Il est parti (nouvelle)

Alhambra

Il est parti (nouvelle)

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15/10/07 à 19:14

[ Bon, je sais que la progression des choses peut paraître assez maladroite, mais je voulais faire vraiment comme si tout se passait dans les pensées de la narratrice. Voilà ]

Ce matin, je me suis éveillée, je me suis retournée dans le lit, et l’esprit encore embrouillé par des rêves, j’ai passé mon bras autour de lui. Autour de ce qui aurait dû être lui.
Mais j’ai entouré le vide.
J’ai regardé l’heure. 11h00. « Ok, je me suis encore réveillée trop tard, il est parti bosser. Le pauvre, je ne suis jamais là pour lui souhaiter une bonne journée ! »
Pas plus culpabilisée que ça, je me suis rendormie. Pour me réveiller aussitôt. « On est dimanche. »
J’ai réfléchi, le plus vite possible, est ce qu’il avait un projet spécial ce dimanche ? Un dossier en retard à rendre ? Une retrouvaille entre copains ? Une conférence, une réunion …
Rien, absolument rien.
Marc ne travaille jamais le dimanche, Marc n’a jamais de dossier à rendre, Marc n’a pas de copains à retrouver, il les voit toute la semaine, Marc ne fait pas de conférences, Marc n’assiste pas à des réunions le dimanche.
Et par dessus tout, Marc fait toujours la grasse matinée le dimanche. J’en étais sûre, on s’était même engueulés à propos de ça la veille.
« Merde. L’engueulade. »
Je me suis levée tant bien que mal, résolue à ne pas m’inquiéter avant d’être sûre que quelque chose se soit passé.
Je me suis dirigée vers le réfrigérateur, pour voir s’il ne m’avait pas laissé un mot …
J’ai trop vu de films, Marc ne quitte pas les gens par mot, il les quitte c’est tout. Par violence.
Je suis ensuite allée écouter les messages qu’il m’avait laissé. Sauf qu’il ne m’avait pas laissé de message. Rien. Pas un sms, pas un petit mot sur la table, pas d’appels en absence, rien. Absolument rien.
« Je dois m’inquiéter pour rien, si ça se trouve, ses affaires sont encore là. »
J’ai trouvé ses armoires vides. Prise d’un doute, je suis allée à la cuisine. Il avait aussi prit les assiettes. Elles viennent de sa grand-mère. Elles venaient de sa grand-mère.
J’ai composé son numéro. Son numéro, je le connais par cœur alors ça n’a pas pris trop de temps. Quand on aime quelqu’un comme j’aimais, comme j’aime Marc, on prend très vite certains réflexes.
« Allo ?
-Marc ?
-Ben oui, tu t’attendais à tomber sur le pape ?
-Je comprends pas …
-Il n’y a rien à comprendre, je me barre, c’est tout.
-Mais Marc, on ne part pas comme ça, d’un coup, sans raisons, après 3 ans de vie commune !
-Ben si, tu vois ! Et puis des raisons, j’en ai, je ne t’aime plus, depuis longtemps. Mais je m’en étais pas rendu compte, mais là, vu comment tu me soûles depuis des semaines, je pouvais pas le rater. Mon non-amour pour toi est énorme là tu vois … »
« Non-amour », c’est tout Marc ça, d’inventer des mots. Des mots faits pour blesser. Je n’ai même pas envie de repenser à cette conversation débile. Il est parti, il faudra que je m’y fasse.
Il faudra que je me mette en tête que nos dîners en tête à tête, nos séances de cuisine à deux, nos réveils ensemble, le sexe, tout ça, c’est fini.
Ses câlins le soir, quand j’allais mal, ses mots doux, ses caprices pour choisir un film, ses caprices pour le choix de la nourriture, ses caprices pour la destination de voyage. Ses caprices pour tout. Ses crises de nerfs, ses décisions sur un coup de tête, ses petits désirs.
Marc est, était une vraie femme. Capricieux, exigeants, maniaque.
Beau.
Drôle.
Génial.
Bon dieu, ce que j’aime cet homme …