Poupée givrée.

Quel âge avez-vous ?

Moins de 18 ans

18 ans ou plus

Alhambra   Poupée givrée. 24 03/12/08 à 15:12

[ Cela faisait longtemps que j'avais envie d'écrire un texte comme ça. Je ne sais pas vraiment ce que "comme ça" veut dire, mais en tout cas, pour ce texte je ne me suis posé aucune limite, aucune règle, j'ai écrit comme cela me venait. Je doute qu'il plaise à beaucoup de monde, mais vos avis sont tous bons à prendre. Smile ]

Elle lança en l’air un grand rire cristallin, la tête un peu penchée en arrière, et à chaque éclat de voix semblait tomber un diamant, chaque fois plus aigu, chaque fois plus brillant ; un ruisseau de perles coulait sur le sol. Mais c’était du faux. Du ressemblant, mais du faux. Du diamant en plastique, tout comme son bonheur était en carton, son rire maitrisé, et voulu. Elle riait pour plaire, et pour se faire remarquer. Tout comme elle portait, le premier soir où je l’ai vue, une rivière de diamants à son cou. Je ne sais pas s’ils étaient vrais, mais je sais qu’elle n’y prêtait pas plus d’attention qu’à moi ce soir-là, tout ça était un jeu, un grand jeu de désir et d’apparence.
Elle me regarda :
« Vous êtes si drôle ! »
Elle balança à nouveau sa crinière brune en arrière, rit encore plus fort. Mais en tombant, les perles s’éclatèrent sur le sol, et disparurent. Du faux, du faux, c’était du faux.
Son regard devint sévère, elle dit « Allons, qu’avez-vous ? », mais je ne décollai pas mes yeux de son visage ; je voulais la brûler le plus possible, lui faire comprendre que tout ça est un jeu, un grand jeu, et qu’elle finisse par m’avouer qui elle était, ce qu’elle aimait, ce qu’elle voulait. Vraiment.
Elle n’avoua rien ce soir-là, ni les autres soirs, et je ne sus jamais. Je ne connus d’elle que son corps, son corps plaqué or, ses bijoux, son grand rire, sa mondanité, et le petit cri aigu, ni voulu ni calculé, qu’elle poussait lors de l’orgasme. La seule chose tout à fait réelle et intacte que je connaissais d’elle. Je l’avais eue par le plaisir et la passion, moi qui toujours avais voulu l’avoir par le discours et l’affection.
Même quand je rentrais dans son lit, en elle, ma bouche sur la sienne, je sentais la fine couche qui me séparait d’elle et qui me séparerai d’elle à jamais. J’essayais de la percer, pour pouvoir la toucher, toucher ses souhaits et son essence, mais le plastique, toujours le plastique, la recouvrait, véritable poupée de cire impénétrable par la raison.
Parfois, elle avait l’air de se confier, elle disait « Vous savez, ça fait longtemps que je voulais vous en parler … », elle laissait un silence, pendant lequel j’espérais, fébrile, tremblant, pensant « ça y est, elle va me dire, je vais savoir ». Mais ce qu’elle disait n’avait pas d’intérêt, elle parlait de bijoux, de soirées, d’invitations, de dîners, de sa vie mondaine en somme !, qui m’intéressait pourtant si peu. Et je pensais « du faux, du faux, encore du faux. ». De l’apparence, de la séduction, du calcul. C’était un jeu, un grand jeu ; et je n’arrivais pas à me faire joueur, j’étais sur le banc de touche, refusé pour mon inadaptation à cette vie sans surprise, sans excès.
Je la retrouvais seulement le soir, dans l’alcôve rouge et noir, elle riait, elle parlait et au plus profond de la nuit je lui faisais pousser son petit cri aigu. Je n’écoutais rien de ce qu’elle disait, mais chaque fois, je perdais pied. Le cristal de son rire, le brun travaillé de ses cheveux, le jeu, le faux, le brillant et finalement le petit cri, seul instant de sincérité que nous partagions, m’éblouissaient. Et c’est pour ça sans doute, que malgré tout, je restais. Dans ce monde qui ne me concernait pas. Je restais pour m’enivrer et pour pouvoir, en rentrant chez moi les matins froids, givré jusque dans l’âme, me poser la grande énigme : Qui est-elle ?
Cela occupait le reste de mon temps.

Poupée givrée. 21/24 04/12/2008 à 21:18
Pannonica a écrit :
J'aime bien... sauf la dernière phrase


Oui voilà. Ca aurait dû s'arrêter sur "Qui est elle ?" pour fiir toujours dans le mystère tenu tout au long du texte.
Poupée givrée. 22/24 04/12/2008 à 21:22
Ahh, je vois que cette dernière phrase pose problème, pourtant moi vraiment, je l'aime bien.
C'est rare que je sois satisfaite de moi, aussi je dis ça en toute sincérité : je trouve qu'elle met une rupture dans le texte, pour finir sur un truc léger qui devient un peu sarcastique.
Mais c'est sûrement mal passé, quand on écrit un texte, on se rend sûrement moins compte du rendu final.

Merci beaucoup de ton avis Smile
Poupée givrée. 23/24 04/12/2008 à 21:31
Alhambra a écrit :
Ahh, je vois que cette dernière phrase pose problème, pourtant moi vraiment, je l'aime bien.
C'est rare que je sois satisfaite de moi, aussi je dis ça en toute sincérité : je trouve qu'elle met une rupture dans le texte, pour finir sur un truc léger qui devient un peu sarcastique.
Mais c'est sûrement mal passé, quand on écrit un texte, on se rend sûrement moins compte du rendu final.

Merci beaucoup de ton avis


Moi j'suis d'accord avec toi, j'adore la dernière phrase. Elle rend le texte un peu frustrant, je trouve, j'aime bien les textes frustrants Papillon
Poupée givrée. 24/24 04/12/2008 à 21:47
Oui le texte est pas mal, bien écrit et tout mais... Je viens de lire d'autres de tes écrits et je trouve que celui ci manque un peu de sentiment je trouve, il ne donne pas vraiment ce petit coup au coeur.
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