux - sans la grâce ni la finesse qui lui sont pourtant intrinsèquement liées.
Il ne voulait plus s'impliquer dans les affaires des Hommes de la Terre. Il avait tenté de corriger leur trajectoire, il avait même donné naissance à un fils dont le rôle était de leur inspirer la sagesse, la mesure, et quelques autres notions qui leur semblait grandement nécessaire, mais ils l'avaient rejeté et crucifié, ces imbéciles.
Mais depuis peu, des grondements sourds se faisaient entendre de là-bas. Le Créateur, sans curiosité aucune ; soucieux seulement de parfaire sa connaissance omnisciente, quand il s'enquéra de la situation qui justifiait de telles nuisances, se trouva bien étonné de voir les humains se battre. Entre eux. Ils se menaient une guerre perpétuelle qui se mouvait à travers les continents avec un déséquilibre constant. Ils se frappaient sans répit, procédant à une gradation de gros et de fort, usant le grand en dépit du beau.
Plus qu'une erreur, c'était un gâchis affligeant, une nature morte en devenir. Le Créateur ne pouvait décemment laisser ce carnage continuer sans fin ni trêve. Il décida de troubler un peu l'histoire des hommes, dans la tentative – peut-être vaine, mais que perd-on à essayer ? - d'enrayer cet engrenage infructueux et macabre dans lequel l'espèce s'était engagée. Il concentra son agacement jusqu'à la fureur, s'en servit pour forcer les eaux et attiser les feux et du ciel et de la terre dans un désordre délibéré, similaire au schéma incohérent des assauts chaotiques orchestrés par les humains.
Faussement alarmés par les actes divins, les hommes se focalisèrent partiellement sur les événements mais sans cesser leurs habitudes auto-destructives. Cela n'avait au final pas eu d'impact notable. Dieu découvrit avec stupeur que bien que l'homme fût une créature avide d'apprendre et de connaitre, il demeurait incapable de se comprendre et d'interpréter ses rapports avec la vie, l'univers, et le reste. Ainsi il ne pouvait avoir de réaction d'aucune sorte face à ces tentatives de communication, même si elles étaient sensiblement faites du même langage.
C'était à en perdre la tête.
Alors le Créateur en eu tout simplement assez. Il s'était depuis fort longtemps résigné à laisser son œuvre inachevée à cause de l'imperfectibilité de cette espèce, mais elle se révélait en plus terriblement bruyante et nocive. Il avait besoin de calme, de s'évader un temps loin des hommes et revenir quand la Terre aura retrouvé une sérénité acceptable et une atmosphère censée. Ou quand l'homme l'aura quitté.
Il avait certaines connaissances parmi les créateurs de mondes à qui il pourrait rendre visite, et pourquoi ne pas échanger avec eux quelques idées et bons conseils sur la gestion d'une création originale. Parmi ses voisins se trouvaient quelques génies dont l'œuvre était remarquable, tel le Disque-Monde, ce monde perché sur quatre éléphants eux-mêmes juchés sur la grande tortue A'Tuin où la magie harmonisait un désordre pittoresque ; ou Ebora IV sur laquelle vivaient des humanoïdes lémuriens qu'un grand besoin de sommeil empêchait de conquérir la Galaxie ; ou encore la scintillante Algorode où le son puissant permettait la vie des êtres qui la peuplaient ...
Oui, le créateur allait quitter la mésaventure humaine et entamer un voyage grâce auquel il assistera aux plus grandes des merveilles.
Fin.
Le Créateur (nouvelle courte) |
1/9 |
22/03/2011 à 18:39 |
Il avait besoin de calme, de s'évader un temps loin des hommes et revenir quand la Terre aura retrouvé une sérénité acceptable et une atmosphère censée. Ou quand l'homme l'aura quitté.
C'est sensée et non pas censée. Et j'ai pas l'impression que les temps concordent dans cette phrase. J'aurais plutôt mis "l'aurait quitté" et c'est aussi valable pour cette phrase du coup :
Oui, le créateur allait quitter la mésaventure humaine et entamer un voyage grâce auquel il assistera aux plus grandes des merveilles.
assisterait.
