Jamais je ne pourrais m'y résoudre.(Nouvelle)

Lady_Schimaere

Jamais je ne pourrais m'y résoudre.(Nouvelle)

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24/10/07 à 22:42

Le 14 juillet 2083,
A "la Ville".



Mademoiselle Laélia,


Tu sais, hier, j'ai vu une femme dans la rue, elle ne devait pas avoir plus de 35 ans.
Elle se tenait debout, au milieu de la route, les yeux vers le ciel, la pluie ruisselant sur son visage.
A ses cris déchirants, j'ai sue alors qu'elle pleurait.

Je me suis alors demandée ce qui pouvait bien la faire pleurer.
Je me suis même demandée, ce que c'était qu'exactement que "pleurer".

Dans le monde d'aujourd'hui, nous ne pouvons plus pleurer.

Les "Eux", ont décrétés que la souffrance et les pleurs étaient inutiles et que nous devions donc les supprimer de notre vie, de notre quotidient.
J'ai 83 ans et cela fait près de 66 ans que cette loi a été instaurée.
Je n'ai jamais plus vu pleurer personne ormis ce jour-là.

Tu sais Laélia, quand j'ai eu 17 ans, la Loi en question est apparue.
Evidemment, personne n'en fût surpris. Le gouvernement des "Eux", avait tellement décrété de lois plus grotesques les unes que les autres, que celle-ci n'en était qu'une parmis tant d'autres.
Auparavant, soit, un an avant celle-ci, une loi qui visait à limiter les excès du rire avait fait son apparition.
En fait, nous ne devions rire qu'à des horaires précis, la nuit, cela nous était strictement interdits, le matin aussi. La journée, cela était toléré, mais de 16h à 19h, nous devions rire en silence.
Pourquoi ? Je n'en sais rien. Mais nous nous y sommes très bien accoutumés.

Tu te souviens Laélia, lorsque tu avais 8 ans, moi j'en avais alors 15, et en ce temps-là, c'était la guerre. La troisième guerre mondiale plus exactement.
Depuis, les choses ont évoluées. Toi, tu as quittée le pays à l'âge de 10 ans, alors tu ignores tout de cela.
Ton pays actuel, est libre.
Le mien est l'incarnation même de la Prison.

Lors de l'apparition de cette Loi visant à réguler le rire, je dois dire que j'ai eu du mal à m'y conformer.
J'ai eu droit à de nombreux avertissements. Jusqu'au jour où, naturellement, j'avais 17 ans, c'était donc de mon âge. J'avais légèrement poussée sur l'alcool.
Je me suis donc retrouvée à déambuler au coeur de la ville, en riant et en chantonnant à tue-tête.
Ce jour-là, je m'en souviendrais toute ma vie.
Deux hommes de la Milice m'ont saisie et m'on ammennée avec eux, jusqu'au poste de Milice le plus proche.

Etant mineure, (la majoritée étant à 23 ans), mes parents ont été convoqués.
Le regard de mon père, me hântera à jamais. Un regard de fureur, teinté de peine.
Un des Miliciens m'a alors ouvert la bouche de force, en me tenant fermement, tandis que l'autre, m'enfournait ses doigts jusqu'au fond de la gorge, jusqu'à m'en faire vomir. Et ils firent cela jusqu'à ce que le sang fasse son apparition, avec le "reste".
Là, j'ai sûe, que l'on ne plaisantais pas avec "Eux".

Notre quotidient en ce pays est alors devenu morne, triste, ennuyeux, déprimant.
Nous allions au travail qui nous avais été assigné par "Eux", car désormais "Eux", choisissaient la fonction que nous allions occuper et nous devions ensuite en obtenir le diplôme pour occuper cette fonction.
Nous n'avions pas le droit à l'erreur. Si nous échouions, nous repassions l'examen, tant et tant, jusqu'à obtenir enfin notre Diplôme.
Ha oui, il y avait du travail pour tout le monde, il n'y a pas à dire.
Toutefois, personne n'était satisfait de sa profession.

J'ai dis que le quotidient était triste, hé bien oui.
Mais là, la Loi dont je te parlais au début de ma lettre, a fait son apparition.
Il ne s'agissait plus de réguler, mais de supprimer.
Et là, ils supprimaient les pleurs, les larmes, les sanglots.

Depuis ce qu'il m'était arrivée au poste de Milice du XVI° arrondissement de la Ville, je n'ai plus jamais ressentie le besoin de transgresser les règles. Cela m'a fait mûrir très vite.

