Ceux qui vont nulle part

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18 ans ou plus

Pornograffitti   Ceux qui vont nulle part 4 16/04/14 à 20:13

Bonsoir à tous !
Je partage un court texte écrit récemment, il y a pas d'histoire en soi, juste pour le plaisir d'écrire, poser quelques mots et me laisser divaguer Smile
Bonne lecture Smile

Le capitaine, exténué, marchait lentement le long de la plage, luttant contre le vent. C'était un long chemin qu'il avait parcouru, et il lui était désagréable de marcher sur le sable, l'effort y est bien plus important car il faut bander son soléaire et travailler des reins pour s'extirper à chaque pas. C'est décourageant. C'est sûrement la même matière qui forme ces longs rivages et le cœur des hommes : sous vos pas ils marquent durement votre passage, l’exagérant en courbant une surface que vous n'avez pas complètement couverte, s'agrippent à vos chevilles, mais faites quelques pas et retournez-vous, vous n'y avez alors jamais existé.

Allez une dernière enjambée... Là. Il vit un goéland qui repliait gravement ses ailes pour mieux en sentir la pesanteur, comme l'homme ivre qui fixe l'horloge pour contenir son vin. Il y avait au large un maigre rocher qui affleurait des eaux, aux aspérités tranchantes comme le fil d'une épée ; dans cette étendue rythmée par la valse des vagues, un-deux-trois creux-crête-cambrure, brisant l'harmonie des choses, le danseur d'un autre tempo, il s'élevait comme un instant de mort, inamovible. C'était le gardien. Celui qui fend les proues, scinde le ressac et écorche les mains des naufragés, la stèle d'un cimetière où les morts ont plongé mais où les espérances flottent encore.

Si je prends les ailes de l'aube du jour, si je fais ma demeure au bout de la mer...

Plus loin s'élevaient les falaises de Donegal, modelées par les caresses de l'Océan. En novembre, c'était toujours la même chose : à la percée du jour la mer se faisait lac, et quand l'herbe cessait enfin de craquer sous vos pieds, la mince couche de givre finement déposé dans ses rainures s'étant liquéfié pour infiltrer la terre, les eaux se réveillaient et allaient cogner la terre dans toutes les directions, n'hésitant parfois même pas à contredire les vents et les courants.

Il reprit alors péniblement son chemin, poursuivant dans la continuité de son éphémère sillon. C'est ingrat le sable aussi, on pourrait y disperser de pleines poignées de graines et irriguer abondamment qu'on y récolterait que de la boue. La plage enfin s'arrêta net, cédant l'espace à une série de plans rocailleux formant un escalier au large giron, où, profitant des renforcements cosy à l'ombre des nez de marche, des lichens et des mousses spongieuses s'étaient logées à chaque degré, et y jouissaient d'une forte humidité pour s'y développer. Ravi de retrouver une surface répondant fermement à son pied, ne s'y pliant pas avec hypocrisie et n'accrochant pas désespérément ses mollets, il reprit de l'entrain, l'enthousiasme même de ceux qui bien décidés à se perdre, vont nulle part avec une détermination enviable.

Ceux qui vont nulle part 1/4 21/04/2014 à 09:15
Up
Zico 
Ceux qui vont nulle part 2/4 21/04/2014 à 12:46
Tu as copié sur Hugo ?

C'est classe.
frtt   
Ceux qui vont nulle part 3/4 21/04/2014 à 18:32
Waa *-*

J'adore comment c'est écrit ^^
Ceux qui vont nulle part 4/4 24/04/2014 à 21:24
Thanks a lot !
Je bosse sur la suite Smile
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