Sinon c'est marrant comme thème mais on a un arrière goût de bâclage
Le Créateur (nouvelle courte) |
2/9 |
23/03/2011 à 16:25 |
Le "nouvelle courte" est ironique ? ^^
J'aime beaucoup le sujet puisqu'il rejoint un peu mon opinion sur les religions, du coup, le début m'a beaucoup plu. En revanche, je rejoins Frosties sur l'idée de bâclage de la fin, elle est un peu décevante et beaucoup trop rapide.
Si tu retravailles ce texte un jour, essaye de trouver une chute un peu plus imaginative.
Le Créateur (nouvelle courte) |
3/9 |
26/03/2011 à 13:58 |
j'aime beaucoup, c'est assez censé et ça peut faire réfléchir. la chûte, il est vrai, est peut être un peu rapide, mais d'un autre côté, elle nous permet d'imaginer beaucoup de suites possibles. donc bravo pour ta nouvelle !
Le Créateur (nouvelle courte) |
4/9 |
26/03/2011 à 14:23 |
J'aime.
Le Créateur (nouvelle courte) |
5/9 |
26/03/2011 à 16:48 |
J'ai lu un peu plus de la moitié du texte.
La forme :
Il y a quelques fautes, mais c'est lisible. Néanmoins certains mots d'un registre soutenu font un peu tache, on a l'impression que ce n'est pas dans ton naturel de les utiliser.
Le fond :
Je n'ai rien ressenti en lisant et ce texte ne m'a pas donné à réfléchir.
Ne te décourage pas, c'est en forgeant qu'on devient forgeron ^^
Le Créateur (nouvelle courte) |
6/9 |
19/04/2011 à 22:11 |
Walen a écrit :
Le "nouvelle courte" est ironique ? ^^
J'aime beaucoup le sujet puisqu'il rejoint un peu mon opinion sur les religions, du coup, le début m'a beaucoup plu. En revanche, je rejoins Frosties sur l'idée de bâclage de la fin, elle est un peu décevante et beaucoup trop rapide.
Si tu retravailles ce texte un jour, essaye de trouver une chute un peu plus imaginative.
Ben non, elle est courte x)
J'aime beaucoup ma chute. Il il y a des références à plusieurs écrivains (fantasy et SF).
Le Créateur (nouvelle courte) |
7/9 |
12/11/2011 à 16:41 |
En fait j'ai fais deux suites à ce texte. Donc Up.
Le Créateur (nouvelle courte) |
8/9 |
13/11/2011 à 17:22 |
J'ai souri à la référence de Terry Pratchett parce que je viens de terminer la Science du Disque-Monde, mais le texte en lui-même ne m'a pas beaucoup intéressée. En fait je n'en vois pas... l'utilité ? Pas dans le sens où il ne sert à rien, mais en gros ton histoire ça donne "Il était une fois Dieu", et pour que ça ait un intérêt il faudrait que ce soit plutôt "il était une fois Dieu qui... et qui...", tu vois ce que je veux dire ? Là à part une critique de l'homme qui s’arrête aux aspects les plus superficiels et les plus rebattus... je sors de cette lecture sans rien avoir appris ni ressenti.
Si j'ai bien aimé la phrase avec l'omniscience. Voilà, un point positif.
Et sinon je sais plus qui demandait si le terme de "courte nouvelle" était ironique... une nouvelle en moyenne c'est plus 20 pages word que 1,5, donc oui c'est une très courte nouvelle.
Le Créateur (nouvelle courte) |
9/9 |
19/11/2011 à 15:13 |
Ouais je vois ce que tu veux dire. à "Fin" on a envie de dire "ah ? C'est tout ?"
Je sais pas si les suites réussissent à parer cet effet =/ bon y'aurra au moins une vrai fin (pour une fois
)
En fait y'a un sens qui ne saute pas aux yeux (enfin je crois ; j'ai tilté qu'après) : la nécessité de fuir la société. Vrai fuite (bon dans ce cas là il fuit pas au sens propre, c'est Dieu quand même ; il se barre juste) et la fuite métaphorique par la lecture d'œuvres décalés.
M'enfin quasi tout mes textes ont ce sens là (le 1er) donc niveau originalité, j'peux m'assoir dessus.