J'ai donc vécue 66 ans de plus, en effectuant mon travail de Responsable des Postes Informatisés, du secteur Q, de la Ville.
C'est là que j'ai rencontrée un Homme. Un Homme qui n'en valait aucun autre.
Il se faisait appeller Dante. Dante comme le personnage central de la Divine Comédie. Pourquoi ?
Parce qu'il prétendait qu'il en était la fidèle représentation.
J'ai vécue une idile avec cet homme, jusqu'à ce qu'il ne se fasse arrêter par la Milice.
Son crime ? Avoir insufflé l'espoir de Vie et de Bonheur aux habitants de la Ville.

Ho ça oui, il m'a re-appris toute notion de bonheur, d'amour, de libertée intérieure...
Même entre quatres murs, j'étais libre, du moment que j'étais avec Lui.
C'était un formiable Pirate Informatique dont la "passion" était d'insuffler toutes ses idées aux autres.
L'espoir, la vie, la libertée, le bonheur, l'amour, la tristesse. Tout.
Tout ce qui nous avais été pris, lui, il souhaitait nous le rendre.

Je l'ai rencontrée à l'âge de 35 ans. il faut croire qu'à cet âge-là, dans la société dans laquelle nous vivons, la crise-clée de notre vie se déclenche alors.
C'est pour cela que mon instinct me dit que cette femme dont je t'ai parlée au début, hé bien, elle devait avoir mon âge à ce moment-là.

J'ai vécue 3 ans avec lui. Après sa disparition, tout est redevenu comme avant. Le peu de sentiments qui avaient germés en moi et en certaines personnes, tout cela avait disparu.
Je n'ai jamais sûe ce qu'il était devenu.
Il me semble avoir vu à la télévision sur notre unique canal, que "le Che moderne allait être executé, pour tentative de renversement du pouvoir en place".
J'avoue ne pas y avoir fait tellement attention. Ici, tout le monde sait que les informations sont truquées. Mais reste à savoir si ce type d'information, lui, est bien truqué.

Tout cela pour te décrire ce à quoi tu as échappée.
Maintenant, une dernière chose, pour achever ma lettre.
Une nouvelle Loi est entrée en application hier.
Il a été convenu par le gouvernement des "Eux", que les personnes de plus de 70 ans, qui étaient donc en incapacitées de travailler, représentaient une lourde charge pour la société et l'économie du pays. Qu'il fallait donc, en d'autres termes, s'en "décharger".
J'ai donc 83 ans depuis deux jours, et demain, je vais achever mon existence. Ou plutôt, on va mettre un terme à mon existance.
Ce ne sont pas mes dieux qui en ont décidés ainsi, ni même Dame Nature, mais bien une assemblée d'humains, qui "eux" aussi, auront mon âge d'ici quelques années.
Tant pis. C'est ainsi. J'ai bien vécue, même si je n'ai pu goûter à tout ce que toi tu as vécue.
J'ai quand même goûtée à l'espoir, l'amour, la tristesse, le dégoût, la monotonie, la robotisation, la lobotomisation, et j'en passe.
J'ai même sûe ce que signifiais le mot liberté.

Laélia, sais-tu à quel point tu m'a manquée ?
Je ne sais si tu pourra lire cette lettre, en raison de la politique de contrôle des écrits informatiques et manuscrits, mais toutefois, je prends le risque de le faire.
Nous avons instaurés un mouvement de "résistance" à la suite de la disparition de Dante et de tous nos nouveaux espoirs. Je pense qu'il est toujours en fonction. Je ne sais trop exactement...

Comme tu peux le remarquer, je t'écris un 14 juillet. il y a des années, cette date avait une réelle importance dans nos vies. Aujourd'hui elle ne signifie plus rien, et n'existe plus qu'auprès des résistants.
Je dois t'avouer que même lorsque nous étions petites, celle date n'existait plus. Je l'ai connue, au travers d'un livre d'histoire des Anciens. Les générations précédentes. Un manuel d'apprentissage scolaire, qui est maintenant interdit, comme tant d'autres livres.
Hier encore il y a eu un autodafé sur la place de la préfecture.
Je m'interroge encore pour savoir si c'est cette atrocitée de plus, qui a fait prendre conscience de la gravitée de la situation, à cette dame qui pleurait publiquement ? Qui sait...

Ma chère et tendre Amie.
Depuis que j'ai découvert la signification réelle de ce mot, je peux l'employer sans crainte.
Je t'aime. Ne m'oublie pas et n'oublie jamais ce que je t'ai dit. Car, moi, l'oublier, jamais je ne pourrais m'y résoudre.







Milice de la zone Q, de la Ville; Lettre interceptée le 16 juillet 2083.
Notes: A été remise à l'Unité 3, par la Milice des Frontières, chargée du contrôle postal et commercial.
Lieu: Interceptée avant le passage de la frontière de la zone Q de la Ville.
Note supplémentaire: Contient des évennements importants relatifs à l'histoire de La Ville.
A conserver dans les archives nationales de la Ville.
Catégorie A. Important.