Pascal et Beckett

Kate Fringe a écrit :
Attends là, elle attend quoi alors votre prof ?

Elle nous a donné des fragments des Pensées de Pascal et nous devons les illustrer en prenant des exemples de Fin de Partie.

Ouais, on peut expliquer au moins. C'est pas que Pascal sans explications c'est du Chinois mais.. (oui j'ai envie d'aider les gens ce soir)

Alors, je préviens d'avance, que j'ai juste lu Fin de Partie, et que les cours sur Pascal ne sont pas ce que j'ai le plus suivi on va dire. M'enfin, moi, c'que j'en dis.

Donc, je pense que le point principal à retenir est la réflexion autour de la condition de l'Homme, que ce soit chez l'un, ou chez l'autre. Les questions, comme la place de l'Homme dans le monde, ou encore le but de l'existence de ce-dernier sont abordées. Le mot "condition se retrouve d'ailleurs dès le fragment 23 des Pensées. D'ailleurs, dans ce fragment 23, on dit "Inconstance, Ennui, Inquiétude". On retrouve chez Beckett ces trois notions. L'ennui profond des personnages, qui introduit une réflexion sur la temporalité dans tout le livre, puisque Beckett pousse à l'extrême le principe de l'unité de temps au théâtre [En gros, on pourrait presque dire qu'on en est au même point à la fin qu'au début, un peu comme dans En attendant Godot], est probablement leur principal trait de caractère, ce qui permet d'expliquer le fragment 33 : Ils ne se divertissent pas, puisqu'ils ne font rien [On pousse encore à l'extrême l'unité d'action. Il se passe tellement une seule chose qu'il ne se passe plus rien].
On retrouve aussi l'inconstance, ou les "allées et venues" du fragment 25, dans cette pièce. Les deux personnages qui n'arrêtent pas de changer d'avis, voire de parler "pour ne rien dire" [Enfin, ils ne parlent pas pour ne rien dire, mais vous m'avez compris], ainsi que l'inquiétude, qui prend aussi une place assez conséquente dans Beckett. L'inquiétude quant à la mort, quant à l'avenir, qui reviennent souvent dans les dialogues entre Hamm et Clov [ "Si tu me quittes, comment le saurais-je", "Toute la maison pue le cadavre"] . On retrouve ça chez Pascal dans les fragments 43, où il parle de la propension de l'Homme à ne penser qu'à l'avenir ou au passé. Encore et toujours le jeu de la temporalité de Beckett, qui joue entre un avenir questionnés dans un présent presque immobile.
La question de la mort chez Pascal se retrouve dans les fragments 124 et 128. Pascal parle d'une mort à laquelle on refuse de penser dans un objectif de "confort", car, ne pouvant pas être immortel, l'homme en demeure malheureux d'être mortel. Beckett renverse ce principe en faisant parler ses personnages de la mort de manière vulgarisé. Le corps est faible, et tous les protagonistes sont handicapés, la maison "pue le cadavre", et la mort flotte partout autour, sans jamais atteindre aucun des personnages. A moins qu'elles les ait déjà atteint, qui sait ?

Aussi, il faut probablement parler du profond désespoir de tous les personnages de Beckett, qui illustre un peu le fragment 66. Pas de condition heureuse.
Ensuite, t'as le fragment 70 qui dit que le seul moyen que l'Homme trouve pour se sentir vivant, c'est de faire du tort aux autres, ce qu'on peut voir assez clairement chez Hamm, qui n'arrête pas de déranger Clov, ce-dernier ne se gênant pas pour faire des crasses à Hamm. [J'avoue que je me souviens plus trop quand, désolé]. Cependant, les personnages restent tous interdépendants, et ont besoin des autres pour vivre. Ils sont soumis, non seulement aux besoins de la vie, mais surtout aux besoin de Clov pour Hamm, des parents l'un pour l'autre, et de Hamm pour Clov. La situation explique donc les "qualités de l'Homme" de Pascal, à savoir le besoin et l'interdépendance, dont il parle au fragment 73.

Donc, au final, on remarque les questions que Pascal se posent, et les affirmations qu'il fait sur l'Homme et sa condition sont, dans une certaine mesure, assez bien retranscrite par Beckett, à travers cette pièce, et beaucoup de ses pièces d'ailleurs.

M'enfin, j'ai pas cité tous les fragments, parce qu'il y en a que j'aime carrément pas. Genre le 54 me fait grave chier, donc bon. Après, vous prenez ce que vous voulez là-dedans, sachant que ça n'a pas une prétention hyper forte. Puis, j'ai pas parler des questions de styles non plus, mais juste du fond. En plus, j'ai plutôt expliqué Beckett avec Pascal que l'inverse. M'enfin, en espérant que ça puisse vous être utile à tous les deux.
Ah, et j'ai carrément la flemme de me relire, alors vous excuserez mes fautes. [Ou non, c'est comme vous voulez.]

Bon courage. =)