Bonjour.
Je poste ma suite un peu à chaud. (suite de ce texte-ci : http://www.sortirensemble.com/texte-pantin-226206_1.html)
J'ai surtout besoin de savoir si la narration indirecte à la troisième personne fonctionne dans le texte, si ça tombe pas trop de nulle part. Avis très bienvenus, donc.
La sonnerie de mon gsm me réveilla en sursaut et la marionnette décrocha par réflexe, alors que je me sentais encore totalement endormie. J’avais les paupières lourdes, la bouche sèche et l’haleine acide.
- Allo, croassai-je.
A l’autre bout de la ligne, quelqu’un essaya, sans y parvenir, d’étouffer ses sanglots. Je m’assis sur mon lit et passai une main sur mon visage froissé, tentant de démêler les fils de ces dernières heures. J’étais rentrée chez moi précipitamment et m’étais claquemurée dans ma chambre, volets baissés, avec la ferme intention de dormir pendant le restant de mon dimanche. Dormir pour ne pas penser au fiasco Arthur.
Arthur ! Pendant une seconde vertigineuse, je crus que c’était lui qui pleurait au téléphone.
Heureusement, Luce réussit à ce moment-là à surmonter la montagne que représentait sa gorge serrée et murmura qu’il l’avait quittée.
- Attends, attends. Jonathan t’a quittée ? m’assurai-je, incrédule.
Sa voix dérapa sur son « oui » d’une manière qui aurait été comique si je ne la sentais pas aussi misérable.
- Mais pourquoi ? demandai-je avant de me rendre compte que j’aurais probablement du mal à saisir ce qu’elle m’expliquerait entre deux reniflements.
J’étais vêtue uniquement d’une culotte et me mis à frissonner une fois sortie de la chaleur de mes couvertures. Je me levai et commençai à ramasser les vêtements que j’avais éparpillé dans ma chambre.
- Laisse-moi le temps de m’habiller et j’arrive chez toi, d’accord ?
Je passai plus de deux heures avec Luce ce jour-là à l’écouter analyser chacun des mots et gestes de Jonathan jusqu’à en avoir mal à la tête, aux yeux et au cœur. Je la vit presser les faits dans tous les sens dans l’espoir qu’il en suinte une signification nouvelle, quelque chose qui pourrait l’éclairer.
A la fin, elle s’effondra et se mis à me pleurer dessus sans aucune retenue. Je me repassai en revue ce qu’elle m’avait raconté pour voir si moi, je ne pouvais pas y trouver quelque chose qui lui échappait. Je tentai de m’imaginer la scène, comme si j’étais quelque part avec eux, cachée derrière un rideau.
Le salon de Neil, tôt ce matin-là. Tout est calme, excepté pour un garçon qui s’habille dans un coin de la pièce. Le soleil se lève doucement derrière l’une des fenêtre. Le ciel est bleu ou gris.
Luce est réveillée par le bruit que fait Jonathan. Elle reste un instant allongée les yeux ouverts, tentant de se rappeler où elle se trouve. Elle est couchée sur un divan. Neil dort sur un autre fauteuil en face d’elle.
Jonathan a fini de s’habiller, il rassemble ses affaires. Luce m’a dit qu’elle avait déjà, à ce moment-là, l’intuition que quelque chose n’allait pas. Je la crois aisément. J’en ai déjà fait l’expérience : quand l’autre s’éloigne, on le sent.
Elle se lève en s’étirant et s’approche de lui. Elle est vêtue seulement d’un t-shirt trop grand que Neil lui a prêté et d’une petite culotte. Elle frissonne.
Jonathan lève la tête et l’aperçoit, mais ne dit rien. Elle veut se coller à lui pour se réchauffer et l’embrasser dans le cou mais il se dégage sèchement.
- Je trouve pas mes chaussettes, murmure-t-il. J’ai besoin de mes chaussettes.
