Il était là, il était là comme tous les mois, comme toutes les semaines, comme tous les jours. Plus je l'observais et plus je lui trouvais quelque chose d'étrange. Pas dans son physique, non. Ni même dans son attitude. C'était plus diffus, plus évanescent. Une chose en lui me déplaisait, mais m'attirais irrémédiablement. Sans que je puisse m'en empècher, il se passait quelque chose en moi lorsque je le voyais allumer innocemment sa cigarette et en recracher les premières volutes de fumée. Quelque chose ne tournait pas rond.
Cela faisait maintenant quelques mois que je l'observais, que j'essayais de comprendre la mécanique de ses gestes. Il arrivait tôt, souvent avant même l'ouverture du troquet. Puis il s'asseyait, commandait un café, puis un autre. Fumant cigarette sur cigarette. Puis, souvent, il était rejoint par un groupe de personnes qui semblaient être ses amis. Il riait, parlait. Mais rien de ça ne me semblait naturel, plus je le voyais, et plus je constatais qu'il feignait ces éclats de rire, ces sourires ô combien magnifiques. Puis ses amis partaient. Parfois il les suivait, parfois il restait, commandant une ultime bière.
Mais aujourd'hui, ce sentiment d'étrangeté me semblait être à son paroxysme. J'étais à l'affut du moindre de ses mouvements, cherchant à déceler une invitation à le rejoindre, une faille pour le comprendre. Il ferma les yeux pour profiter d'un rayon de soleil passager. Sa peau d'une blancheur de neige, ses cheveux d'or blanc s'agitant au rythmes des bourrasques de vent, ses longues mains crispées sur ses genoux... Que m'arrivait-il? Pourquoi une telle obsession pour un inconnu?
Je n'étais pourtant pas le genre d'homme à me laisser devancer par l'irrationnel, par l'indécision et encore moins par l'obsession. Pourtant ce jeune homme était devenu mon quotidien. J'avais abandonné mes études, abandonné toutes les démarches administratives et le merdier financier dans lequel je me trouvais pour pouvoir passer mes journées assis à cette terrasse à observer celui qui me revenait sans cesse en tête.
Tout en lui m'évoquait la sensualité, mais aussi une souffrance extrême. Quand je rêvais de lui la nuit, je ne pouvais m'empêcher de voir son torse marmoréen, ses longues jambes, sa bouche si délicate... Mais à chaque fois que j'y repensais la vision qui s'imposait à ma psychée était beaucoup plus déplaisante. Visage creusé, chairs mutilées, jambes brisées, bouche ensanglantée, étirée en un sourire macabre. Pourquoi entretenai-je cette curiosité morbide? Cet être si attirant m'inspirait des visions d'horreur. Jamais je n'avais cru aux notions d'Eros et Thanatos. Pourtant plus je l'observais, et plus je me rendais compte qu'il incarnait à la perfection le désir et la destruction.
Et soudain il me regarda. Droit dans les yeux. Pour la première fois depuis trois mois il me regarda. Il me fixa longuement, alors que je me noyais dans l'infini de ses yeux verts. Je sentais en moi mon cœur battre à tout rompre, mes membres se vider de leur sang. Je fondis en larmes, tout comme lui au même instant. Je ne comprenais plus, je ne me comprenais plus, je ne voulais plus rien comprendre. Il me regardait dans les yeux, je soutenais son regard. J'étais lui, il était moi. Plus rien ne comptait plus à cet instant. Cela dura ce qui me sembla une éternité. Puis il se leva, jeta une pièce sur la table et s'enfuit, comme un courant d'air.
Ma vie venait de s'écrouler, pis que de ne m'avoir obsédé pendant des semaines, il m'avait abandonné. Abandonné à ma solitude, à la fadeur de ce qu'était mon quotidien quand il n'était pas dans ma vie. Ce que je venais de vivre me laissa au bord d'un gouffre sans fond, ou je me précipitai sans plus attendre. Je me levai, me dirigeai vers un endroit plus sombre. Les toilettes feraient l'affaire. Après la rencontre érotique, j'allais m'administrer l'ultime orgasme de ma vie, cette petite mort à qui j'allais enfin donner toute sa grandeur.
Sachet, poudre blanche, paille. Tout le sachet s'étale devant moi. Je prends une grande respiration. J'y vais. Qui que tu sois, me voilà. Je jouis, je trésaille, je convulse. Je me fracasse la tête contre le carrelage sale, me frappe les jambes contre les murs, me martelle la poitrine de mes poings, arrache mon t-shirt, troue ma peau de mes ongles, me mord la langue. Le temps s'arrête enfin. Je ne suis plus qu'un cadavre. Visage creusé, chairs mutilées, jambes brisées, bouche en sang, étirée en un sourire macabre...
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
1/9 |
17/11/2009 à 14:18 |
Pas mal. La fin est bidon par contre.
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
2/9 |
17/11/2009 à 14:25 |
J'aime beaucoup même si je ne saurai te dire pourquoi.
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
3/9 |
17/11/2009 à 14:27 |
Oula ... mdr cette histoire de fou o_o
non euh sincèrement tu essaie de placer des mots recherchés et ça ne colle pas a ton style "simplet".
Non, puis ce n'est pas mon genre de lecture. je n'aime pas trop (mais a vu pire >_
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
4/9 |
17/11/2009 à 15:44 |
Satchikow a écrit :
Oula ... mdr cette histoire de fou o_o
non euh sincèrement tu essaie de placer des mots recherchés et ça ne colle pas a ton style "simplet".
Non, puis ce n'est pas mon genre de lecture. je n'aime pas trop (mais a vu pire >_
Ah, c'est pas de ma faute si tu ne comprends pas mon vocabulaire
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
5/9 |
17/11/2009 à 17:03 |
Tu es un manque beau blond
J'aime bien.
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
6/9 |
25/11/2009 à 23:10 |
Un manque?
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
7/9 |
25/11/2009 à 23:11 |
Joli up.
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
8/9 |
26/11/2009 à 00:18 |
Il est
00:13, j'ai atterri sur ton topic, j'ai regardé la longueur du texte et me suis dis >. Cependant, rien qu'après avoir lu le premier paragraphe, j'étais simplement à fond dedans.
C'est vraiment captivant, bien écrit, le mystère évoqué est très intéressant.. Bref,
j'adore . J'ajouterais que contrairement à Samoth, j'aime beaucoup la fin. En particulier le fait que la dernière phrase soit reprise.
Reprise de service. [Nouvelle sans titre] |
9/9 |
26/11/2009 à 13:14 |
HOLD OUT a écrit :
Il est 00:13, j'ai atterri sur ton topic, j'ai regardé la longueur du texte et me suis dis >. Cependant, rien qu'après avoir lu le premier paragraphe, j'étais simplement à fond dedans.
C'est vraiment captivant, bien écrit, le mystère évoqué est très intéressant.. Bref, j'adore . J'ajouterais que contrairement à Samoth, j'aime beaucoup la fin. En particulier le fait que la dernière phrase soit reprise.
Merci.
Joli up Ouais je sais