Palpitant de vie (nouvelle/texte)

Alhambra

Palpitant de vie (nouvelle/texte)

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16/04/08 à 22:14

[ Un petit texte, qui n'a pas un énorme intérêt, je vous l'accorde. Mais j'attends quand même des avis (constructifs ? ). ]


« Qu’est ce que j’ai fait de mal ? »
Il ne me regarde pas. Il continue à triturer sa fermeture éclaire, à jouer avec sa poche, à toucher ses cheveux. Il évite mon regard à tout prix.
« Je t’ai posé une question Louis. Qu’est ce que j’ai fait de mal ? »
A l’évidence il n’en peut plus. Il n’a qu’une seule envie, c’est de partir en courant sans me regarder, et d’oublier tout ça. Mais il n’en est même pas capable. Il est là, mou, inactif, à faire joujou avec tout ce qui s’approche de ses mains. Je suis amoureuse d’une loque, c’est d’un pathétique …
« Louis ! Tu sais très bien que je ne te lâcherai pas tant que je n’aurai pas ma réponse … Allez ! Tu as le droit de m’insulter, de me reprocher tout ce que tu veux, mais faut qu’il y ait un dialogue là ! Le silence est la pire insulte qui existe à mes yeux ! »
Il lève la tête à ces mots-là, son regard me défie. Je préfère ça.
« Et si c’était ça que je voulais, justement ?
-Quoi ?
-T’insulter de la manière qui sera pour toi la pire ? Ne plus t’écouter, ne plus te répondre, te laisser dans le doute.
-Pour moi, ça correspond à de l’inconsistance. Si tu me laisses dans le doute, c’est que toi-même, tu doutes. Assume un peu s’il te plait. Et respecte-moi. Et respecte-toi avec. Si tu as quelque chose à me reprocher, fais-le, plutôt que de rester là comme un mollusque.
-Ce ne sont que des mots Sophie. Inconsistance, mollusque, ça ne me fait pas peur, pas peur du tout. Toi, tu as peur, tu as peur de trop bien savoir ce que je te reproche. »
Je ne l’écoute plus. Je n’aime pas ces dialogues livresques, qui ne veulent rien dire, qui tournent autour du pot, qui hésitent, qui contournent, qui narguent … J’aimerais du franc-parler, j’aimerais … Je ne sais pas moi, j’aimerais de l’action. Je le coupe.
« Louis. Qu’est ce qui ne va pas ? Quel est le problème ? »
Et le voilà qui rebaisse la tête. Son si joli visage face au sol, ses deux mains qui caressent sa nuque, il est si beau, si vrai, si présent. Je ne comprends pas qu’on ne profite pas de ces moments-là. Ils vont nous passer sous le nez, et quand on regardera derrière nous, notre vie ne sera qu’une succession de « - Je t’aime. - Moi non plus. » à n’en plus finir. C’est tellement dommage. Je le vois, là, devant mes yeux, si jeune, si grand, si beau, si vrai. Un jour il ne sera plus aussi vrai que ça, je le sais, je me tue à le dire.
Je m’assois à côté de lui et d’un bras je l’enlace.
« Alors si tu ne veux pas le dire, on fait la paix, nan ?
-C’est trop facile !
-Mais Louis, faut savoir ce que tu veux à la fin ! Je ne vais pas t’attendre éternellement, j’ai la vie devant moi, et elle s’en va à grands pas. Je la vivrai ma vie, ok ? Avec ou sans toi. Et tu sais bien que je préférerais avec …
-Mais c’est ça ton problème Sophie. C’est ça ton vrai problème ! Je ne te reproche rien de précis, tu ne m’as pas trompé, tu ne m’as pas maltraité, je ne peux pas vraiment me plaindre, mais la vie est si difficile avec toi ! Tu veux toujours tout faire tout de suite, tu veux toujours profiter. Profiter, profiter, profiter, tu n’as que ce mot à la bouche, quand est-ce que ça va s’arrêter ? J’adore ta philosophie, et je suis même totalement d’accord, il faut profiter, c’est vrai. Mais on peut quand même prendre le temps de vivre, non ? Parce qu’à force de se dire « Zut, zut, je suis en train de rater ma vie », et ben on la rate sa vie !
-Je ne comprends pas … Qu’est ce que tu veux ?
-Je veux que les rares fois où je te parle du passé, du futur, je veux que tu arrêtes de me répondre de me focaliser sur le présent. Je suis bien d’accord que c’est le plus important, mais parfois, pour que le présent soit meilleur, il faut envisager l’avenir, il faut se baser sur les expériences du passé ! »
Je baisse la tête, je ne peux plus soutenir son regard. Il me fait mal, il est trop intense, trop vivant, j’aurais presque envie de l’arracher, de le blottir contre moi.
« Mais Louis … Tu es si vrai, si palpitant de vie. Et si on ratait ça ? Cette vie qui circule tellement fort dans nos veines …
-Crois-moi, on ne ratera pas ça si on se laisse vivre sans trop réfléchir à ce qu’on rate ! A vouloir rendre les choses meilleures, parfois on les rend pires. Fais-moi confiance Sophie. Je t’aime, tu m’aimes, et la vie est toujours dans nos veines. »
Il me prend dans ses bras, il m’enlace. Tout ça est si fort que j’ai presque déjà envie de m’en extraire pour pouvoir m’en souvenir.
« Je sais à quoi tu penses Sophie. Tu te demandes ce que tu verras quand tu seras allongée sur ton lit de mort. Je vais te le dire moi. Tu verras ces bons moments, ces bons moments que tu auras passés en profitant de la vie et sans te dire « wahou, je profite de la vie ! ». Et tu me remercieras en pensées. »
Je m’apprête à lui rétorquer qu’il ne faut pas penser à tout ça, que c’est loin, qu’il faut penser à nous, à maintenant. Mais un petit quelque chose me dit que ce n’est pas vraiment le moment idéal pour lui dire de vivre le moment présent. Alors à la place de tout ça, je l’embrasse.