La réplique est ridicule mais elle pétrifie Luce. Elle ne sait pas quoi dire.
Jonathan a une moue agacée et commence à sonder la pièce.
Luce va chercher sa couverture et s’enroule dedans, puis se perche sur une chaise et se met à l’observer en silence.
Elle se surprend à espérer qu’il ne trouve pas ses putains de chaussettes. Qu’il reste là à chercher jusqu’à ce que Neil se réveille. Le blond se lèverait avec son éternel sourire et elle se sentirait mieux. Il jouerait à l’hôte attentif et leur servirait un petit déjeuner. Il ferait la conversation, les ferait rire. Ça retarderait l’échéance.
Elle m’a raconté qu’elle aurait voulu qu’il y ait un moyen, n’importe lequel, pour désamorcer la bombe, éviter ce qui allait suivre. Quoi qu’on fasse, on ne peut s’empêcher de se raccrocher à cet espoir que tout ira bien pour quelques jours encore, qu’on pourra profiter de sa chaleur juste une fois de plus.
Inévitablement, Jonathan trouve ses chaussettes. Les yeux de Luce picotent.
Il s’approche d’elle et lui chuchote qu’il s’en va en évitant son regard. Elle m’a dit qu’elle regrette de ne pas l’avoir laisser partir à ce moment-là. Peut-être qu’il se serait calmé tout seul. Elle aurait pu rester chez Neil, et prendre son petit déjeuner avec nous, faire semblant de rien, se sentir bien un peu plus longtemps.
Mais elle sait, comme moi, que l’anticipation de la douleur, l’attente du choc et l’angoisse sont d’une certaine manière cent fois pire que la rupture elle-même.
- Attends, s’entend-elle répondre, je viens avec toi.
Non, non, non, dit son regard fuyant. Il voudrait juste qu’elle le laisse s’enfuir.
- T’es même pas habillée, je voudrais y aller vite, tente-t-il.
Le cœur de Luce bat douloureusement vite. Elle sait qu’elle ne se trompe pas.
- Explique-moi ce qui se passe, Jonathan.
Il regarde un point quelque part au-dessus de son épaule. Un mur se dresse là où autre fois elle n’avait pas connu de barrière. Elle ne peut plus le toucher, l’interdiction est palpable.
Elle insiste. Finissons-en.
- Je veux savoir. Explique-moi.
Il l’attrape par le poignet et l’entraine hors de la pièce.
Une fois dans le couloir, elle le voit fermer les yeux, prendre une grande inspiration, passer sa main dans ses cheveux bouclés, soupirer.
- Ecoute, Luce…
Elle tremble encore de froid et l’idée qu’il pense que c’est d’émotion la met mal à l’aise.
- Ecoute, j’en ai marre, dit-il d’un ton décidé. C’est tout, j’en ai marre. Je voudrais que ça s’arrête. J’ai le droit.
« J’ai le droit de rompre. » Brutal et vindicatif mais incontestable, et c’est pour ça que ça fait si mal.
- Tu veux qu’on arrête, qu’on rompe ?
- Ouais, voilà.
- Pourquoi ? demande Luce en durcissant sa voix de toute ses forces.
Jonathan se laisse tomber contre le mur et lève les yeux aux ciel.
- Tu ne peux pas partir sans me dire pourquoi, insista Luce. C’est cruel.
Un éclair de colère passe dans les yeux du garçon. Elle m’a raconté qu’un instant, elle a eu peur qu’il la frappe, tant il paraissait enragé. Elle m’a aussi raconté que, quelque part, elle aurait préféré ça, parce qu’elle aurait eu quelque chose à lui reprocher.
- C’est moi qui suis cruel ? crache-t-il.
Luce le voit la détailler, ses seins qu’on voit à travers son t-shirt, ses cuisses nues qui ont la chair de poule, ses cheveux blonds décoiffés. Elle a l’impression que son air vulnérable, loin de le radoucir, l’énervait encore plus.
Il ouvre la bouche mais n’ajoute rien. Luce se mord les lèvres. Le carrelage est glacial sous ses pieds nus. C’est fini.
Il ouvre la porte, sort et la referme derrière lui doucement.
J’aurais voulu qu’il la claque, m’a-t-elle confièe plus tard.
Elle semblait s’être endormie sur mon épaule et je n’osais plus trop bouger. J’étais toujours un peu éberluée qu’elle se confie à moi à ce point-là. Après tout, on ne se connaissait pas depuis tellement longtemps, elle n’avait pas d’autres amies plus proches à appeler ?
Trois autres réalisations s’imposèrent à moi.
Un, à l’instar de Luce, je ne comprenais pas grand chose à la colère de Jonathan. Deux, avec leur rupture et mon fiasco avec Arthur, les répétitions allaient devenir des évènements beaucoup moins agréables qu’avant. Trois, est-ce qu’Arthur avait raconté à quelqu’un ce qui s’était passé entre nous ? Si oui, est-ce que ça allait se répandre ?
Et comment diable est-ce que j’allais trouver le courage de me montrer à l’école le lendemain ?
[Texte] Pantin (suite) |
1/8 |
10/03/2010 à 18:13 |
C'est toujours aussi bien. La narration à la troisième personne fonctionne, même si j'aurais aimé une transition un peu plus claire.
[Texte] Pantin (suite) |
2/8 |
10/03/2010 à 19:13 |
Toujours aussi bien , j'adore .
Seulement quelques petites répétitions & le "putain" qui a un peu cassé l'ambiance dans laquelle j'étais .
J'accroche .
& J'ai remarqué le remplacement de boxer par culotte , en effet ça passe beaucoup mieux .
[Texte] Pantin (suite) |
3/8 |
11/03/2010 à 19:15 |
Merci de vos commentaires.
(Connor & Ducky : je n'ai pas remplacé le boxer par une culotte. Lilas est une fille donc elle porte une culotte, contrairement à Arthur qui lui arbore un boxer. Hu
)
[Texte] Pantin (suite) |
4/8 |
11/03/2010 à 23:33 |
Hmm. J'aime toujours autant, à l'instar des avis précédés. Je pense toutefois qu'un jeu avec l'italique aiderait à atténuer la rupture entre style direct et indirect. Du reste, je n'ai rien à ajouter, sinon deux / trois fautes ci et là, mais, minimes (hormis celle-ci ":Je la vit" qui m'a piqué les yeux XD)
ASG.
[Texte] Pantin (suite) |
5/8 |
12/03/2010 à 00:29 |
Callebaut a écrit :
Merci de vos commentaires.
(Connor & Ducky : je n'ai pas remplacé le boxer par une culotte. Lilas est une fille donc elle porte une culotte, contrairement à Arthur qui lui arbore un boxer. Hu )
Honte à moi
, j'ai du lire trop vite .
[Texte] Pantin (suite) |
6/8 |
12/03/2010 à 10:14 |
Connor & Ducky a écrit :
Callebaut a écrit :
Merci de vos commentaires.
(Connor & Ducky : je n'ai pas remplacé le boxer par une culotte. Lilas est une fille donc elle porte une culotte, contrairement à Arthur qui lui arbore un boxer. Hu )
Honte à moi , j'ai du lire trop vite .
Pas de problème
[Texte] Pantin (suite) |
7/8 |
12/03/2010 à 20:39 |
Je suis limite triste pour Luce quoi. J'aime bien ta narration, c'est pas habituel
[Texte] Pantin (suite) |
8/8 |
15/03/2010 à 22:40 |
Mon avis reste sensiblement le même que pour la partie précédente. Je n'ai rien à dire de spécial sur le style indirect, je trouve qu'il s'inscrit bien dans le texte. Non, mouah c'est surtout que j'adhère pas à l'histoire.